L’étape légèrement vallonnée vers Saint-Laurent du Maroni avec des petites bosses avalées sur le grand plateau aura été plus intéressante et plus riche d’enseignements que celle menant à Sinnamary en vue de la victoire finale dans ce Tour.
Des coureurs figurant dans les 15 premiers au général se sont en effet glissés dans l’échappée victorieuse et se sont quelque peu replacés au général.
Au cours de cette étape, pas toujours présents tous ensemble aux avant-postes du peloton, certains coureurs de la sélection de la Guadeloupe ont semblé commencé à tirer la langue.
Ils ont pu compter en fin d’étape sur le bref coup de main de l’équipe Centre-Nord de Melvin Rullière (2ème au général) pour limiter l’écart avec les coureurs échappés à 1mn 07 s sur la ligne et permettre à Boris Carène de conserver sa tunique jaune.
Mais 5 coureurs, dont l’inoxydable Patrice Denays Candau (Vélo Club Guyanais) qui s’est replacé, se tiennent désormais en un peu plus d’une minute et demi au classement général.
La victoire au sprint de James Grinville à Saint-Laurent en deviendrait presque anecdotique.
Patrice Denays Candau pa kô mô !
A 46 ans, le double vainqueur du Tour de Guyane ( 1998 et 2006) affiche une belle forme sur ce Tour 2017.
Samedi, lors de la première étape, il se glisse dans l’échappée victorieuse, y jouant au malin, ne prenant pas les relais et tentant d’aller chercher la victoire d’étape en démarrant à 500 mètres de l’arrivée (5ème sur la ligne).
Dimanche matin, n’ayant plus le jump de ses jeunes années, il limite bien les dégâts dans l’étape bosselée partant de Cacao.
L’après-midi, il est un ton en-dessous lors du contre la montre individuel (20 ème).
Lundi, il chute lourdement sur son genou et perd 14 secondes sur la ligne à Sinnamary suite à une cassure dans le peloton.
Ce mardi, il est encore dans l’échappée victorieuse d’une quinzaine de coureurs.
Une échappée où le vieux guerrier guyanais n’a pas ménagé sa peine et qui aura donné un peu de fil à retordre au peloton, l’écart étant monté à un moment donné à 2 mn 46 à moins de 40 km de l’arrivée.
A ce moment-là, le Guadeloupéen Boris Carène, virtuellement, n’était plus maillot jaune.
Car cette échappée comptait pas moins de trois coureurs dans les 15 premiers au général : parmi eux le Martiniquais Hervé Arcade, plus de première jeunesse, mais ancien vainqueur du Tour de Guyane, 14ème avant cette étape et qui se replace à la 8ème place à l’arrivée de celle-ci.
On y trouvait donc aussi Patrice Denays Candau, dans les 10 premiers mardi matin (6ème avant la cassure du sprint de Sinnamary) qui se replace à la 5ème place au général ainsi que l’Allemand Jullian Hellman qui, pour sa part, pointe désormais à la 4ème place au général à 1mn et 25 secondes seulement du maillot jaune (l’Allemand était 6ème ce matin).
Au regard de la dangerosité de l’échappée du jour, on a vu à un moment donné, sur la route de Saut Sabbat, un Boris Carène pas extrêmement serein se mettre, lui-même, à tirer des bouts droits en tête du peloton afin de limiter l’écart le séparant des échappés, un rôle normalement dévolu aux équipiers du maillot jaune.
Boris Carène a commis exactement la même erreur lors du dernier Tour de Guadeloupe qu’il a terminé à la 6ème place et exsangue.
Certes en Guadeloupe, les étapes étaient plus difficiles et le plateau plus relevé mais tout de même…
D’ailleurs, le porteur du maillot jaune un brin nerveux, à un moment donné, se laissera seul glisser jusqu’à la voiture de son directeur sportif au moment où l’écart avec les échappés excédait les deux minutes.
A l’arrivée, Boris Carène faisait d’ailleurs savoir aux journalistes qu’il était prêt à abandonner ce maillot jaune car, selon lui, son équipe ne pourra pas continuer à courir inlassablement derrière l’ensemble des coureurs dangereux au général d’ici dimanche.
Bluff ou pas ? La longue épreuve de mercredi (163,800 km) en direction d’Apatou après un début d’étape propice aux premières banderilles de Mana vers Saint-Laurent (en passant de nouveau par Saut-Sabbat) apportera certainement des éléments de réponse.
L’attitude de l’équipe Centre-Nord, à la rescousse des Guadeloupéens pendant quelques kilomètres en tête du peloton de chasse, en fin d’étape, même au prétexte de défendre une seconde place au général, est d’ailleurs discutable.
Il est plutôt de tradition de laisser le poids de la course à l’équipe du maillot jaune. Qui plus est quand celle-ci a affiché ses ambitions de victoire finale comme c’est le cas de la sélection de la Guadeloupe.
A la décharge des coureurs guadeloupéens, il n’est pas simple de contrôler une course par étapes, lorsque les écarts sont ainsi resserrés avec une équipe composée seulement de six coureurs dont 5 équipiers censés être dévoués corps et âme au leader théoriquement dispensé de relais.
En tout cas, le résultat de l’étape du jour (1) replace des coureurs au général et accouche de cette nouvelle donne : 1 mn 36 secondes seulement séparent le premier (Caréne) du 5ème (Denays Candau).
Et, il n’y a que 2 minutes et 45 secondes d’écart entre le premier du général et le 11ème (Demazy).
Enfin, trois coureurs martiniquais figurent, pour leur part, dans les 11 premiers.
De quoi provoquer un tir d’artillerie…
FF
Photo de Une (réalisée par Ronan Liétar) : Deux coureurs de la sélection de Guadeloupe emmènent le peloton devant Boris Carène sur le pont de Saut Sabbat
(1) En lien le classement de cette 4ème étape et le classement général à l’issue de celle-ci.
2 commentaires
Non monsieur Farine, votre photo d’illustration montre bien l’ensemble de l’équipe de la Guadeloupe au travail…je n’ai pas du tout la même lecture de la course, mais bon!
Sur la photo, certes, mais sur l’ensemble de l’étape cela n’a pas toujours été le cas, certains semblant à la recherche d’un second souffle. D’ailleurs trois coureurs dangereux placés dans les 14 premiers du général ont pu se glisser dans l’échappée victorieuse, remontant tous trois dans les 8 premiers au général. C’est donc qu’on n’a pas pu aller les chercher…