À l’occasion d’une conférence de presse, ce mercredi, présentant les axes de campagne du camp présidentiel pour les législatives, Emmanuel Macron a annoncé la suspension du projet de réforme constitutionnelle visant à élargir le corps électoral de la Nouvelle-Calédonie. Un texte controversé qui a conduit l’archipel dans une crise politique d’une rare intensité à l’origine de neuf décès, de centaines de blessés et de milliards d’euros de dégâts.
Afin de « donner toute sa force au dialogue sur place et au retour à l’ordre« , le chef de l’Etat souhaite mettre en pause la réforme électorale déjà votée par le Sénat et l’Assemblée nationale et qui devait être entérinée d’ici au 30 juin par les deux chambres rassemblées en Congrès à Versailles. Une convocation rendue impossible tant que la nouvelle Assemblée nationale n’a pas été élue. Or, le second tour du scrutin législatif est programmé au 6 juillet en Guyane et au 7 pour l’Hexagone. Le « dialogue » et le « retour à l’ordre » évoqués par le chef de l’Etat ont ainsi tous les atours d’un rétropédalage déguisé sur ce dossier.
« Le projet de loi constitutionnelle qui a été voté dans les mêmes termes par les deux chambres, j’ai décidé de le suspendre parce qu’on ne peut pas laisser l’ambiguïté dans la période », a justifié Emmanuel Macron qui s’était rendu sur place le 23 mai pour annoncer « ne pas passer en force » sur le dossier sans annoncer clairement un report ou un retrait de la réforme constitutionnelle.
En Nouvelle-Calédonie, le retour au calme n’est pas encore totalement effectif. Nouvelle-Calédonie la 1ère évoquant notamment hier des « exactions » dans des communes isolées de l’archipel alors que le bilan humain des émeutes s’est alourdi mardi à neuf victimes. Un homme, blessé par balle par le GIGN le 29 mai à Dumbéa, a finalement succombé à ses blessures.
« De graves incidents se produisent toujours et la sécurité est loin d’être rétablie partout dans l’agglomération » de Nouméa écrivait il y a cinq jours l’hebdomadaire Demain en Nouvelle-Calédonie. Ce mercredi, dans les colonnes des Nouvelles calédoniennes, Louis Mapou, président indépendantiste du gouvernement de Nouvelle-Calédonie renouvelle son « appel pressant à la levée immédiate des barrages et à un retour au calme ».
Samedi, le haut-commissariat de la République en Nouvelle-Calédonie a annoncé que le couvre-feu imposé de 18 heures à 6 heures était prolongé jusqu’à lundi 17 juin. Les mesures d’interdiction de rassemblement, de commercialisation d’alcool, de vente et de transport d’armes sont reconduites jusqu’à la même date.
Photo : en pleine crise politique, Emmanuel Macron s’était rendu 24h en Nouvelle-Calédonie le 23 mai pour tenter de renouer le dialogue entre indépendantistes et non indépendantistes, sans annoncer le report ou le retrait de la réforme électorale © Compte X Elysée
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