Ce lundi 11 septembre 2023 marque les 50 ans du coup d’Etat d’extrême droite du général Augusto Pinochet, soutenu par les Etats-Unis, qui renversa le régime socialiste du président chilien Salvador Allende, démocratiquement élu en 1970.
Ce dernier, acculé dans le palais présidentiel de la Moneda à Santiago, se suicida plutôt que de tomber aux mains des soldats putschistes. Un dernier cliché du président, arme au poing et casque de travers sur la tête, a immortalisé ce moment iconique de l’Histoire qui 50 ans après continue de fracturer la société chilienne.
Le putsch des militaires a plongé le Chili dans une dictature militaire longue de 17 ans jusqu’au rétablissement de la démocratie en 1990. 3200 personnes sont mortes officiellement sous le règne d’Augusto Pinochet et 38 000 personnes ont été torturées. Selon la Commission chilienne des droits humains, environ 200 000 personnes ont connu l’exil pendant la dictature. La France aurait accueilli 15 000 d’entre elles.
Cinquante ans plus tard, le pays éprouve toujours des difficultés à se forger une mémoire commune. La période de la dictature reste une blessure ouverte dans une société fracturée. Depuis les violentes manifestations de 2019 sur fond de crise sociale, le Chili s’est pourtant fixé pour objectif de rédiger une nouvelle Constitution afin de remplacer l’actuelle Loi fondamentale, héritée de la dictature Pinochet. L’idée d’une nouvelle Constitution a été soutenue par près de 80% des votants lors d’un référendum en 2020. Et en 2021, le pays a élu pour président le progressiste Gabriel Boric.
Mais une première tentative de refonte constitutionnelle a abouti à un rejet du texte soumis au vote en septembre 2022. Neuf mois plus tard, les Chiliens ont voté en nombre pour l’extrême droite nostalgique de la dictature. Elle est aujourd’hui le courant le mieux représenté dans la nouvelle Assemblée constituante, chargée de la rédaction de la nouvelle Constitution. Le Parti républicain, qui s’est toujours opposé à l’idée d’une nouvelle Constitution, s’est en effet imposé comme la première force politique au Chili, en raflant 35% des voix des électeurs en mai dernier et près de la moitié des sièges du Conseil constitutionnel. Un symbole de la polarisation de la vie politique dans ce pays.
Pour aller plus loin, lire l’article de notre partenaire Mediapart à ce sujet : Au Chili, 50 ans après le coup d’État, une extrême droite renforcée réhabilite Pinochet
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