Le numéro 2 de la police judiciaire de Bordeaux, Stéphane Lapeyre, a été condamné mercredi 20 décembre à trois ans de prison avec sursis pour complicité d’un trafic de stupéfiants depuis la Guyane à l’organisation duquel il avait activement participé dans l’espoir de réaliser des saisies.
Jugé fin octobre par le tribunal judiciaire de Paris, le policier a été reconnu coupable d’avoir demandé en 2013 à deux de ses indicateurs de manipuler un Guyanais, alors simple mule, pour qu’il monte un trafic de cocaïne entre le Suriname, la Guyane et l’Hexagone.
Avec un subordonné lui aussi condamné mercredi, Stéphane Lapeyre avait tenté de piéger ce Guyanais qu’il pensait être un trafiquant d’ampleur, ce qui n’était pas le cas.
Au moment des faits, Stéphane Lapeyre était n°3 de l’OCRTIS, l’office anti-stups qui enchaînait alors les saisies records. Mais les méthodes obscures de l’office, depuis remplacé par l’OFAST, ont été mises au jour en 2015 lorsque son patron, François Thierry, s’est retrouvé au cœur d’un scandale policier.
À l’occasion d’une saisie de sept tonnes de cannabis en plein Paris réalisée par les douanes, les procédés de l’OCRTIS avaient été percés à jour. Les enquêtes journalistiques et judiciaires qui ont suivi cette saisie ont démontré que l’office favorisait les trafics de l’un des plus importants importateurs de cannabis en Europe, Sofiane Hambli, alors principal informateur de l’office anti-stups, afin de réaliser des saisies records.
Le principe était de laisser passer la drogue, parfois avec la complicité de policiers, pour suivre son cheminement et interpeller les trafiquants à l’arrivée. L’ancien patron de l’OCRTIS a été mis en examen pour complicité de trafic de stupéfiants dans cette affaire emblématique des dérives de la lutte antidrogue et de la course effrénée aux résultats.
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