Dans l’attente de la validation par le Conseil constitutionnel de la loi de réforme des retraites, les intersyndicales « nationale et locale » restent mobilisées pour faire reculer le gouvernement. Une nouvelle journée de manifestation est organisée dans tout le pays ce jeudi 6 avril : la 11e depuis le début de ce mouvement de contestation inédit démarré le 19 janvier dernier. En Guyane, les syndicalistes ont organisé, ce jeudi, un rassemblement festif aux Chaînes Brisées à Cayenne, « un lieu symbolique pour dénoncer toute forme d’oppression ».
Rassemblement festif à Cayenne
À une semaine de la décision du Conseil constitutionnel qui doit se prononcer vendredi 14 avril sur la validité juridique de la réforme et sur le référendum d’initiative partagé porté par la gauche, les syndicats maintiennent le bras de fer avec le gouvernement sur le front des retraites.
En Guyane, les syndicalistes gardent le sourire. Ce jeudi 6 avril, 11e journée nationale de mobilisation, ils ont organisé un rassemblement festif aux Chaînes Brisées à Cayenne, « un lieu symbolique pour dénoncer toute forme d’oppression » souligne Patrick Christophe, le secrétaire général de la CFTC, qui fait remarquer la proximité du lieu avec le siège du parti de la sénatrice Marie-Laure Phinéra-Horth. L’ex-maire de Cayenne a voté en faveur du report de l’âge légal à 64 ans en première lecture au Sénat avant de s’abstenir sur le texte de compromis de la commission mixte paritaire.
Sur la petite place, à l’ombre d’une tonnelle, une cinquantaine de militants syndicaux et sympathisants sont venus échanger autour d’un groupe de musique. Batterie, saxophone, guitare, synthé, la musique est entraînante et parfois militante. Une nouvelle méthode pour animer la lutte contre la réforme des retraites souhaitée par l’intersyndicale en cette semaine de vacances scolaires et à la veille d’un long week-end pascal.
À la guitare, Farid assure être de toutes les mobilisations depuis « 25 ans. En 2017 notamment, où l’on jouait sur les ronds-points » explique ce professeur accro de musique. Alors presque naturellement il a répondu à l’appel de l’intersyndicale pour jouer contre la réforme des retraites. « Les musiciens sont militants, pas que pour le droit à la culture.«
« C’est plus festif mais la rage et la volonté d’aller jusqu’au bout restent » assure Suley Jaïr, enseignante dans le 1er degré. « La démarche et le but sont inchangés : nous voulons le retrait de cette réforme. Le gouvernement est borné mais nous aussi. L’entêtement est des deux côtés, sauf que nous nous battons pour l’intérêt général quand eux se battent pour la partie riche de la population » dénonce la co-secrétaire générale de la FSU. « Tant qu’il y a des initiatives de l’intersyndicale nationale, on continuera à proposer des actions » poursuit Denys Oltra, professeur d’histoire et membre du bureau de la FSU.
11e journée nationale de mobilisation
Cette 11e journée nationale de mobilisation est organisée dans le pays alors que les discussions entre les partenaires sociaux et le gouvernement sont dans l’impasse. Hier, les leaders des huit principaux syndicats se sont rendus à Matignon, l’occasion pour eux de demander à Elisabeth Borne de « retirer » sa réforme et d’affirmer haut et fort qu’ils refusent en attendant de « tourner la page » et « d’ouvrir, comme le propose le gouvernement, d’autres séquences de concertation« , notamment sur la rémunération du travail.
La rencontre a tourné court lorsque la Première ministre a annoncé que son gouvernement ne reviendrait pas sur le report de l’âge légal de départ à 64 ans et que la réforme, définitivement adoptée le 20 mars après le recours au 49.3 et le rejet de deux motions de censure, ne serait pas mise en suspens.
L’enjeu pour les syndicats est aujourd’hui de maintenir la pression au moins jusqu’à la décision du Conseil constitutionnel, qui rendra son verdict le 14 avril. En cas de validation des Sages, la réforme des retraites pourra être promulguée par le président. D’ici là, plusieurs batailles syndicales sont à prévoir car côté mouvement social, les syndicats ne baissent pas pavillon bien que la mobilisation marque le pas depuis l’adoption de la loi fin mars.
La semaine dernière, le 28 mars, la mobilisation avait selon le ministère de l’Intérieur rassemblé 740 000 manifestants en France, « plus de deux millions » selon la CGT. Des chiffres importants mais largement inférieurs aux pics de mobilisation répertoriés en janvier et février. En Guyane, la marche organisée dans le centre-ville de Cayenne avait rassemblé 150 manifestants, dont plusieurs Kourouciens venus grossir l’unique cortège planifié dans le département.
Les premiers chiffres de la journée du jeudi 6 avril montrent un essoufflement de la mobilisation, notamment dans l’Éducation nationale où le ministère a recensé moins de 8% d’enseignants grévistes. Les grèves sont également moins marquées, notamment à la SNCF, avec trois TGV sur quatre et un TER sur deux, en nette amélioration par rapport aux journées précédentes. A Paris, la RATP annonce ce jeudi un trafic « quasi normal » pour le métro et le RER.
D’ailleurs, l’intersyndicale nationale se réunira dans la soirée au siège parisien de Force ouvrière. Une rencontre qui devrait déboucher sur l’annonce d’une nouvelle journée de mobilisation la semaine prochaine. Probablement le jeudi 13, veille de la décision du Conseil constitutionnel de valider ou non le projet de loi du gouvernement.
Photo de Une : ce jeudi 6 avril, l’intersyndicale en lutte contre la réforme des retraites a innové dans sa forme de mobilisation en organisant à Cayenne un rassemblement festif et musical © Guyaweb
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