Le mouvement de contestation se poursuit. Ce mardi 28 mars, une 10e journée de mobilisation est programmée par l’intersyndicale nationale. En Guyane, la mobilisation prendra la forme d’une marche qui débutera à 9 heures devant la caserne des pompiers de Cayenne en direction de la préfecture. Cette 10e journée d’action intervient près d’une semaine après le rejet des deux motions de censure contre le gouvernement et l’adoption définitive de la réforme des retraites.
« Nos militants souhaitent que l’on s’en prenne aux symboles du pouvoir » expliquait jeudi sur le barrage filtrant de Suzini Denys Oltra, membre du bureau de la FSU. Le souhait a été entendu par l’intersyndicale guyanaise (FO, CFTC, Unsa, UTG, CFDT, Sud Solidaires, FSU, CFE-CGC) qui organise ce mardi 28 mars une marche en direction de la préfecture. Le point de départ de la manifestation est fixé à 9 heures devant la caserne des pompiers boulevard Mandela à Cayenne avant une déambulation devant les principales administrations étatiques présentes dans le centre-ville : trésor public, tribunaux, hôtel de police, affaires sociales et préfecture.
Aucun cortège n’est prévu à Kourou et Saint-Laurent. « Les camarades de Kourou vont en revanche nous rejoindre pour manifester ensemble demain. L’objectif est de massifier et réunir toutes les personnes qui se sont mobilisées depuis le début du mouvement » a précisé Patrick Christophe, le secrétaire général de la CFTC, lors d’une conférence de presse de l’intersyndicale tenue ce lundi midi dans les locaux de l’Union des travailleurs guyanais (UTG), avenue Ronjon à Cayenne.
« Le gouvernement a la volonté de passer à autre chose mais nous n’avons pas changé d’avis sur le retrait de la réforme et les travailleurs non plus » assure Denys Oltra de la FSU. « Le combat se poursuit. Au lendemain du 49.3, 3,5 millions de manifestants ont été recensés dans tout le pays. Ce n’est pas le moment de lâcher.«
« Il faut encore tenir, c’est long mais c’est un intérêt vital pour nous tous de lutter contre le report de l’âge légal à 64 ans alors qu’avoir une carrière pleine en Guyane est très difficile » rebondit Gilles Beaudi, co-secrétaire général de l’UTG.
« Nous pouvons encore bloquer le décret d’application »
La main tendue par le gouvernement aux organisations syndicales et aux oppositions qui seront reçues la semaine prochaine par la Première ministre, qui a notamment déclaré ce dimanche qu’elle n’emploierait plus le 49.3 sauf pour les projets de loi de finances, « sonne faux » aux oreilles de l’intersyndicale guyanaise. « C’est de l’esbroufe et c’est trop tard. L’intersyndicale a déjà demandé à être reçue et ne l’a jamais été » insiste Sabine Lagrèze, co-secrétaire générale de Sud Solidaires.
Actuellement, la réforme des retraites est entre les mains du Conseil constitutionnel qui a jusqu’au 23 avril pour valider ou non la constitutionnalité du projet de loi, après son adoption définitive tumultueuse lundi 20 mars à la suite du rejet des deux motions de censure déposées contre le gouvernement. Ces motions de censure faisaient suite au recours à l’article 49 alinéa 3 par la Première ministre Elisabeth Borne pour faire adopter la loi sans vote des députés.
« Aujourd’hui, la loi est votée mais il reste une étape et pas des moindres : l’application. Nous pouvons encore bloquer le décret d’application. La loi sur la retraite à points en 2019 avait été votée mais n’a jamais été appliquée » rappelle Christian Dorvilma pour Force Ouvrière.
Une demande de référendum déposée par l’opposition
Le Conseil constitutionnel doit aussi se prononcer, dans un délai d’un mois, sur la recevabilité du référendum d’initiative partagée (RIP) qui leur a été soumis par les parlementaires de gauche opposés à la réforme.
Dès le 20 mars, jour de l’adoption officielle de la réforme après le rejet des motions de censure, plus de 250 députés et sénateurs de gauche ont soumis une proposition de loi au Conseil constitutionnel visant à « affirmer que l’âge légal de départ à la retraite ne peut être fixé au-delà de 62 ans ». Pour être recevable, cette proposition devait recueillir 185 signatures de députés et sénateurs. Un seuil largement atteint.
Pour la juger recevable, le Conseil constitutionnel doit s’assurer que la proposition de loi n’a pas « pour objet l’abrogation d’une disposition législative promulguée depuis moins d’un an ». À ce stade, la réforme est adoptée mais pas encore promulguée par le président de la République et elle ne pourra l’être qu’après validation par le Conseil constitutionnel, saisi à la fois par les oppositions et la Première ministre.
À voir sur quelle saisine les Sages se prononceront en premier. En 2019, un précédent cas de double saisine a eu lieu à l’occasion de la privatisation des Aéroports de Paris. Le Conseil constitutionnel avait d’abord validé la demande de RIP avant de valider la proposition de loi.
Si la proposition de RIP sur les retraites est jugée recevable par le Conseil constitutionnel, elle devra ensuite recevoir l’approbation de 4,88 millions de citoyens – soit le dixième du nombre d’électeurs inscrits sur les listes électorales – sur une période de neuf mois. Avant d’être examiné au moins une fois par les deux assemblées dans un délai de six mois. Et, enfin, d’être soumise au vote des électeurs.
« Le RIP ne relève pas de l’intersyndicale mais c’est une forme de contestation de la réforme donc nous sommes pour » souligne Denys Oltra. En parallèle, le Conseil constitutionnel a également été saisi en recours par l’intersyndicale nationale pour faire annuler la loi. « Ce serait la porte de sortie idéale, tout le monde serait gagnant. Les syndicats pour avoir remporté le bras de fer, Macron pour n’avoir pas cédé » conclut le représentant de la FSU.
Photo de Une : 19 janvier 2023, première journée de mobilisation contre la réforme des retraites © Archives Guyaweb
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