Le président de la République a pris la parole ce mercredi à la mi-journée à l’occasion d’une conférence de presse visant à lancer la campagne électorale de son parti pour les élections législatives anticipées. À dix-huit jours du premier tour de scrutin, le chef de l’Etat a défendu son bilan et dévoilé devant des membres du gouvernement et les dirigeants de son camp les grands axes de son programme afin de tenter d’obtenir une « majorité claire » pour le reste du quinquennat. Le président en a aussi profité pour égratigner ses adversaires désignés : l’extrême gauche et l’extrême droite.
En préambule de son propos liminaire d’une demi-heure, Emmanuel Macron est revenu sur sa décision de dissolution de l’Assemblée nationale, dimanche soir, suite à la défaite de son camp aux Européennes et la victoire électorale de l’extrême droite : Rassemblement national et Reconquête récoltant près de 40% des suffrages exprimés.
Le chef de l’Etat a assuré assumer la dissolution. « Je pense que le retour au peuple, ça ne doit jamais être incompréhensible. C’est un principe démocratique », a-t-il défendu. Pour Emmanuel Macron, « il y a une colère qui a été exprimée » aux élections européennes et il refuse « de faire comme si rien n’était, parce qu’au fond ça arrange tout le système ». Expliquant ne pas vouloir « donner les clés du pouvoir à l’extrême droite en 2027″, le chef de l’Etat a ainsi justifié sa décision d’avoir déclenché ce qu’il appelle « un mouvement de clarification ».
Entrant de plein pied dans la campagne pour les législatives, Emmanuel Macron a ensuite présenté les grandes lignes de son programme, positionné très à droite. En effet, le chef de l’Etat a appelé à « plus d’autorité républicaine à tous les étages (…) dans le cadre de la République et de ses valeurs. Nous devons donc d’abord, de manière implacable, continuer d’agir pour plus de sécurité, plus de fermeté » a-t-il réclamé depuis le pavillon Cambon Capucines à Paris. Pour répondre aux inquiétudes des Français sur le volet régalien, qui expliquent selon lui la montée de l’extrême droite, le chef de l’Etat souhaite « intensifier la réponse républicaine » avec une plus « grande autorité républicaine » et « une fermeté accrue vis à vis de tous ceux qui considèrent la citoyenneté française comme une somme de droits à la carte ».
Après avoir défendu son bilan sur les questions régaliennes, avec notamment les lois sur le séparatisme, sur l’immigration et le recrutement des forces de l’ordre, Emmanuel Macron a estimé que « tout cela n’a pas été assez vu, senti, compris par nos compatriotes ». Il souhaite notamment un « meilleur contrôle de la question des mineurs non accompagnés qui, dans tant de villes, sont un problème de sécurité ».
Autre axe de son programme : le rôle de l’Etat providence. Emmanuel Macron a en effet mis en avant « le réinvestissement dans la justice [+60 % de son budget] et dans les forces de sécurité, dans notre école, avec une augmentation de nos enseignants qui n’avait pas été connue depuis les années 1990. De notre santé, avec une augmentation pour les soignants qui n’avait pas été connue depuis les années 1960″, signe selon lui de son attachement « à un modèle social protecteur, financier, responsabilisant ».
Enfin, le président a évoqué un dernier axe : mieux vivre au quotidien. « Nous avons beaucoup fait là aussi en la matière. Mais nos compatriotes, à l’évidence, nous ont envoyé un message simple : leur vie ne s’est pas assez améliorée », a reconnu Emmanuel Macron, appelant « les forces la majorité » à bâtir « des réponses concrètes » sur le coût de l’énergie et la question du pouvoir d’achat.
Extrême gauche et extrême droite renvoyées dos à dos
Signe que la courte campagne de ces législatives anticipées a déjà débuté, le chef de l’Etat a longuement vilipendé ses opposants politiques désignés : La France insoumise et le Rassemblement national. Selon Emmanuel Macron, qui n’a pas mâché ses mots, ces deux partis « ont des responsables qui sortent de la République et de ses valeurs. Ce ne sont pas des gens qui sont républicains ».
Dans une tentative de décrédibilisation de ses adversaires, Emmanuel Macron a aussi dénoncé les « bricolages d’appareil » et ces « alliances contre-nature aux deux extrêmes, [entre des partenaires] qui ne sont d’accord sur à peu près rien, sinon les postes à partager, et qui ne seront pas en capacité d’appliquer un quelconque programme », évoquant notamment un « pacte du diable » conclu par le président des Républicains Eric Ciotti qui souhaite faire alliance avec le RN.
Emmanuel Macron a notamment accusé l’extrême droite de bâtir sa politique sur les faits-divers : « s’il y a une prime toujours à l’émotion négative, à la surréaction à l’épisode du moment, celui qui triomphe, c’est celui qui porte le mieux l’émotion négative ». « Mais ça, ça ne fait pas un axe de gouvernement », a-t-il estimé.
Le chef de l’Etat a aussi dénoncé le rapprochement de la gauche socialiste avec « l’extrême gauche, qui s’est, durant la même campagne, rendu coupable d’antisémite, [de] communautarisme, d’antiparlementarisme » a-t-il déclaré alors que les quatre principales formations de gauche – EELV, PCF, PS et LFI – sont tombées d’accord lundi sur le principe d’une alliance électorale reprenant les bases de l’alliance Nupes mise en place lors des législatives de 2022.
Mettant dos à dos les extrêmes, notamment sur leur vision en matière d’affaires étrangères et leurs « ambiguïtés à l’égard de la Russie« , Emmanuel Macron a appelé les partis « républicains » à s’allier avec son camp. « La question, c’est qui gouverne demain le pays ? L’extrême droite et quelques associés, ou le bloc démocratique, progressiste et républicain ? C’est ça la question fondamentale. Ce n’est pas de faire barrage, c’est qui gouverne », a-t-il déclaré.
Photo : le chef de l’Etat, en campagne, s’est longuement exprimé ce mercredi à l’occasion d’une conférence de presse visant à présenter le programme de la majorité pour les législatives © Compte X Renaissance
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