Samedi 23 Novembre

Les hurleurs disent « non à l’indifférence »

Un mois après sa création, le collectif Les hurleurs de Guyane passe à l’attaque et prépare une « mobilisation citoyenne » lors de la venue envisagée de François Hollande à la mi-décembre, « pour dire stop à l’orpaillage illégal ». Depuis début octobre (Guyaweb du 04/10), le mouvement se réunit chaque semaine et rassemble aujourd’hui «  des dizaines de citoyens, d’associations et de structures économiques, politiques et sociales », qui ont décidé de se lever d’un seul homme contre l’orpaillage illégal. Pour « stopper ce fléau qui touche notre société depuis plus de 20 ans et tout particulièrement nos compatriotes de l’intérieur…

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5 commentaires

  • Observations et recueils de témoignages
    du 29/10 au 04/11/2013 dans le Haut-Maroni

    Depuis quelques mois il est constaté une recrudescence de l’activité d’orpaillage illégal dans le Haut-Maroni, au sein du Parc Amazonien de Guyane (tant en zone coeur de parc qu’en zone de libre adhésion).

    De nombreux témoignages ont été recueillis afin de croiser les informations et de s’assurer de leur véracité, le tout complété par ma connaissance des lieux en général et de nombreux sites clandestins en particulier. Parmi ces témoignages figurent des habitants des villages Wayana et Teko, des agents du Parc et des intervenants sur les opérations Harpie.

    Le périmètre faisant l’objet de ces constats s’étend d’une zone triangulaire allant de Bostok sur la rivière Tampoc (entre les villages d’Elahé et de Cayodé), en passant par Degrad Roche, au secteur aval de la Waki jusqu’à Vitalo (en amont de Grigel) et le secteur de la rivière du Petit Marouini (incluant les criques Lipo-Lipo et Hélène, situées entre le Tampoc et le Litani) s’étendant jusqu’au dessus de l’Ouléwali sur le Litani, partie amont du Maroni (des prospections sont en cours côté français par les clandestins en face de la crique Louey).

    L’activité illégale des clandestins se décomposent en deux modes opératoires : orpaillage alluvionnaire et extraction primaire. Quelque soit le procédé, le mercure est utilisé pour amalgamer l’or.
    Autant l’activité alluvionnaire est facilement identifiable au vu des dommages causés à l’environnement périphérique : déforestation, pollution des cours d’eau, déchets multiples…, autant l’extraction primaire est très difficilement repérable car elle consiste en la création de galerie souterraine pratiquée sous le couvert de la végétation (ne nécessitant donc pas de déforestation). Seule la remontée des filières d’approvisionnement permet de les localiser.

    Ainsi il y a plus d’une trentaine de sites alluvionnaires dont plus d’une vingtaine officiellement identifiés et à peu près le même nombre de puits d’extractions primaires.

    Afin de contourner les opérations Harpie les brésiliens ont adapté leurs modes de fonctionnement. Ils ont tissé un réseau impressionnant de pistes de quads à travers la forêt et utilisent de moins en moins les voies fluviales sur les zones intérieures (sachant que sur les cours d’eau frontaliers (avec le Surinam) ils ont toute liberté de circuler) et afin de ne pas être pénalisé par le bas niveau des eaux en saison sèche. Ils approvisionnent les secteurs Bostok et Degrad Roche soit via l’Inini et une piste de quad parallèle au Tampoc (mise en place pour contourner l’ancienne présence d’un barrage de Gendarmerie sur le Tampoc), soit via une piste de quad partant du pied de saut Tampoc (en utilisant des complicités de la population locale pour le transport de carburant et de marchandises).
    Ainsi sur le secteur du Haut-Maroni plus d’une trentaine de quads circulent d’un site à l’autre.

    A Bostok plusieurs puits d’extraction primaire sont apparus il y a environ 2 mois. Il y en a aussi de plus en plus sur les différentes zones orpaillées antérieurement, notamment à Degrad Roche, crique Hélène (dont certains ont fait l’objet d’interventions des forces de l’ordre).
    Les orpailleurs creusent des galeries jusqu’à 20 à 30m de profondeur et en plus de concasseurs ils utilisent même des souffleries pour assurer l’apport d’air dans les galeries.
    A Grigel l’orpaillage alluvionnaire est aussi de retour à grande échelle jusqu’à Vitalo (secteur Waki).
    L’approvisionnement des sites à partir de Yao Pasi (village créé de toutes pièces il y a quelques années par les clandestins en bordure du Maroni côté Surinam) se fait de plus en plus à dos d’homme pendant quelques kilomètres dans la forêt afin de laisser le moins possible de traces permettant de remonter à leurs sites ou jusqu’au pistes de quads. Ils évitent aussi de laisser des déchets permettant de les localiser. A cela il faut ajouter la présence de plus en plus nombreuse de sonnettes (guetteurs signalant l’arrivée des forces de l’ordre ou d’agents du Parc).

    D’une part, il est assez étonnant qu’Albina 2 (village de clandestins et de magasins ‘chinois’ en face de Maripasoula sur la rive surinamaise) ne fassent pas l’objet d’une plus grande surveillance (à partir de la rive française) sachant que la plupart du transport de carburant et de fret transite par cette base arrière avant de remonter le Maroni pour approvisionner les clandestins.
    D’autre part les orpailleurs sont confortés dans leur action par le sentiment d’impunité que leur offre la loi française. Lors des interventions des forces de l’ordre les illégaux les regardent détruire leur matériel (parfois avec un petit sourire narquois), ils savent que dès le lendemain ils recevront de nouvelles pompes ou concasseurs via le Surinam. Le pire qu’ils risquent est une reconduite à la frontière (avec un retour sur leur site très vite organisé).

    Enfin il faut signaler que de plus en plus souvent les agents du Parc ou des amérindiens des villages près des sites sont menacés par les orpailleurs brésiliens. Régulièrement ils font l’objet de menaces de mort.

    Une campagne de prélèvements, afin d’analyser le niveau d’imprégnation mercure des populations locales, a eu lieu dans le village de Cayodé (plus de la moitié concerne des enfants de moins de 10 ans dont le développement cérébral n’est pas terminé et qui sont les plus vulnérables aux désordres provoqués par le mercure). Les résultats sont attendus dans environ 2 mois.

    Solidarité Guyane, le 06 novembre 2013

  • moi je me demande que fait l’état colon de tout cela : si c’était en métropole que ces crimes se faisaient ils auraient envoyé un contingent comme au Mali;
    Messieurs les bons a rien du gouvernement nous sommes aussi envahi par des terroristes de l’or qui polluent notre terre et contamine notre peuple;
    autochtone de Guyane réveillez vous !!! car la France ne le feras pas pour vous

  • J’ai bien peur que ce ne soit encore un vœu pieu qui ne changera rien, parce qu’on a aucun pouvoir.

    Le problème de l’orpaillage est un peu plus complexe que la réduction qu’on en fait et il est aussi vain de demander l’arrêt de l’orpaillage que d’exiger l’arrêt de la délinquance. L’orpaillage, ce sont des intérêts financiers énormes au plus haut niveau et aucune enquête n’est lancée pour identifier les financiers du système et encore moins les contrer. Quand on voit le MEDEF plaider pour toujours plus d’extraction des ressources minières en Guyane, quand on voit la place importante et le pouvoir de Carole Ostorero dans l’échiquier politique, quand on voit Alexandre renier ses engagements de campagne et relancer le projet de la montagne de Kaw avec la sulfureuse et mercureuse IAMGOLD, il y a du souci à se faire sur l’efficacité d’une simple pétition qui ne fait pas le tour complet de la situation et ne propose rien de concret.
    Certains se lèvent contre l’orpaillage illégal, uniquement parce qu’il les concurrence dans leur activité légale et dans l’actvité illégale qui se cache souvent derrière la première. En fait le pb n’est pas tant l’orpaillage, que de mettre la main sur ses profits. C’est d’ailleurs la motivation essentielle des politiques, plus préoccupés de brasser rapidement du fric que de l’avenir de nos gosses.
    A l’autre bout de la chaine, l’orpaillage c’est la survie de nombreux garimpeiros qui n’ont que ça pour s’en sortir. Si on veut éradiquer le garimpo il faut commencer par lutter contre la misère des quatre états les plus pauvres du Bresil qui en fournissent l’essentiel de la main d’œuvre. Tant qu’il n’y aura pas d’autre moyen de survivre pour ces pauvres gens que le garimpo et la prostitution faute d’éducation et de travail, notamment parce que les subventions des travaux publics sont systématiquement détournées par une classe politique corrompue, il n’y aura pas de solution à l’orpaillage illégal. On ne pourra jamais laire que les gens crèvent de faim en regardant la richesse des autres ni mettre un soldat derrière chaque arbre et si cela se pouvait, il serait bien plus efficace à long terme de financer des enseignants et des projets économiques qu’une inutile et inefficace répression…. Or, on n’est déjà pas capable d’assurer l’éducation de nos petits Guyanais, ni même de leur donner un boulot et un futur…
    Il y a simplement des balles qui se perdent, mais peut-être plus pour longtemps, parce que lorsqu’on arrive à un tel niveau d’injustice et un tel verrouillage, ça finit toujours dans la violence.

  • POP

    Merci pour ces informations engagées et courageuses de Solidarité Guyane ! Ensemble on peut faire changer les choses ! Le Géant Brésilien et la France peuvent nous entendre, si nous HURLONS FORTS ! RDV le 20 novembre ! ! ! Non à l’exploitation humaine ! On a le devoir de le crier ! OUI !

  • Tobbie Rat

    Le thème de l’orpaillage clandestin est trop bien débattu, inutile d ‘en rajouter une couche de plus. Les souffrances de la population du haut Maroni sont connues de tous. A ce jour, une équipe a su apporter aux habitants de Maripasoula et plus en amont encore, le changement attendu avec un niveau de sécurité alimentaire élevé. Les nombreuses missions de la « Santé Publique » venues sur le fleuve en ont rêvé, eux l’on fait.

    Allez voir le film tourné en février 2013 sur le Maroni en suivant le lien
    http://dai.ly/x103b5y

    Bonne projection

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