C’est une vidéo qui s’est taillée un franc succès sur les réseaux sociaux ces derniers jours.
On y voit des personnels de Guyane la 1ère -dont des journalistes en goguette- serrés dans un bus, verre à la main pour certains, d’autres se trémoussant.
Problème : en cette période de pandémie, pas un seul des participants à cette soirée festive ne porte le masque qui protège l’autre.
C’est à ce fait d’armes -qui aura donc connu son heure de gloire sur la toile- que la directrice régionale (1) de Guyane la 1ère, Muriel Barthélémi (qui y a remplacé depuis février son prédécesseur Gérard Guillaume discrètement débarqué en début d’année) a fait clairement allusion au cours d’une inhabituelle intervention en direct sur le plateau du journal télé, mardi soir.
C’est la présentatrice de ce journal, Leila Chérubin-Jeannette qui lance alors l’intervention de sa directrice après avoir indiqué : «les programmes de Guyane la 1ère sont quelque peu bousculés après la découverte de plusieurs cas confirmés de coronavirus et une suspicion de cluster au sein de la station. La direction a décidé d’être totalement transparente sur ce qu’il se passe à Guyane (la) 1ère».
«Alors cluster ou pas cluster ? », demande dans la foulée la présentatrice du journal à sa directrice : « Alors cluster, répond Muriel Barthélémi lisant un texte préparé, puisque dès lors que plusieurs cas sont détectés sur une période très courte dans un même lieu, on parle déjà de cluster».
«Nous avons aujourd’hui au sein de la station trois cas de Covid parmi les collaborateurs qui se portent bien heureusement et n’ont pas eu de complications», explique alors la directrice régionale.
«Mais depuis hier (lundi 29 mars, ndlr) nous avons été en lien avec l’ARS, nous avons organisé un dépistage le plus large possible des salariés. En tout cas, tous ceux qui étaient en contact professionnel ou privé avec ces (trois) collaborateurs. Et nous étions particulièrement alertés d’ailleurs sur une sortie festive dont nous avions eu connaissance et qui était organisée à titre privée par une partie de nos collaborateurs. Et nous les avons donc isolés et nous les avons invités à se faire dépister.» poursuit alors Mme Barthélémi.
«Il se trouve qu’on en sait un peu plus dorénavant, poursuit la directrice régionale. Il se trouve que les résultats qui nous sont actuellement parvenus de ces salariés justement qui sont allés à cette fête (…) sont tous négatifs . Nous avons reçu plus de 20 résultats sur la trentaine de collaborateurs qui participaient : tous négatifs. Donc pas de commentaires supplémentaires à faire sur ce sujet là.»
«Je rappelle que c’est à titre privé que cette soirée a eu lieu (nous avons demandé un éclaircissement sur ce point à la directrice régionale, pour l’heure sans réponse voir email sous cet article, ndlr). Ce n’est pas le rôle d’une direction que de commenter la vie privée, d’autres s’en chargeront» glisse alors Muriel Barthélémi arborant un sourire pincé.
«Ce n’est pas mon rôle non plus de commenter les comportements hors les murs des collaborateurs, poursuit-elle. Néanmoins c’est ma responsabilité d’alerter, c’est ma responsabilité de protéger et de prendre des mesures conservatoires pour la vie professionnelle et pour le collectif qui a quand même une responsabilité de service public. Nous avons préservé tous les rendez-vous d’information. Nous avons isolé tous les cas contacts. Et nous aurons des programmes encore impactés (jusqu’à) la fin de la semaine».
Des propos qui font fulminer cet ancien responsable d’un syndicat d’enseignants aujourd’hui à la retraite : «cette intervention de la directrice de Guyane 1ère m’a atterré, notamment le fait qu’elle estime n’avoir rien à dire sur les comportements hors les murs. Les personnels de Guyane la 1ère sont assimilés fonctionnaires. Il y a une déontologie, ils ont des droits et des devoirs. C’est absolument dément que dans cette vidéo qui circule de cette fête sans masque l’on puisse y voir des journalistes (…) qui expliquent habituellement la nécessité des gestes barrières (…). Faites ce que je dis, pas ce que je fais (…) ça m’a renversé (…) Que disent le préfet (2), le procureur de toutes ces fêtes sans port du masque en Guyane ! ?».
Une journaliste de Guyane la 1ère, présente à cette fête, expliquant mercredi soir : «Cela fait un an de COVID, un an que certains collègues ne se croisent plus du tout. Nous venons juste travailler avec les contraintes liées à l’épidémie et aux règles de l’entreprise. Un collègue a profité d’une occasion particulière dans sa vie privée et a eu envie de proposer un City tour en bus, hors travail pour une trentaine de personnes des différents services.»
«La Guyane est le seul territoire de France à être en vert, les chiffres étaient bas», poursuit-elle.
Sauf que Guyaweb signale depuis trois semaines (documents de santé internes à l’appui) que les taux de positifs remontent dans l’île de Cayenne (Rémire, Matoury, Cayenne) et que l’augmentation du nombre de cas de variants préoccupants le devient (voir cet article ou celui-ci, antérieurement).
Sur quatre décès Covid en trois jours entre samedi 27 et mardi 30 mars, il y a eu une femme de 49 ans, un homme de 52 ans et Pierre Rey dit Kiko, l’opérateur minier, 54 ans. Et que la quatrième victime du Covid en ce laps de temps est la mère de ce dernier, décédée samedi dernier à 74 ans.
Il y a quelques semaines, lors d’une émission en direct dédiée au Covid sur Guyane la 1ère télé à partir de 20 heures (sans le moindre invité du monde médical), Zadkiel Saint-Orice du collectif des Grands Frères, sans être le moins du monde contredit ou repris par la présentatrice de l’émission, la journaliste Leila Cherubin Jeannette, a décrété que la Guyane était déjà dans «l’après-Covid» (!).
«Franchement, si vous faites la somme de tous nos reportages et émissions, vous vous rendrez compte que nous sommes -et de loin- largement promoteurs des gestes barrières. Après ce soir-là, que Saint-Orice aurait dû être soumis à la contradiction, c’est une évidence», analyse un personnel du média public, interpellé sur cette émission.
Pour en revenir à ce périple festif en bus sans masque, notre témoin journaliste, participante aux réjouissances, poursuit :
«Nous étions très contents à l’idée d’être ensemble dans un esprit « amical » et complètement hors contexte professionnel. J’avoue que nous avons oublié quelques heures l’épidémie. Avec le recul, nous aurions dû porter un masque et on ne m’y reprendra plus ni moi, ni je pense mes collègues.
La bonne nouvelle est que personne n’a été testé positif à cause de cette sortie bus.»
Dont acte.
Plus nuancée sur la question que l’auteur de ces lignes, une collaboratrice de Guyaweb confie : «Il m’est déjà arrivé de participer à une soirée entre amis en petit comité pour une occasion spéciale comme un anniversaire. Le lien social doit être maintenu tout en se protégeant a minima. »
FF
(1) Ci-dessous l’email de questions adressé ce jeudi à la directrice régionale de Guyane la 1ère sur cette affaire après une tentative de contact en début de semaine
(2) Interrogé depuis 2 mois sur le présumé contrôle des fêtes guyanaises en période de pandémie, le service communication du préfet n’a pas répondu à ce jour.
Photo de Une : capture d’écran de la vidéo des festivités sans masque de personnels de Guyane la 1ère qui circule sur les réseaux sociaux et s’avère notamment reprise sur le mur Facebook Content pas Content en Guyane créé par l’écrivaine locale et cadre de la mairie de Cayenne Françoise Loe-Mie.
2 commentaires
Oui c est humain..moi ce que je comprends pas c est cette manie de se filmer et poster le film sur les reseaux sociaux…personne n en aurait rien su..
Quand on est c….. On est c……. Les amis et familles de ces personnes sont informés, et c est bien !