Nayib Bukele largement réélu à la tête du Salvador

Le président sortant du Salvador, Nayib Bukele, a été plébiscité ce dimanche dès le premier tour du scrutin présidentiel, récoltant 87% des voix. Une véritable razzia. D’autant que son parti, Nuevas ideas, a remporté 58 des 60 sièges du Parlement. Sauf que Nayib Bukele, élu en 2019, n’était pas censé pouvoir se représenter, la Constitution salvadorienne n’autorisant pas les mandats consécutifs.

En effet, pas moins de six de ses articles interdisent la réélection immédiate du président. Cela n’a pas empêché Nayib Bukele de se représenter et de remporter haut la main l’élection. Pour comprendre comment, il faut remonter à 2021, lorsque son parti obtient les deux-tiers des sièges du Parlement à l’occasion d’élections législatives.

En mai, le Parlement décide de destituer les magistrats du Tribunal constitutionnel. De nouveaux, nommés par le pouvoir, émettent quatre mois plus tard une décision ouvrant la voie à une réélection successive. Les juges estiment alors qu’un des articles de la Constitution permet la réélection, à condition que le président sortant se mette en disponibilité au moins six mois avant le scrutin.

S’en est suivie une série de réformes électorales (changement du comptage des votes…), votée sans aucun débat par l’Assemblée. Elles ont également favorisé la réélection de celui qui se qualifie souvent de « dictateur cool« .

Élu en 2019, Nayib Bukele a acquis une gigantesque popularité au Salvador en menant une politique extrême d’éradication de la violence, au prix, selon plusieurs observateurs, de graves atteintes aux droits humains. Depuis 2022, le pays vit sous le régime d’exception de l’état d’urgence. Cette politique ultra-sécuritaire de lutte contre les gangs a porté ses fruits : le nombre d’homicides est passé de 87 pour 100 000 habitants en 2019 à 2,41 en 2023.

Photo : capture d’écran du discours de victoire de Nayib Bukele, prononcé dimanche depuis le balcon du palais présidentiel à San Salvador © compte X Nayib Bukele