Quatre adultes sur dix en Guyane sont en difficulté face à l’écrit selon l’Insee

Dans une étude sur l’illettrisme parue le 7 novembre, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) relève qu’en 2022 en Guyane, « 41% des adultes âgés de 18 à 64 ans rencontrent des difficultés face à l’écrit, dont 39% des difficultés jugées fortes« .

Selon l’Insee, les personnes ayant des difficultés fortes à l’écrit en Guyane sont pour les trois quarts d’entre eux allophones : le français n’est pas leur langue maternelle. Mais « les personnes ayant été scolarisées intégralement en France présentent moins de difficultés que celles n’y ayant suivi qu’une partie » souligne l’étude.

L’illettrisme se dit en effet d’une personne qui est allée à l’école, mais n’a pas acquis ou a perdu la maîtrise de la langue. Se dit également pour une personne qui a fini le parcours scolaire obligatoire (+ de 16 ans). Pour les plus jeunes, le terme juste est « en danger d’illettrisme ». A ne pas confondre avec l’analphabétisme qui concerne les personnes n’étant jamais allées à l’école et ne maîtrisant pas l’écrit et la lecture. En France, selon l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme, 2,5 millions de personnes sont illettrées.

En Guyane, au moins 70% des élèves entrant à l’école sont allophones selon le rectorat. Un multilinguisme – il existe en trentaine de locutions en Guyane – très riche qui complique néanmoins l’apprentissage du français à l’école. Ainsi, « 50% des élèves qui ont le bac n’ont pas les acquis essentiels en français » nous indiquait le recteur Philippe Dulbecco (notre photo) lors d’une interview en avril dernier.

Les conséquences se nomment frein à l’insertion sociale. Selon l’Insee, « des compétences limitées freinent l’accès à l’emploi : trois quarts des personnes en difficulté à l’écrit et en calcul n’ont pas d’emploi« . La non-maîtrise de l’écrit pèse aussi sur l’utilisation des outils numériques, essentiels aujourd’hui dans de nombreuses démarches administratives. « Les personnes en difficulté à l’écrit sont aussi celles qui utilisent le moins internet » note l’Insee.

Selon l’étude, 39% de la population guyanaise rencontrent également des difficultés en calcul, mais elle souligne que « les jeunes adultes guyanais maîtrisent mieux l’écrit et le calcul que leurs aînés« .

Pour la rentrée 2024-2025, le rectorat a fait de la lutte contre l’illettrisme une priorité avec la mise en place d’un plan de prévention visant à harmoniser les méthodes d’enseignement du français. Selon le recteur, l’académie manquait jusqu’ici de « stratégie globale » et de « cohérence« . Depuis la rentrée, les enseignants du 1er degré travaillent sur un manuel unique (méthode syllabique) identique pour toutes les écoles, ce qui permettra notamment de mesurer l’impact de la stratégie mise en place par le rectorat. Celle-ci s’inspire du travail réalisé dans d’autres académies, comme celle d’Amiens où l’illettrisme était important et où cette harmonisation des pratiques enseignantes a « porté ses fruits« .

Photo : alors que le phénomène en Guyane touche quatre adultes sur dix selon l’Insee, le rectorat a lancé lors de la dernière rentrée scolaire à l’échelle de toute l’académie un plan de prévention de l’illettrisme © Archives Guyaweb