Attendue durant dix jours, la nomination du gouvernement Bayrou, sans la participation de la gauche, a été annoncée alors qu’un deuil national en solidarité avec les Mahorais sévèrement touchés par le cyclone Chido était observé ce lundi 23 décembre. Un timing qui fait tâche, même si le Premier ministre François Bayrou souhaitait former le gouvernement « avant Noël ».
Parmi les 35 membres du gouvernement Bayrou figurent quatre ministres d’État. Un duo à la baguette incarne la droitisation sur le régalien, avec Bruno Retailleau qui rempile à l’Intérieur et Gérald Darmanin à la Justice. Un revenant qui a incarné la loi polémique sur la déchéance de nationalité dans la Constitution, Manuel Valls, ancien Premier ministre sous François Hollande, mis au ban par la gauche, investi par la majorité présidentielle lors des législatives anticipées perdues, devient ministre d’État, ministre des Outre-mer. Enfin, Elisabeth Borne, ancienne Première ministre macroniste qui avait empilé les 49.3 dont celui sur la très contestée réforme des Retraites, a été nommée ministre de l’Education nationale.
Sur X, Mathilde Panot, cheffe des députés insoumis, a dénoncé « un gouvernement rempli de gens désavoués dans les urnes et qui ont contribué à couler notre pays… avec le soutien de Marine Le Pen et du RN » et elle a indiqué qu’à la rentrée parlementaire en janvier, elle déposera une motion de censure contre le gouvernement Bayrou.
Le gouvernement Bayrou « s’appuie comme le précédent sur une absence manifeste de légitimité et une majorité introuvable ». « Il va devoir changer de méthode, écouter et entendre les oppositions pour construire un budget qui prenne en compte les choix exprimés dans les urnes » a déclaré sur X la patronne du Rassemblement national, Marine Le Pen, qui aurait eu un droit de regard sur la composition du gouvernement Bayrou selon Xavier Bertrand pressenti pour être ministre de la Justice. En effet, une heure avant l’annonce du gouvernement, le président LR des Hauts-de-France Xavier Bertrand indiquait dans un communiqué publié sur X qu’il « refuse de participer à un gouvernement de la France formé avec l’aval de Marine Le Pen ».
« Ce n’est pas un gouvernement, c’est une provocation. La droite extrême au pouvoir sous la surveillance de l’extrême droite » a quant à lui dénoncé sur X le patron du PS Olivier Faure.
Après la nomination et les passations de pouvoirs, le cap est mis sur les prochaines échéances : le premier conseil des ministres est fixé au vendredi 3 janvier et le discours de politique générale du Premier ministre devant les députés de l’Assemblée nationale se déroulera le 14 janvier, après lequel aucun vote de confiance ne devrait se tenir, faute de majorité parlementaire.
En revanche, ce discours de politique générale sera peut-être suivi du dépôt par la France insoumise d’une motion de censure, dont le vote devrait se dérouler le 16 janvier.
Mais le véritable challenge de François Bayrou sera de faire adopter le budget 2025 par les député.es de l’Assemblée nationale et ainsi de ne pas se faire renverser comme cela a été le cas pour son prédécesseur Michel Barnier le 4 décembre. Le spectre de la censure planera fortement tant le gouvernement Bayrou est sur la même veine que son prédécesseur.
En savoir plus sur la composition du gouvernement de François Bayrou
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