« Le processus vient de s’enclencher »
La marche de protestation universitaire de ce vendredi matin a rassemblé plus de « 2 000 » manifestants à Cayenne, « 1000 à Saint-Laurent » selon les contestataires – « 400 à Cayenne et 500 selon la police »*. « La stratégie d’élargissement » annoncée par les organisateurs paye. L’attention du ministère est entière et le Conseil général a fermement adopté une motion ce jour en faveur d’une gouvernance autonome. En apportant à son « Projet de motion sur la question universitaire » débattu en plénière ce vendredi matin des points de revendications portés par les syndicats enseignants et administratifs et les étudiants,…
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En tant que lecteur, je n’adresse pas une réponse formelle à Jean BERNABE; je préfère lui répondre indirectement en exprimant une adresse à mon amie guyanaise qui m’a interpellé; c’est aussi une adresse à l’ensemble du peuple guyanais en lutte pour l’Université Guyanaise.
« Ma très chère amie guyanaise,
Pour te dire que je partage ton émoi, ta stupéfaction, et ta désapprobation, concernant le positionnement de Jean BERNABE qui prend la suite de son ami Raphael CONFIANT.
J’ai l’avantage de faire partie de cette première génération d’étudiants antillo-guyanais, ayant osé et accepté de s’inscrire à l’UAG dès son ouverture à l’occasion de la première rentrée universitaire en Septembre 1977. C’était un pari, car les difficultés étaient initialement connues, mais c’était aussi par nécessité car, pour beaucoup d’entre nous, le fait de partir faire des études à Paris pouvait s’avérer très compliqué financièrement.
Dès le début, les étudiants de l’époque étaient confrontés aux questions de la qualité des études, et aux cursus universitaires. Dès le début, étudiants et personnels s’étaient donné la main dans la lutte pour faire aboutir la revendication d’une Université Antillo-Guyanaise digne de ce nom. Donc, en Guyane, l’histoire ne fait que se poursuivre.
Fort de cette expérience d’ancien étudiant, après re-lecture de la lettre de Jean BERNABE, je m’autorise à communiquer mon analyse et mes commentaires.
Quand il écrit :
1°) « Mon propos vise à compenser au sommet de l’Etat un éventuel défaut d’information objective » ; c’est faire offense à tous ceux qui font remonter l’information vers le sommet de l’Etat, en particulier :
– d’abord, la Présidente de l’UAG, qui tient son rôle en ayant informé son Ministère de tutelle à l’Education Nationale ( et qui par ailleurs, on ne le dit pas assez, a condamné les propos de R.CONFIANT),
– mais aussi le secteur en grève, Intersyndicale et Collectif Etudiant, car affirmer le contraire c’est dire en filigrane qu’ils racontent des inepties !
2°) « le Pôle Universitaire Guyanais, point de focalisation d’obscures récriminations » ; c’est faire des présupposées accusations sans citer personne, donc cela contribue à perpétuer un mauvais climat ambiant;
3°) « la Guyane ne peut atteindre à moyen terme une démographie optimale que par l’immigration » : c’est faire des affirmations qui supposeraient un diagnostic de politique publique, or le sujet c’est l’Université et l’aspiration à l’autonomie ou au plein exercice; donc c’est hors-débat, et c’est de l’amalgame;
4°) Dans la foulée, il est indiqué : « D’où la montée en puissance de démarches xénophobes » = il n’y a aucun lien de cause à effet scientifique entre les deux termes de la phrase ; par exemple, le Canada est une preuve que cette conclusion ne tient pas, car étant un pays d’immigration sans ségrégation ou xénophobie notables; mais c’est une pirouette, pour aboutir à la suite de son raisonnement, et à ses propres conclusions;
5°) Il met en contradiction « l’Inspection » diligentée, et les « Médiateurs » ; cela s’apparente à de la mauvaise foi car, sémantiquement, « les médiateurs » viennent avec un mandat unique pour régler le conflit immédiat et aboutir à une fin de grève, tandis que « l’Inspection » a une visée plus large, avec une portée décisionnelle sur le bilan de la gestion actuelle, et une visée stratégique, en envisageant les grandes décisions à prendre par rapport à la revendication d’Université en Guyane;
6°) « Pression sur des responsables élus » pour qu’ils démissionnent; sur ce point il a raison, mais c’est comme cela dans toutes les républiques et les démocraties quand il y a une crise qui perdure : soit quelqu’un démissionne de lui-même ( De Gaulle avait failli démissionné ! ; Lepelletier a démissionné de la CCIG mais pour d’autres raisons, ou encore Letchimy en tant que maire de Fort de France pour privilégier la Région ), soit on demande aux intéressés de démissionner, mais bien sûr rien ne les oblige à démissionner; le point essentiel étant qu’il s’agit des règles et du jeu de la démocratie qui prévoient le cas de figure de la « démission » en cas de crise; Et cela s’assimile à une certaine mauvaise foi, pour un intellectuel, d’affirmer le contraire;
Cela peut laisser sous-entendre une philosophie de société dictatoriale (qui ne prévoit pas les modalités de sortie de crise) contrairement à ce qu’il affirme plus loin en interpellant F.HOLLANDE sur le thème des « républiques bananières »; cela est d’autant plus étonnant qu’il parle de ses références à ses « indéfectibles convictions républicaines » !
7°) « le problème guyanais, qui est structurel, ne saurait être traité dans la précipitation » : oui, je suis d’accord, mais ma position en tant qu’anticolonialiste ou en tant que simple démocrate est de réaffirmer le droit pour tous les peuples et tous les pays, c’est de dire que le pouvoir de choix et de décision appartient au peuple guyanais;
Donc ce n’est pas le problème de J.BERNABE; je dis que c’est le problème des guyanais; chaque peuple avance à son rythme et au gré de ses choix;
En clair « sa ki bon pou zoua, bon ôsi pou kannà » ; en d’autres termes, c’est le droit à l’autodétermination pour tous les peuples, ceux de Guadeloupe, de Martinique, mais aussi celui de Guyane ; au nom de quoi, au nom de quel paternalisme on refuserait ce droit au peuple guyanais ?
8°) « Si positive qu’ait été en son temps la création de trois rectorats, les fonctions et missions d’une université ne sauraient s’assimiler à celles d’un rectorat ……. repenser la structure de l’UAG, etc » ; oui, et c’est le coeur du sujet. Moi je réponds toujours que le peuple guyanais est libre de demander ce qu’il veut, et doit faire ses propres expériences; mais cela ne m’empêche pas d’affirmer ma position personnelle, de penser qu’il faut une seule UAG ( à l’exemple de l’Université des West-Indies) avec des formations complémentaires et des formations communes, à l’exemple de la Faculté de Médecine qui ne peut « qu’être Antilles-Guyane » (sinon il n’existerait pas l’opportunité nouvelle de former des médecins antillo-guyanais par centaines), et composée de Pôles vraiment autonomes et complémentaires à l’image des composantes de l’Université des West-Indies, comprenant Barbade, Trinidad, Jamaique, et les autres.
De mon point de vue, il n’y a pas de contradiction entre l’UAG et l’affirmation de l’autodétermination; pour cela, je reprends le même exemple des pays de la Caraibe anglophone qui sont indépendants, mais qui ont su trouver la bonne formule pour structurer une seule Université des West-Indies composée de pôles universitaires autonomes dans chacun des pays membres ;
Il est un devoir pour tout intellectuel de montrer l’exemple, c’est à dire de débattre, d’émettre des points de vue mais sans jeter des anathèmes, sans tenter d’infantiliser le peuple guyanais, qui est un peuple majeur, exactement comme la Martinique ou la Guadeloupe ;
9°) « ne se réduisant pas à la construction de bâtiments pharaoniques, même si le patrimoine de la Guyane s’en trouve utilement enrichi » : çà c’est une offense et un comportement méprisant, que de faire allusion à des pré-supposés;
10°) En rappelant qu’il est « Hollandiste du deuxième tour » … et … « Professeur émérite des Universités », : c’est un peu étonnant, car après avoir tenu des propos véhéments, il prend soin de rebondir par ce qui s’apparente à un petit comportement de subordonné. c’est comme une réminiscence de l’histoire, comme le faisaient certains noirs envers le blanc, à l’image du comportement ( oui il faut le dire) d’un certain nombre d’Universitaires qui ont passé leur vie à s’accommoder d’un certain confort pour gravir les échelons universitaires, et vivre une petite carrière bien tranquille en bénéficiant du système. En Martinique, cela se sait.
En conclusion, cette prise de position de Jean BERNABE qui écrit au Chef de l’Etat français pour prévenir un « éventuel défaut d’information objective » , ne se base sur aucun élément objectif. C’est son droit de soutenir son ami Raphael CONFIANT, mais pas au détriment d’une juste lutte. Il devrait aussi se dispenser d’affirmations constituant tout simplement une vision erronée des aspirations du peuple guyanais, et de la liberté de revendiquer qu’exercent l’Intersyndicale et le Collectif des étudiants, pour de meilleures conditions d’études des étudiants en Guyane, et pour une véritable Université Guyanaise.
Enfin, les affirmations de R.CONFIANT et de J.BERNABE, n’engagent qu’eux-mêmes en tant qu’individus.
– Serge MARIE-MAGDELEINE,
– martiniquais, ancien étudiant antillo-guyanais, et ami du peuple guyanais – »