Adopté mardi par les deux chambres du Parlement au terme d’un accord entre la majorité présidentielle et la droite, le projet de loi immigration ne cesse depuis de susciter des réactions épidermiques.
En Guyane, le député de la seconde circonscription Davy Rimane fustige « une loi qui criminalise l’immigration et qui déshumanise celui qui n’est pas né au bon endroit, au bon moment, avec la bonne couleur de peau« .
Selon l’élu, qui a voté contre le projet de loi et pour l’ensemble des motions de rejet portées par la gauche, cette loi qui instaure une préférence nationale, durcit les conditions d’accès à la nationalité française en réformant le droit du sol et met en place une immigration choisie via des quotas annuels définis par l’Assemblée nationale, « va à l’encontre de l’identité fondamentale de la Guyane, terre d’immigration et de multiethnicité. Emmanuel Macron réhabilite le colbertisme et nous devrions nous taire devant une loi qui n’est qu’un nouveau code noir biberonné à l’idéologie crasse du grand remplacement ?« .
Pour Davy Rimane, ce texte instaure « encore une fois » des mesures dérogatoires au droit commun dans les territoires ultramarins, et particulièrement en Guyane. « Des mesures violentes qui ne vont absolument pas dans le sens d’une meilleure intégration« , estime l’élu.
« Alors que des migrants s’entassent dans les rues de Cayenne et que des frustrations émergent au sein de la population, nous n’avons reçu qu’une fin de non-recevoir face à nos demandes : non à notre demande d’installation d’un centre d’accueil pour demandeurs d’asile, non à la mise en place d’un centre provisoire d’hébergement pour lutter contre les bidonvilles, non à la décentralisation des guichets uniques pour mettre fin à la concentration à Cayenne des dispositifs d’enregistrement des étrangers« , conclut le Kouroucien.
Depuis mardi et l’adoption du projet de loi, de nombreuses voix s’insurgent. Quarante-cinq syndicats, organisations étudiantes associations et ONG demandent à Emmanuel Macron, dans une déclaration commune rendue publique jeudi soir, de « surseoir à la promulgation de la loi ». Ces quarante-cinq signataires feront un point d’étape à la rentrée, le 11 janvier, sur la mobilisation de la société civile, dont la CGT appelant notamment à lutter contre une loi qui « remet en cause en profondeur tous nos principes républicains » et promouvant « la désobéissance civile ».
Photo : Davy Rimane à l’Assemblée nationale en juillet 2022 © Archives
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour ajouter un commentaire.