Un premier contingent de 400 membres des forces de l’ordre kényanes est arrivé en Haïti cette semaine pour participer à la sécurisation du pays, en proie à la violence des gangs. Un déploiement controversé qui intervient huit mois après que les Nations unies ont donné leur accord à cette mission qui doit durer a minima un an.
Débarqués par avion mardi et jeudi, 400 policiers kényans sont arrivés dans la capitale haïtienne Port-au-Prince dans le cadre d’une mission internationale visant à rétablir la sécurité dans le pays le plus pauvre des Amériques, confronté à une grande instabilité politique et sécuritaire.
Le déploiement de cette force, critiqué au Kenya, avait été approuvé en octobre par une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU et est soutenu par Washington, qui fournit des fonds et une aide logistique. Les États-Unis contribuent à hauteur de plus de 300 millions de dollars en fonds et jusqu’à 60 millions de dollars en matériel, et ont déployé du personnel sur place pour préparer l’arrivée du contingent kényan.
Cette mission internationale d’aide aux forces de sécurité de ce pays caribéen est prévue pour une durée initiale d’un an. Le Kenya, qui dirige la mission, a promis l’envoi de 1000 policiers. À terme, cette force doit compter de 2 500 à 2 600 hommes. En effet, le Bangladesh, le Bénin, le Tchad, les Bahamas et la Barbade se sont également portés volontaires pour participer à cette mission de sécurisation de l’île qui fait face depuis plusieurs mois à une résurgence de la violence des gangs qui contrôlent 80% de la capitale Port-au-Prince. Ils seraient 150 groupes criminels à se partager une capitale en état de siège.
Mission contestée
Bien que le déploiement de forces de sécurité étrangères ait été approuvé par une résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU en octobre, il suscite depuis de vives critiques, notamment au Kenya.
La mission s’en est trouvé retardée quand, le 26 janvier, un tribunal kényan a jugé que le gouvernement ne pouvait envoyer des policiers à l’étranger sans un accord international préalable. Le Kenya a par la suite signé un accord en ce sens avec Haïti en mars. Mais un parti d’opposition, « Alliance troisième voie », a déposé mi-mai un nouveau recours pour empêcher la mission. Une procédure judiciaire est en cours et des questions restent toujours en suspens, notamment concernant le cadre réglementaire de cette mission multinationale.
D’après l’ONG Human Right Watch, la police haïtienne supervisera l’opération et le Conseil national de sécurité définira et supervisera l’assistance de la mission. Toutefois, le Conseil de Sécurité des Nations unies n’a pas encore reçu d’informations essentielles de la part de la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS) sur des points tels que les règles d’engagement, les garanties en matière de droits humains et les mécanismes pour rendre des comptes. Des informations nécessaires au vu des échecs et abus des précédentes interventions internationales en Haïti, notamment de Casques bleus, accusés de violences sexuelles. En 2019, une étude avait pointé du doigt la responsabilité de soldats de la paix sri-lankais.
Au bord de l’effondrement, Haïti est confronté à une crise politique d’une rare intensité depuis l’assassinat en juillet 2021 du président Jovenel Moïse. La situation s’est brusquement aggravée fin février quand des groupes armés ont lancé des attaques coordonnées à Port-au-Prince pour renverser le Premier ministre de l’époque, Ariel Henry. Ce dernier a annoncé début mars qu’il démissionnait et a remis le pouvoir exécutif à un conseil de transition, lequel a nommé le 29 mai un Premier ministre par intérim, Garry Conille.
Photo de Une : le premier contingent de policiers kényans, avant leur départ pour Haïti © Compte X présidence Kenya
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