Kémi Seba déchu de sa nationalité française

Le militant panafricain de 42 ans Kémi Seba, de son vrai nom Stellio Gilles Robert Capo Chichi, « est déclaré avoir perdu la nationalité française sur l’avis conforme du Conseil d’Etat », selon un décret laconique daté de lundi et paru mardi 9 juillet au Journal officiel. 

Kémi Seba, né le 9 décembre 1981 à Strasbourg, était visé par une procédure de déchéance de nationalité depuis plusieurs mois, mais la décision était jusqu’ici suspendue par un tribunal administratif. Cette procédure de déchéance s’est appuyée sur l’article 23-7 du code civil : « Le Français qui se comporte en fait comme le national d’un pays étranger peut, s’il a la nationalité de ce pays, être déclaré, par décret après avis conforme du Conseil d’Etat, avoir perdu la qualité de Français. »

Pour entrer en vigueur, le décret de déchéance de nationalité devait obtenir un avis favorable de la section de l’intérieur du Conseil d’Etat, qui a validé la déchéance de nationalité sans rendre public cet avis. Une telle procédure n’avait plus été utilisée depuis les années 1960.

L’ancien leader de la Tribu Ka, groupuscule qui revendiquait son antisémitisme et prônait la ségrégation entre Noirs et Blancs avant d’être dissous par le gouvernement français en 2006, a été condamné plusieurs fois en France pour incitation à la haine raciale. Il est aujourd’hui à la tête du groupe Urgences panafricanistes et dispose d’une certaine aura sur les réseaux sociaux et dans plusieurs territoires ultramarins comme la Guadeloupe et la Guyane où Kémi Seba est en effet perçu comme un militant décolonialiste. 

Lors d’un déplacement en Guyane en février, Kémi Seba a même été décoré de la médaille d’honneur de la Ville de Cayenne des mains de la maire Sandra Trochimara pour « son combat contre l’injustice et l’oppression des Noirs ». Les deux députés de Guyane, récemment réélus, avaient également posé pour un selfie avec Kémi Seba, accusé d’être un relais de la propagande russe visant à attiser le sentiment anti-français. L’idéologue, proche de Dieudonné ou d’Alain Soral, avait par exemple qualifié l’invasion russe en Ukraine de « guerre contre les Occidentaux et ceux qui refusent l’hégémonie de l’Occident ». 

« Plus de nationalité française ? Gloire à Dieu. Libéré je suis de ce fardeau » a réagi mardi sur le réseau social X l’intéressé. « J’ai quitté la France depuis bientôt 14 ans à cause de sa politique néocoloniale et de sa négrophobie systémique que je combats depuis l’Afrique frontalement ; j’ai de plus brûlé le passeport depuis plusieurs mois déjà. Me retirer la nationalité car je critique votre néocolonialisme est, chères autorités françaises, une reconnaissance (TRÈS PEU STRATÉGIQUE) de votre part, de l’efficacité de mon travail politique contre VOUS AUTRES, les tenants de cette Françafrique.« 

Stellio Gilles Robert Capo Chichi, qui vit au Bénin, détient également la nationalité de ce pays  et ne se retrouve donc pas apatride suite à sa déchéance de nationalité par les autorités françaises.

Photo : les deux députés de Guyane ont posé avec Kémi Seba en février lors d’un déplacement en Guyane de l’idéologue © Compte X Kémi Seba