Alors que le gouvernement prévoit dans le projet de loi de finances de 2025 d’augmenter les taxes sur les billets d’avion, Air France- KLM a d’ores et déjà anticipé cette hausse de la taxation non-encore votée et l’a répercutée sur les prix de ses billets d’avions. Une décision qui ne passe pas auprès d’une quinzaine de députés ultramarins de gauche qui en appellent au PDG d’Air France et au ministre chargé des Transports pour exonérer les territoires d’Outre-mer de cette taxe.
Pas encore adoptée, mais déjà répercutée. La compagnie Air France-KLM, qui relie notamment Paris à Cayenne, a d’ores et déjà reflété dans le prix de ses billets la potentielle hausse de la taxe de solidarité sur les billets d’avion (TSBA) voulue par le gouvernement dans son projet de loi de finances (PLF) 2025 d’austérité. L’augmentation de cette taxe devrait entrer en vigueur à compter du 1er janvier 2025, pour tout voyage au départ de la France, une fois le PLF adopté.
Air France l’a annoncé il y a 4 jours par communiqué et justifie cette répercussion par le fait qu’elle devra verser à l’Etat le produit de cette taxe à compter du 1er janvier, que les montants aient été collectés ou non au préalable auprès de ses clients. Or, selon l’entreprise, « devoir verser à l’État français une taxe non collectée représenterait une perte de plusieurs dizaines de millions d’euros » pour ses caisses.
Afin d’éviter cette situation, « le Groupe Air France-KLM a décidé le 24 octobre 2024 de répercuter par anticipation cette hausse sur les billets vendus pour des voyages à compter du 1er janvier 2025, et ce sans attendre l’adoption définitive du projet de loi de finances« .
Le barème utilisé est celui figurant dans l’amendement déposé par le gouvernement dans le cadre du PLF 2025. En cas de modification du barème, d’abandon ou de rejet de l’amendement, les compagnies du groupe s’engagent à procéder à une régularisation pour que « le montant collecté soit égal au montant effectivement dû au titre de la TSBA« .
Ainsi, pour les vols domestiques (y compris DOM) et les vols intra-Union européenne, le montant collecté au titre de la taxe de solidarité sur les billets d’avion est passé de 2,63€ à 9,5€ pour les cabines Economy et Premium et de 20,27€ à 30€ pour la cabine Business. Pour l’ensemble des vols au-delà de 5500 km, notamment à destination de la Guyane, le montant collecté est passé de 7,51€ à 40€ pour les cabines Economy et Premium et de 63,07€ à 120 € pour les cabines Business et La Première. De quoi faire bondir les prix de billets déjà élevés.
Exonérer les territoires ultramarins
Remontés par cette annonce, une quinzaine de députés ultramarins issus de différents groupes politiques de gauche (NFP, PS, LFI) ont fait savoir leur mécontentement par voie de communiqué, lundi 4 novembre.
Dans ce texte commun signé notamment par les deux députés de Guyane, Jean-Victor Castor et Davy Rimane, ce dernier étant par ailleurs président de la délégation aux Outre-mer à l’Assemblée nationale, les élus ultramarins dénoncent une décision « qui frapperait injustement nos territoires, dont les populations ont déjà de grandes difficultés à exercer leur droit légitime à la mobilité« .
Ils réaffirment par ailleurs leur opposition au projet du gouvernement et leur volonté « de voir les Outre-mer exonérés de cette hausse » sur la fiscalité aérienne. « Tandis que la vie chère est une préoccupation majeure de nos populations, qui fait actuellement l’objet d’une contestation d’ampleur aux Antilles, cette mesure et ce calendrier viennent encore davantage affecter un pouvoir d’achat déjà largement souffreteux » argumentent les députés qui ont saisi de cette problématique le PDG d’Air France-KLM, Benjamin Smith, ainsi que le ministre chargé des Transports, François Durovray.
« Si le gouvernement a effectivement prévu d’augmenter les taxes sur le secteur aérien, il ne dispose pas à ce moment de majorité dans l’hémicycle pour le voter » estiment par ailleurs les députés. En a-t-il vraiment besoin avec une arme comme le 49.3 ?
Photo de Une : sans attendre l’adoption du projet de loi de finances 2025, la compagnie Air France a d’ores et déjà répercuté la hausse de la taxation sur le prix des billets envisagée par le gouvernement © KLS / Guyaweb
2 commentaires
Prenons un exemple concret pour bien réaliser la chose : cela couterait 480€ en plus pour un billet aller-retour à Bakou en première classe ! Sur une année, ça va chiffrer.
Mais voyons le bon coté des choses, c’est un argument de plus pour déclamer que la France pousse à la famine ses peuples colonisés.
Au fait, on ne sait toujours pas qui paye les billets de nos parlementaires globetrotteurs ? La France ou l’Azerbaïdjan ?
C’est manifestement une information impossible à connaitre.
Le Figaro, l’Express, Marianne, etc…précisent pourtant que ce sont des invitations « tous frais payés ». Mais bon, si le grand frisson complotiste exige que ce soit « une information impossible à connaitre ». A chacun son trip gratuit…