Mutiques et reclus depuis leur défaite au second tour de l’élection présidentielle au Brésil le 30 octobre, Jair Bolsonaro et son Parti Libéral contre-attaquent.
Le futur ex-président d’extrême droite avait pratiquement disparu de la vie publique depuis plus de trois semaines, après l’annonce de la courte victoire du leader de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva : 50,9% contre 49,1%.
Il était seulement sorti de son silence deux jours après le second tour, sans reconnaître explicitement sa défaite et évoquant le « sentiment d’injustice » de ses partisans qui manifestaient devant des casernes pour réclamer une intervention militaire. Une prise de parole de deux minutes qui avait permis de lever la plupart des barrages routiers qui bloquaient alors le pays.
Mais hier, mardi 22 novembre, c’est sur le plan judiciaire que son parti politique a décidé de porter l’estocade en demandant au Tribunal supérieur électoral (TSE) l’annulation des voix provenant de plus de 280 000 urnes électroniques, le principal matériel électoral au Brésil, en place depuis 1996 pour lutter contre la fraude.
Selon le Parti Libéral (PL), des « dysfonctionnements » auraient empêché la réélection de Jair Bolsonaro face à Lula. « Nous demandons l’invalidation des voix provenant des urnes électroniques pour lesquelles des dysfonctionnements insurmontables ont été mis au jour, et d’en tirer les conséquences juridiques pour les résultats du second tour« , le 30 octobre, rapporte l’AFP qui a pu lire la plainte déposée par le parti d’extrême droite qui n’en est pas à sa première attaque contre le système de vote électronique.
Nouveau décompte favorable à Jair Bolsonaro
La formation, qui a obtenu le plus grand nombre de députés et sénateurs à l’issue des élections législatives, estime que le « mauvais fonctionnement » de cinq modèles d’urnes « remet en cause la transparence du processus électoral« . D’après le PL, ces dysfonctionnements ont été démontrés dans un rapport d’audit commandé par le parti qui propose un nouveau décompte… favorable à Jair Bolsonaro.
Dans ce nouveau calcul, l’annulation des voix provenant des urnes dites défectueuses donnerait la victoire au président sortant avec 51,05% des suffrages, soit pratiquement l’inverse du résultat officiel (50,9% pour Lula, 49,1% pour Jair Bolsonaro).
Le président du Tribunal supérieur électoral, Alexandre de Moraes, l’un des principaux opposants de Bolsonaro durant son mandat, a répondu à la plainte en expliquant que ces modèles d’urnes avaient été utilisés non seulement au second tour, mais également au premier, le 2 octobre. Il demande donc que la plainte « concerne les deux tours« , sous peine d’être rejetée sans être analysée.
Mais une annulation d’une partie des voix obtenues le 2 octobre aurait également un impact sur les législatives, qui ont eu lieu le même jour, sur les mêmes urnes. Cela pourrait mettre en péril l’élection de nombreux parlementaires du Parti Libéral.
Auparavant insignifiant au Congrès, le PL a vu son nombre de députés multiplié par six – passant de 8 à 52, sur un total de 513 – à l’issue de l’élection législative.
Du fait de la longue passation de pouvoir au Brésil, qui s’étend sur près de deux mois et demi, beaucoup de revirements peuvent encore intervenir. Lula ne doit officiellement prendre les rênes du pays que le 1er janvier 2023.
Photo de Une : battu d’une courte tête le 30 octobre par Lula, Jair Bolsonaro n’a depuis jamais reconnu officiellement sa défaite et tente aujourd’hui de faire annuler une partie du scrutin présidentiel © Facebook Jair Bolsonaro
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