Nouvelle-Calédonie : l’Assemblée nationale adopte le texte contesté de réforme constitutionnelle
Un mois après le vote favorable du Sénat, l’Assemblée nationale a adopté mardi par 351 voix contre 153 le projet contesté de réforme constitutionnelle visant à élargir le corps électoral en Nouvelle-Calédonie. Sur place, ce projet de loi enflamme l’archipel du Pacifique Sud qui a connu une montée des violences dans la nuit de lundi à mardi puis dans celle de mardi à mercredi après une première nuit agitée, dimanche. En dépit d’un couvre-feu décrété pour Nouméa et son agglomération, deux personnes sont mortes suite à des blessures par balle dans la nuit de mardi à mercredi. Quarante ans après…
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15 commentaires
Sans aller jusqu’à hystériser la chose en parlant de haine des députés Macronistes, LR et RN…Cela résume bien la haute considération de la grande majorité des parlementaires métropolitains envers les élus autochtones et leurs revendications.
Les parlementaires sont les représentants des français. De manière directe ou indirecte. Ni plus ni moins.
On s’en doutait, mais il est à noter qu’en France le respect des peuples autochtones, et partant la remise en cause du fait et méfait colonial, est bien clairement une prédisposition de gauche…C’est assez frappant sur la répartition très clivée des votes dans l’hémicycle.
Pour ma part, je ne vois rien d’étonnant à ce vote au vu des femmes et hommes politiques que nous avons en France et des résultats aux élections législatives et présidentielles. Le clivage droite/gauche n’a franchement pas/plus grand sens selon moi mais pourtant, on nous dit qu’il est de retour avec une polarisation aux extrêmes des citoyens sur l’échiquier politique.
« Vous dites que si les commentateurs adoptent si facilement la thèse de la disparition de ce clivage, c’est parce qu’ils « mélangent l’offre et la demande ». Qu’entendez-vous par là ?
Avec cette question, on arrive à une controverse qui est au cœur de mon livre. En effet, dans les médias, des commentateurs, experts ou autres, affirment que le clivage droite/gauche est « dépassé » sans toujours réaliser qu’ils ne font pas la distinction entre l’offre et la demande. Or ce sont des notions clés si l’on veut comprendre l’état politique d’une société, quelle qu’elle soit. L’offre est ce que proposent les partis et personnalités politiques qui préconisent des mesures, nouent des alliances et se perdent souvent en querelles internes. Et là, on peut s’interroger sur les différences susceptibles d’exister entre telle et telle formation. En revanche, la demande politique — ce que croient et souhaitent les électeurs — est bien différenciée et stable. Nos concitoyens savent très bien s’ils sont de droite, de gauche ou sans affinités précises. Moins de 9 % d’entre eux ne se situent pas sur un axe droite/gauche et ce positionnement idéologique est un marqueur profond de l’identité sociale d’un individu. Selon qu’ils se disent de droite ou de gauche, ils n’ont ni les mêmes opinions, ni les mêmes comportements. Or (faute de connaitre le terrain peut-être ?), les commentateurs s’en tiennent généralement à l’offre et en tirent des conclusions qu’ils projettent sur l’ensemble de la société, comme si la demande ne faisait que refléter l’offre. Or aussi bien les grandes enquêtes quantitatives du CEVIPOF que mes enquêtes qualitatives montrent leur erreur.
Ce clivage irrigue la vie de l’immense majorité des Français et Françaises. Loin de disparaitre, il sera déterminant lors des prochaines consultations. Quelques chiffres récents (voir la tribune, « Ni gauche ni droite… Bien au contraire », que j’ai publié avec Pierre Henri Bono le 23 septembre 2020 dans Libération). D’après les enquêtes du CEVIPOF les personnes qui se sentent proches des partis de gauche (tels La France Insoumise et le Parti socialiste) se placent à gauche (sur l’axe droite/gauche) à 80 %, celles qui ont une proximité avec les Républicains se classent à droite à 88 %. »
(Janine Mossuz-Lavau docteure directeur de recherche émérite à Sciences Po).
https://www.sciencespo.fr/research/cogito/home/le-clivage-droite-gauche-est-bien-vivant/
Oui et ? Vous citez une source et ? Déjà un classement qui irait de l’extrême gauche à l’extrême droite n’a pas de sens. Selon les chercheurs c’est plutôt :
https://www.contrepoints.org/2014/03/08/158873-carte-de-lechiquier-politique-francais
Après, tant mieux si vous croyez à ce clivage droite/gauche. Je pense qu’il n’est plus opérant depuis des décennies et que les citoyens sont extrêmement versatiles selon les questions socio-économiques et les échelles concernées.
Cette conscience politique très clairement à gauche s’agissant du fait colonial persistant en Nouvelle-Calédonnie, ne sort pas de nulle part… Car ce n’est certainement pas Le Figaro, qui divulgua la lettre que Pierre Messmer, premier ministre en 1972, adressa à son secrétaire d’Etat aux Dom-Tom.
« LA discussion sur la composition du corps électoral appelé à se prononcer sur le statut de la Nouvelle-Calédonie et, le moment venu, sur son accession à l’indépendance, désarçonne parfois l’électeur “métropolitain”. Elle a pourtant sa raison d’être, tant le pouvoir colonial a historiquement consacré ses efforts à rendre les Kanak minoritaires chez eux. Un texte officiel l’avait codifié ouvertement: la lettre de Pierre Messmer, premier ministre en 1972, à son secrétaire d’Etat aux DOM-TOM. Extraits choisis.
“La Nouvelle-Calédonie, colonie de peuplement, bien que vouée à la bigarrure multiraciale, est probablement le dernier territoire tropical non indépendant au monde où un pays développé puisse faire émigrer ses ressortissants (…). La présence française ne peut être menacée que par une revendication nationaliste de populations autochtones (…), l’immigration massive de citoyens français métropolitains ou originaires des DOM devrait permettre d’éviter ce danger (…). A long terme, la revendication nationaliste autochtone ne sera évitée que si les communautés non originaires du Pacifique représentent une masse démographique majoritaire. Il va de soi qu’on n’obtiendra aucun effet démographique à long terme sans immigration systématique de femmes et d’enfants (…). Sans qu’il soit besoin de textes, l’administration peut y veiller (…). Le succès de cette entreprise indispensable au maintien de positions françaises à l’est de Suez dépend de notre aptitude à réussir, enfin, après tant d’échecs dans notre histoire, une opération de peuplement outre-mer.”
Ce langage paraissant un peu trop éthéré à Roger Laroque, maire de Nouméa, celui-ci le traduisait en clair, avec la vulgarité qui l’a laissé célèbre: il faut “faire du Blanc”…
Cette obsession raciale est d’ailleurs restée intacte chez Pierre Messmer. Son dernier livre, récemment paru chez Albin Michel, s’intitule: “Les Blancs s’en vont. Récits de décolonisation.” A l’intérieur, un chapitre clame avec soulagement: “Outre-mer: les Blancs ne s’en vont pas”… Un vocabulaire qui, d’une certaine façon, évoque celui du vieil apartheid sud-africain. »
(Article: Quand Messmer « fait du blanc » – l’Humanité – publié le 9 novembre 1998)
La droite ne lit pas l’Huma…Normal que 25ans après les accords de Nouméa et la parution de cette preuve manifeste d’une politique de peuplement délibérée, ayant pour but de minorer la population autochtone kanak,…elle choisisse de la mépriser à nouveau.
Ce qui ne répond pas à plusieurs questions ? Qui aurait alors le droit de voter ? Uniquement les kanaks ? Les résidents depuis combien de temps ? D’ailleurs, il ne faut pas oublier que les indépendantistes ne représentent absolument pas tous les kanaks. De plus, le prisme colonial est très limitatif comme unique unique vision des choses. A quand le fait-on remonter pour parler d’une légitimité sur un territoire ? C’est la même chose dans la plupart des outremers.
Je ne savais pas que Rocard et Jospin étaient de droite…
« Pierre Messmer le dernier gaulliste »
https://www.charles-de-gaulle.org/blog/2020/04/03/pierre-messmer-le-dernier-gaulliste-de-frederic-turpin/
« La réforme du corps électoral est nécessaire du point de vue du droit national et international, et personne ne s’y oppose vraiment. Mais pour l’actualiser, il faut l’inclure dans un accord politique global. Lors de mon audition par les députés de la commission des Lois, j’ai recommandé de suspendre la réforme actuelle pour chercher un compromis politique sur les aspects institutionnels, économiques et internationaux, sur le maintien dans la République, sur les mécanismes de discussion de l’autodétermination et le respect de l’identité kanak.
Mais pour faire ça, il faut un peu de temps. Et là où je suis inquiet, c’est que le président de la République a donné un ultimatum en suspendant pendant un mois et demi la convocation du Congrès. Mais fin juin, c’est tout de suite ! Je rappelle que le Conseil d’Etat a proposé que les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie puissent être reportées à une date limite fixée à novembre 2025, soit dix-huit mois pour trouver un compromis. Peut-être qu’il faut commencer par désigner une mission de dialogue pour faire une médiation. Mais tout cela n’a de sens que si le calme revient en Nouvelle-Calédonie. C’est une situation inacceptable, il faut absolument y mettre fin. Mais on n’y arrivera pas uniquement par des moyens d’ordre public, mais aussi par un message politique. » (JM AYRAULT – Le NouvelObs – 16 mai 2024).
Sinon vous avez des idées propres sur la question ou c’est uniquement à coup de copier coller ?
– Qui aurait alors le droit de voter ? Uniquement les kanaks ? Les résidents depuis combien de temps ? D’ailleurs, il ne faut pas oublier que les indépendantistes ne représentent absolument pas tous les kanaks. De plus, le prisme colonial est très limitatif comme unique unique vision des choses.
– A quand le fait-on remonter pour parler d’une légitimité sur un territoire ?
« La réforme du corps électoral est nécessaire du point de vue du droit national et international, et personne ne s’y oppose vraiment. Mais pour l’actualiser, il faut l’inclure dans un accord politique global. » (JM AYRAULT – Le NouvelObs – 16 mai 2024).
Visiblement toujours pas d’opinions propres ?
« …A cette négation des éléments fondamentaux de l’identité kanak se sont ajoutées des limitations aux libertés publiques et une absence de droits politiques, alors même que les kanak avaient payé un lourd tribut à la défense de la France, notamment lors de la Première Guerre mondiale. Les kanak ont été repoussés aux marges géographiques, économiques et politiques de leur propre pays, ce qui ne pouvait, chez un peuple fier et non dépourvu de traditions guerrières, que provoquer des révoltes, lesquelles ont suscité des répressions violentes, aggravant les ressentiments et les incompréhensions. La colonisation a porté atteinte à la dignité du peuple kanak qu’elle a privé de son identité. Des hommes et des femmes ont perdu dans cette confrontation leur vie ou leurs raisons de vivre. De grandes souffrances en sont résultées. Il convient de faire mémoire de ces moments difficiles, de reconnaître les fautes, de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souveraineté, préalable à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun. » (Accords de Nouméa – 1998 )
« …de reconnaître les fautes, de restituer au peuple kanak son identité confisquée, ce qui équivaut pour lui à une reconnaissance de sa souveraineté, PREALABLE à la fondation d’une nouvelle souveraineté, partagée dans un destin commun. »
« Et Jean-Marie Tjibaou disait: Et bien nous, les Kanaks, on vous emmerdera jusqu’à notre indépendance » (Michel Lolo, militant indépendantiste Kanak – Arrêt Sur Images 16/05/24)