Touché par une sécheresse sans précédent, le canal de Panamá, qui permet en une dizaine d’heures de relier les océans Atlantique et Pacifique, se voit contraint depuis juillet de limiter en nombre et en poids les navires qui souhaitent emprunter cette route majeure du trafic maritime international.
Contrairement au canal de Suez, qui se situe entre deux mers et n’a donc pas de difficulté pour son niveau d’eau, le canal panaméen comporte un lac artificiel, le lac Gatún, situé à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer, qui se remplit à l’eau douce et peut donc s’assécher. Ce qui est le cas cette année où l’influence d’El Niño se fait ressentir dans toute l’Amérique latine et centrale.
Pour faire face au manque d’eau, les autorités ont décidé de restreindre le transit de 40 à 32 navires par jour et de diminuer le tirant d’eau autorisé de 15 à 13 mètres. En clair, moins de bateaux traversent la voie d’eau de 80 kilomètres et ils la traversent moins chargés. Ces mesures annoncées fin juillet devraient durer un an et sont drastiques
pour cet ouvrage majeur qui voit passer 5% du commerce maritime mondial.
En 2022, quelque 518 millions de tonnes de marchandises ont transité par le canal de Panamá sur 14 000 navires, principalement américains et chinois puisque le canal se situe sur les deux grandes routes commerciales qui vont de l’Asie à la côte est des Etats-Unis, et de la côte ouest de l’Amérique latine à la côte est des Etats-Unis.
Depuis ces décisions des autorités panaméennes, des dizaines de navires sont parqués aux entrées du canal. Le temps d’attente a grimpé à vingt et un jours, contre quatre en temps normal. Et en août, le nombre de 163 bâtiments en attente a été atteint, un record.
Au-delà des impacts sur le commerce international, la sécheresse qui touche le Panamá et le lac Gatún, alimenté en eau douce par le Rio Chagres, a aussi des conséquences sur la population du pays et les 2,2 millions de citadins de la ville-capitale du Panamá, soit la moitié de la population totale de cet Etat d’Amérique centrale. En effet, les autorités doivent à la fois approvisionner en eau le canal et fournir de l’eau potable à leurs citoyens. Un casse-tête aux multiples enjeux.
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