Pour cette 8e journée nationale de mobilisation contre le projet de réforme des retraites, et à la veille du vote final des députés, l’Intersyndicale de Guyane a durci la mobilisation. Quatre barrages filtrants ont été érigés ce mercredi 15 mars dès 6 heures sur des ronds-points stratégiques de Kourou, Saint-Laurent-du-Maroni et l’Île de Cayenne, entraînant jusqu’en fin de matinée des kilomètres d’embouteillage.
Une semaine après avoir bloqué le port de Dégrad-des-Cannes, l’intersyndicale FO, CFTC, CFDT, UTG, Unsa, FSU, Solidaires et CFE-CGC a souhaité « marquer le coup » affirme Christophe Madère, secrétaire général de l’Unsa. « La commission mixte paritaire se réunit aujourd’hui, il est important que la mobilisation ait un peu d’impact » explique-t-il posté au rond-point de Suzini où une opération de blocage filtrant a débuté dès 6 heures.
Toujours unie contre la réforme, l’intersyndicale n’a pas pour autant réuni ce mercredi les forces nécessaires pour un verrouillage complet de cet axe névralgique entre Rémire-Montjoly et Cayenne. Le barrage est donc filtrant, mais génère tout de même des kilomètres de bouchon. « On informe, on tracte, on conscientise » explique Suley Jaïr de la FSU. « Nous ne sommes pas là pour embêter la population mais pour être dans la pédagogie et expliquer à quel point cette réforme est injuste.«
À chaque passage, les manifestants distribuent des tracts et prennent le temps de discuter du projet de réforme des retraites dans un climat généralement détendu. Mis à part quelques automobilistes impatients, le message est plutôt bien accueilli et l’ambiance bon enfant. Certains klaxonnent en signe d’approbation. « Les ronds-points ont une histoire, ce sont des lieux de lutte symboliques où l’on fait passer ses revendications, où l’on discute, où l’on échange » explique Christophe Madère.
Commission mixte et vote final
Sur celui de la Crique Fouillée à Matoury, l’ambiance est aussi combative. « Malgré le vote des sénateurs et la réunion de la Commission mixte paritaire, on ne lâche rien. On montre que l’on ne veut pas de cette réforme et on continue de sensibiliser la population » explique Sabine Lagrèze, syndicaliste à Solidaires.
« La suite, c’est demain, à l’Assemblée Nationale. Mais c’est important d’être dans la rue aujourd’hui pour montrer au gouvernement que malgré tout le panel législatif dont il dispose, 44-3, 47-1…, ce n’est pas ça qui compte » déclare Sabine Lagrèze, l’une des dizaines de syndicalistes mobilisés sur le rond-point de la Crique Fouillée à Matoury où le barrage a été levé en fin de matinée, tout comme les autres points de blocages.
L’intersyndicale se réunira prochainement pour décider de la suite à donner, tout en ayant une oreille attentive à ce qui ressortira de la Commission mixte paritaire (CMP) – composée de sept députés et sept sénateurs – qui négocie sur ce projet de loi en ce moment au Palais Bourbon à Paris.
D’après les informations qui ont filtré de la réunion de la CMP, les parlementaires auraient adopté l’article 7 de la réforme qui prévoit le report de l’âge de départ à 64 ans. Alors qu’elle est pourtant organisée à huis clos comme le veut l’usage, la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot qui participe à cette commission mixte ou d’autres suppléants de la Nupes tweetent néanmoins les débats en direct. Une partie de la gauche avait demandé qu’ils soient publics, ce qui lui a été refusé.
Vers 18 heures, les parlementaires de la commission mixte paritaire sont parvenus à un accord sur une version commune du projet de réforme des retraites, qui devra encore obtenir un vote favorable du Sénat et de l’Assemblée jeudi pour être adoptée, sauf si le gouvernement recourt au 49.3.
L’accord, obtenu après plus de huit heures de débats, avec 10 voix contre 4, était attendu, la commission mixte (7 députés et 7 sénateurs) étant composée majoritairement de parlementaires favorables au recul de l’âge légal à 64 ans.
Si le projet de loi devrait être voté jeudi matin par le Sénat, qui l’a déjà approuvé en première lecture samedi, son adoption par l’Assemblée reste incertaine, notamment en raison de la position d’une partie des députés de droite.
Par Guillaume Reuge (avec KLS)
Photo de Une : Rond-point de la crique Fouillé à Matoury, un des quatre blocages filtrants érigés ce mercredi par l’intersyndicale contre la réforme des retraites à Kourou, Saint-Laurent, Matoury et Rémire-Montjoly © Guyaweb
1 commentaires
C’est quand même dommage que les syndicats n’aient pas compris que les blocages étaient plus irritants qu’autre chose. Ce type d’action provoque le contraire de ce qu’il est censé faire. Les bouchons renvoient toujours la même image pénible au lieu de provoquer une adhésion contre la réforme.