Un déplacement officiel au vert pour être aux côtés des Forces armées en Guyane à l’occasion du Réveillon. Après La Réunion et Mayotte, la Première ministre Elisabeth Borne continue son tour des Outre-mer. Elle sera en visite en Guyane pour moins de 48 heures de ce dimanche 31 décembre jusqu’au lundi 1er janvier 2024. Son avion, un Airbus A330, doit atterrir d’aujourd’hui à 12h15 sur le tarmac de l’aéroport Cayenne-Félix Eboué.
Au cours de cette visite express en Guyane, Elisabeth Borne sera accompagnée de Thomas Gassiloud, député et président de la Commission Défense de l’Assemblée nationale, et de Prisca Thévenot, secrétaire d’État chargée de la Jeunesse et du Service National Universel.
Son déplacement à Cayenne ce dimanche en début d’après-midi sera rythmé par des entretiens avec la maire de la capitale guyanaise puis avec le président de la Collectivité territoriale de Guyane. En milieu d’après-midi, après le visionnage des vœux du chef de l’État à 16h (heure de Guyane), la Première ministre se rendra en hélicoptère à Maripasoula, commune fluviale frontalière avec le Brésil au Sud et avec le Suriname à l’Ouest, base arrière d’approvisionnement des orpailleurs clandestins.
Maripasoula, commune française la plus étendue, est en effet devenue un haut lieu de l’orpaillage illégal et regroupe plus de 50 % des sites illégaux de Guyane (lire Guyaweb du 05/12). Pour rappel, le 25 mars dernier, le gendarme du GIGN Arnaud Blanc y a trouvé la mort au cours d’une patrouille de nuit sur le site de Dorlin.
À Maripasoula, située au coeur du Parc amazonien de Guyane, Elisabeth Borne rencontrera le maire Serge Anelli et la question du désenclavement sera aussi sans nul doute l’un des sujets majeurs de leurs échanges. En effet Maripasoula, l’une des communes enclavées du territoire uniquement accessible par voie fluviale ou aérienne, a été le point de départ d’une embarcation qui a chaviré le week-end de Noël, faisant quatre morts, des enfants d’une même fratrie (lire Guyaweb du 24/12).
La cheffe du gouvernement passera le Réveillon de la Saint-Sylvestre aux côtés des Forces armées en Guyane, sur la base opérationnelle avancée du 9ème Régiment d’infanterie de marine (9e RIMA) où lui sera présenté le dispositif Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal – dont le remplacement a été annoncé mais ne s’est toujours pas concrétisé.
Lundi 1er janvier 2024, la Première ministre restera d’abord sur le fleuve Maroni et elle enchaînera une visite au poste de contrôle fluvial du Petit Inini puis une visite du poste de Dorlin où aura lieu une cérémonie d’hommage aux militaires tués lors de leur participation à l’opération Harpie. Selon nos informations, un déplacement à Taluen est programmé afin d’ « échang(er) sous la case coutumière avec le chef du village sur l’impact de l’orpaillage illégal sur le quotidien des habitants. »
En clôture de cette visite menée au pas de charge, Elisabeth Borne retournera à Cayenne lundi en milieu d’après-midi pour échanger avec les forces de sécurité et les services de l’État et avant de repartir vers l’Hexagone le controversé dispositif de lutte contre le trafic de stupéfiants dit « 100% contrôles » lui sera présenté à l’aéroport.
Photo de Une : vue de Maripasoula © Archive Guyaweb
1 commentaires
Comme une impression de déjà-vu…En 1975 il y a presque un demi-siècle, c’était le premier ministre Jacques Chirac, qui venait passer Noël à Maripasoula dans la commune de Papa Vignon le maire de l’époque, et résident parisien…
« M. Chirac s’est adressé à » Messieurs les chefs coutumiers, chers amis » en prononçant un bref discours le jour de Noël devant quelques dizaines d’Indiens revêtus d’un simple cache-sexe et venus de toute cette région du haut Maroni à bord de leurs pirogues le long des multiples fleuves qui traversent la forêt équatoriale. L’auteur de ce discours insolite a comparé les habitants de cette jungle impénétrable à ceux de la métropole, ne voyant ici que » paix et gaieté » et estimant que cette commune – car c’en est une, la plus vaste de France, et dont le maire, M. Vignon, ancien préfet de la Guyane, réside à Paris – est comme » notre pays tout entier : pacifique, indépendante, prospère et libre « .
…Les légionnaires du 3e régiment étranger d’infanterie ont, durant quatre jours, remonté le Maroni en pirogues, en portant à dos d’homme les charges de matériel pour passer les rapides, bref, ont effectué une véritable expédition pour offrir au premier ministre et aux quelque quatre-vingts personnes de sa suite un campement confortable au cœur de la forêt vierge. Les danses des Indiens sous les arbres immenses d’où pendent des lianes impressionnantes, les officiels parisiens en costume de toile claire en cette nuit de Noël chaude et humide ne manquaient pas d’évoquer quelque souvenir colonial ou quelque page de littérature sur les bons sauvages, plus que la visite d’un chef de gouvernement à une commune… française. »
(Le Monde – A. PASSERON – 26 décembre 1975)
Presque cinquante ans plus tard, l’eau du fleuve beaucoup plus trouble et plusieurs arbres en moins… c’est avec les danses et le son de l’Awassa en arrière fond, que les promesses se font. Une certaine idée de la préservation des modes de vie…ou autres us et coutumes de la république. Troublant