Les tensions et violences qui secouent l’Hexagone depuis mardi 27 juin et la mort d’un adolescent, Nahel, 17 ans, tué par un policier, se sont propagées dans la nuit de jeudi à vendredi en Guyane. Plusieurs quartiers sensibles du département et de Cayenne se sont embrasés dans la soirée. Un homme est décédé cité Stanislas. Selon les autorités, ce fonctionnaire territorial de 54 ans a été victime d’une balle perdue tirée par les émeutiers et destinée aux forces de l’ordre. Plusieurs habitants du quartier nous ont affirmé que le coup de feu provenait des forces de l’ordre.
L’embrasement. Alors que l’Hexagone en est à sa troisième nuit d’émeutes suite à la mort mardi à Nanterre de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un refus d’obtempérer, la Guyane a été atteinte dans la nuit de jeudi à vendredi par la flambée de violences.
Dès 20 heures, répondant à un appel lancé sur les réseaux sociaux, plusieurs individus ont érigé des barricades à Cayenne, notamment cité Mont-Lucas où les forces de l’ordre sont intervenues pour permettre aux pompiers d’éteindre des feux de poubelles et de palettes et mettre fin au caillassage de véhicules de particuliers.
D’autres quartiers du chef-lieu de Guyane (Novaparc, Village-Chinois), de Matoury, Macouria et Kourou ont également été le théâtre de violences urbaines. Deux-cent-cinq policiers, gendarmes et sapeurs-pompiers ont été mobilisés hier soir. Trois interpellations ont eu lieu à Balata (Matoury) où un cocktail molotov a visé des gendarmes.
Trois autres personnes, des mineurs, ont été interpellées à Mont-Lucas à Cayenne. Dans ce quartier, peu avant minuit, un riverain a été touché par un tir d’arme. Carl Tarade, 54 ans, résident de la cité Stanislas qui fait face à celle de Mont-Lucas, a reçu « une balle perdue » alors qu’il se trouvait « sur son balcon » a déclaré le préfet Thierry Queffelec lors d’un point presse donné ce vendredi matin depuis le Centre opérationnel de zone, la cellule de crise de la préfecture.
Deux versions différentes
« Alors que la situation était figée et que les policiers se retiraient, un tir à belle réelle qui était destiné aux policiers a atteint au thorax un riverain qui était sur son balcon. Cette balle perdue l’a tué » a précisé le préfet. Une enquête pour homicide a été ouverte et confiée à la police judiciaire de Cayenne.
Hier soir à Mont-Lucas, épicentre des violences, « de nombreux tirs à balle réelle ont visé les policiers » a assuré lors de ce même point presse le commissaire divisionnaire Philippe Jos, directeur territorial de la police nationale en Guyane. La police n’a pas fait usage d’armes létales en réponse, mais « de LBD et de gaz lacrymogènes » d’après la même source.
« C’est une mort de trop. Ce niveau de violence gratuite est difficile à comprendre » a concédé le préfet Thierry Queffelec qui dénonce une « instrumentalisation de la mort d’un ado« . Carl Tarade était fonctionnaire territorial au service démoustication de la Collectivité Territoriale de Guyane (CTG).
Sur place, cet après-midi, la version d’habitants de la cité, dont certains affirment être témoins oculaires, est totalement différente de celle des autorités. Pour Patrice, 33 ans, en vacances chez sa famille qui vit dans la résidence Stanislas, le coup de feu est parti des forces de l’ordre. « Ça ne venait pas du fond, de Mont-Lucas, mais de là où étaient les policiers devant le chinois. Le calme était revenu quand ça a eu lieu« , assure-t-il. « Surtout, les policiers n’ont pas bougé quand il y a eu la détonation, comme s’ils n’étaient pas surpris. S’ils ont merdé, il faut assumer mais vu le climat, ils n’oseront jamais dire qu’il y a eu bavure.«
En tant que témoin, Patrice, qui précise ne pas cautionner les émeutes liées à la mort de Nahel, a été auditionné par la police judiciaire qui n’avait pas pris le soin de rubaliser la scène de crime, laissée aux quatre vents et à la vue des gamins du quartier. « La police est censée nous protéger mais je n’ai pas confiance en eux », explique un jeune du quartier qui préfère rester anonyme. Il dit avoir « tout vu » de la scène hier soir.
« J’étais devant la résidence, pas loin des policiers quand il y a eu le coup de feu. La détonation venait de leur côté. Maintenant c’est leur parole contre la nôtre et nous savons très bien que nous ne sommes jamais écoutés. C’est d’ailleurs déjà écrit dans la presse que ce sont les jeunes de Mont-Lucas qui ont tiré alors que l’enquête n’est pas terminée. »
300 policiers et gendarmes mobilisés ce soir
À l’heure où nous écrivions ces lignes, l’autopsie n’était toujours pas pratiquée. Elle devrait permettre de révéler le calibre utilisé et par destination le type d’arme à l’origine du coup de feu. Le procureur nous ayant confirmé que le projectile n’avait pas été retrouvé car « il est encore dans le corps de la victime« .
Pour éviter un nouveau drame, le préfet a annoncé ce matin la mobilisation de 300 policiers et gendarmes cette nuit, appuyés par des drones et des hélicoptères. Deux arrêtés d’interdiction de transport d’essence et d’artifices (mortiers) ont également été pris par Thierry Queffelec. Les commerces fermeront à 20 heures et la ligne de bus n°7, desservant Mont-Lucas, ne circulera pas au-delà de 21 heures. Pour autant, comme à l’échelle nationale, aucun couvre-feu n’a été annoncé.
Dans l’Hexagone, 39 commissariats et 119 bâtiments publics ont été attaqués jeudi soir, lors de la troisième nuit consécutive d’émeutes liées à la mort de Nahel. À l’issue d’une réunion d’urgence du gouvernement, Emmanuel Macron a annoncé le déploiement de moyens humains et matériels (blindés de la gendarmerie) supplémentaires pour endiguer la violence. En parallèle, les bus et tramways ne circuleront plus à partir de 21 heures, et ce, sur tout le territoire français.
Photo de Une : Le riverain de 54 ans regardait les échauffourées depuis son balcon en rez-de-chaussée lorsqu’il a été atteint par un tir mortel au thorax © Guyaweb
8 commentaires
« Ramenez vos fusils » c’est pas un appel au rassemblement mais un appel au meutre.
Et il y a bien eu un mort hier soir…
C’est quelque peu inquietant de savoir qu’il suffit desormais de quelques « chauffeurs d’ambiance » sur les reseaux sociaux pour activer instantanément des emeutiers qui n’attendent que ça. Et ces gens là n’agissent absolument pas par colère suite à la mort du jeune à Nanterre.
N’ayez craintes, trop violans est dans la place !
11 policiers adjoints ( futurs policiers patentés) pris la main dans le sac de schnouf !
Ça doit représenter une promo complète ! Mais rassurez vous braves gens, l’autonomie approche ! La Guyane décolle !
On ne saisit pas trop le lien. C’est quoi le rapport avec la choucroute? Frog doit certainement avoir un tuyau en béton sur le positionnement politique «autonomiste» des 11 policiers adjoints en question. Ils sont tous encartés au mdes? Parce que sans cela…en quoi un possible constat de corruption au sein de l’institutions policière et régalienne locale, actuellement gérées à 100% par l’Etat, serait de facto un argument percutent contre l’évolution statutaire? N’y aurait-il pas là un petit problème de logique? D’amalgame confus au minimum? D’autant que l’autonomie politique locale ne signifie pas que l’Etat abandonne ses prérogatives régaliennes. L’excellent travail de recrutement ou de formation actuel de la place Beauvau, ne serait donc pas remis en cause…
En tous les cas dans mon quartier il y a eu des tirs (la Crique) bien avant l’arrivée de la police ,ces derniers sont arrivés pour permettre aux pompiers d’éteindre les feux,ils n’ont jamais sorti leurs armes.L’information que le tir provenait d’une arme des forces de l’ordre a circulé sur les réseaux sociaux jusque dans l’Hexagone. Hier soir les pompiers sont venus éteindre des feux ,ce qui me dérange c’est l’âge des meneurs de trouble et le prétexte » soutien à Nahel » plutôt la haine du policier et l’envie de casser.
Il y a une erreur c’est la ligne 3 pour Mont-lucas, la 7 qui passe très tard vers 20h30 dessert Matoury.
Et non Frog, très peu de policiers adjoints deviennent titulaires en réalité.
Merci Guyaweb de tenter d’éclaircir le décès de ce monsieur et qu’on essaye de savoir d’où provenait « cette balle perdue » par un émeutier ou par la police…