Qualifiées d’ « intolérables » par la gendarmerie et de « propos inadmissibles » par le ministre de l’Intérieur, les « allégories » animalières d’un chef d’escadron, révélées par Le Monde et LCI, font l’objet d’une procédure disciplinaire.
Cet officier de gendarmerie a été effectivement fort peu amène avec les habitants de la Guyane lors d’un discours prononcé fin avril à Saint-Laurent du Maroni à l’issue d’une mission de trois mois, selon les témoignages recueillis par LCI et Le Monde (abonnés).
« Quelle faune exceptionnelle que tous ces singes hurleurs lançant autant de jurons que de parpaings pour marquer leur territoire, ces petits caïmans trempant jour et nuit dans l’alcool et entourés de plantes euphorisantes, s’en prenant sans prévenir à des proies toujours crédules » a dit l’officier.
Dans cette allocution qu’il a présentée comme une « allégorie », le chef d’escadron sur le départ évoquait également « des paresseux très nombreux dans la région, dont la réactivité et l’envie de travailler n’ont d’égal que les résultats qu’ils obtiennent ».
Prononcé devant plusieurs dizaines de ses subordonnées et des personnalités civiles dont le sous-préfet de Saint-Laurent, ce discours a choqué nombre d’entre eux mais il a été publié dans un journal destiné aux gendarmes et il est resté affiché durant plusieurs jours dans la gendarmerie selon Le Monde et LCI.
Auditionné par sa hiérarchie, le chef d’escadron diplômé de Saint-Cyr a plaidé « la maladresse » mais les services de communication de la gendarmerie ont parlé de « propos choquants, intolérables » et une procédure disciplinaire a été ouverte à son encontre.
Evoquant le «strict respect des règles déontologiques » et « l’exigence d’exemplarité» qui doivent « encadrer l’action des forces de sécurité», le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a quant à lui stigmatisé des « propos inadmissibles et choquants» et un « comportement fautif » dans un communiqué publié ce dimanche matin.
6 commentaires
Il est vrai que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire. La réserve qu’impose la profession aurait dû s’imposer car ça n’apporte pas grand chose au débat, quand bien même les gendarmes auraient à souffrir de certains contextes.
Je me relis et précise que quand j’écris vérités ce ne sont pas les miennes, surtout dans la forme « animalière » de la démonstration.
Vous faites bien de vous reprendre, en première lecture on aurait en effet pu croire un instant que vous cautionniez ce gendre de propos racistes sans grande subtilité. Une autre vérité que cette forme d’atavisme rhétorique douteux qui ressort ça et là. Et tous les clichés n’étant pas vérité, pourvu que les bêlements allégoriques de cette « brebis » égarée n’entache pas trop la perception générale du niveau intellectuel global de la la grande muette.
N est pas De La Fontaine qui veut et quant bien meme, si on a de la noirceur dans l ame, cela transpirera toujours meme travers de beaux discours….
L autre question et pas des moindres : le sous prefet a t il applaudit a la fin de ce discours ?
Et si non, alors pourquoi n est ce pas lui qui ai fait remonter cette affaire au plus haut (ndlr : relever par Le Monde et LCI) ?
Enfin franchement les réactions offusquées ressemblent aux bals des biens pensants, qui minaudent en se cachant derrière leur soi disantes vertus.
Il se dit bien pire dans la rue, sur les marchés, dans les conversations de certains salons sans même parler des réseaux sociaux.
Il est oublié aussi que cet article est paru dans un journal interne de la gendarmerie, sans que cela n’eveuve personne pendant 15 jours avant la divulgation par LCI et LE MONDE. Si tel avait été le cas le sous Prefet aurait dû le faire savoir immédiatement publiquement à minima.
Je me méfie donc de cortège de réactions outrées, car qui peut dire sur le fonds n’avoir jamais s’être laissé aller à des raccourcis ignobles, sauf à vouloir une société policée, fade, corporatiste et au final inhumaine.
Un officier de gendarmerie qui se laisse aller à proférer en public des propos racistes potentiellement répréhensibles devant la loi… cela ne manque pas de sel en effet. Et les vertueux qui réclament de l’exemplarité aux dépositaires de l’ordre républicain, ne sont sans doute que des pisse-froid. C’est si commode. Vous aurez beau minimiser, il n’empêche que ce genre de gouaille raciste a valu une amende de 10 000€ au directeur du journal Minute qui avait cru malin, lui aussi, de comparer Taubira à un singe. Et si l’affaire est remontée dans les médias nationaux, c’est bien qu’elle a aussi dû en indigner beaucoup en interne.