Le préfet de Guyane a indiqué lundi en début de soirée, dans un communiqué, mettre fin à la procédure d’éloignement du lycéen de 21 ans de l’établissement privé Anne-Marie Javouhey de Cayenne, estimant probant l’élément nouveau lui ayant été fourni.
Ernso Beljour, de nationalité haïtienne, était en rétention depuis le 13 septembre mais il est établi que son père a été naturalisé français en 1995, estime désormais la préfecture.
Explications préfectorales et réaction de l’avocat du lycéen.
« Monsieur Ernso Beljour, se déclarant né le 3 juin 1997 en Haïti et de nationalité haïtienne, entré de manière irrégulière en Guyane en 2016, a déposé une demande d’asile soldée par des refus de l’Ofpra puis de la Cour nationale du droit d’asile en février 2018. Il a fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français avec délai (en mars 2018, ndlr), et il lui a été permis de terminer son année scolaire 2017-2018 en classe de Seconde au lycée Anne-Marie Javouhey. » note en premier lieu, avec nous semble-t-il une pointe de prudence voire de scepticisme, le communiqué du préfet dans cette affaire.
« Interpellé le 13 septembre 2018, il a été placé au centre de rétention administrative en vue de son éloignement. La Justice tant administrative que civile a validé à de multiples reprises la procédure diligentée par l’autorité administrative »., affirme ensuite le communiqué du préfet.
» Les éléments transmis par l’avocat de l’intéressé et recueillis par l’administration le 1er octobre 2018 ont permis d’établir que son père a été naturalisé français en 1995, mais a déclaré la naissance de son fils en 1997 auprès des autorités haïtiennes, sans déclarer cette naissance auprès des autorités françaises afin que l’enfant soit reconnu légalement en tant que français, ce qui a laissé l’enfant dans l’idée qu’il était de nationalité haïtienne, et dans l’ignorance de sa nationalité française. » ajoute le communiqué du représentant de l’Etat.
« Sur la base de ces éléments nouveaux, l’autorité administrative a pris, conformément aux lois et règlements, la décision de retirer les actes de la procédure d’éloignement afin de permettre l’élargissement de l’intéressé. », conclut le communiqué.
Je suis très heureux que le calvaire administratif de ce garçon soit enfin terminé (Me Jérôme Gay)
Mercredi dernier, une juge des référés du tribunal administratif de Cayenne avait rejeté une requête en référé-liberté introduite par Ernso Beljour visant à obtenir la suspenson de la mesure d’éloignement prise à son encontre, faute d’éléments probants fournis à la justice à cette date (voir cet article).
Lyrique, l’omniprésent Me Jérôme Gay, joint tard en France non ultra-marine où nous sommes déjà mardi (heure de Cayenne plus 5) a s’abord réagi à cette décision par cette envolée latine : « Juventuti Veritas ! A la jeunesse, la vérité ! », avant de commenter : « Je suis très heureux que le calvaire administratif de ce garçon soit enfin terminé. Cela doit nous conduire tous à toujours plus d’humilité et toujours moins d’empressement à juger ! ».
FF
21 commentaires
« Monsieur Ernso Beljour, se déclarant né le 3 juin 1997 »
Cette phrase est aussi pleine de sous entendu d’autant que les réseaux divers et variés ainsi que les conversations au chinois du coin relatent que cette personne aurait 31 ans. Dans cette affaire un nouveau revirement ou pas à suivre donc….
En même temps, les conversations au bar sans bar du coin, c’est régulièrement radio wèlèlè…
https://www.welt.de/regionales/hamburg/article172501285/Hamburg-Jeder-dritte-junge-Fluechtling-gibt-sein-Alter-falsch-an.html
En même temps, le mensonge sur l’âge concerne cca 80 % des migrants en Europe et même en temps les conversations au bar sont les premières à relater les faits véridiques.
Effectivement ce jeune homme ne connaissait pas la nationalité de son père????
Êtes-vous réellement en train de vous étonner qu’un enfant de Guyane ne connaisse pas son géniteur ? Si c’est le cas, je peux simplement vous signaler que certains d’entre aux ont une fâcheuse tendance à ne pas se préoccuper de leur descendance.
Le mensonge sur l’âge des migrants est essentiellement sur la notion de mineur ou majeur.
Si à son arrivée en Guyane en 2016, il « mentait » en se donnant 19 ans à la place de 29 ans … cela a peu d’intérêt. Aujourd’hui, tout autant.
Et qu’il ait 21 ou 31 ans (donc 2 ans ou 12 ans quand son père devenait Français), cela ne change rien non plus (il me semble) au fait qu’il obtienne la nationalité française.
Bref, ces discussions de bar sur l’âge du capitaine, quand bien même seraient elles des « faits véridiques », n’ont rien à voir avec le problème de cet élève.
En effet, les circonstances sont différentes et personne n’accuse ce jeune Français d’avoir menti sur son âge. L’incertitude transcendante autour de ses années n’en est que plus croustillante…
Si au commerce de proximité où la canette de bière coule à flots, on y avance un âge de 120 ans, ce sera peu transcendant…
Il me semble que c’est un certain Frédéric Farine qui a pointé sa semblasyon sur la « pointe de prudence voire de scepticisme » de la communiquée officielle sur l’âge de ce jeune Français.
Ca c’est autre chose que les certitudes au commerce proche des canettes susnommées
Tu peux te moquer des certitudes de commerce, mais la police française moderne fut fondée par Fouchée sur les écoutes de ces certitudes…
Les vérités sortent toujours par des canaux informels, seulement noyées dans le superflu. Faut-il le dire à un journaliste d’investigation ? Tu n’attends tout de même pas les communiquées préfectorales pour y dénicher les histoires ?
Tu prends le problème à l’envers. Cela ne signifie pas que toute affirmation péremptoire au café du commerce est une vérité. C’est assez dangereux ce système que tu défends. J’espère que tu vérifies avant d’emprisonner…
Disons qu’il vaut mieux essayer de vérifier et se dire que la vérité n’émane par forcément de l’homme qui a entendu dire que le cousin du facteur du tonton etc.
Moi, à l’envers ? Personne ne dit que toute affirmation péremptoire au café du commerce est une vérité. Je dis que les faits véridiques sortent tout d’abord au niveau et dans des ragots, des cafés du commerce si tu veux. Tout ragot n’est pas véridique, mais l’immense majorité des faits véridiques débute comme ragot… Ou si tu veux, tous les humains ne sont pas des journalistes, mais tous les journalistes sont des humains.
Ce n’est ni système, ni défense.
Cela dit, l’incertitude sur l’âge d’un natif d’Ayiti n’a rien d’étonnant.
Je ne suis toujours pas d’accord. Quand tu lis le nombre de contre-vérités reprises sans réserves sur les réseaux sociaux ( les fake news des sites humoristiques de type Legorafi sont régulièrement prises pour des vérités)… Ceci dit, les affirmations d’un préfet, d’un procureur, d’un évêque, d’un président de CTG, d’un Haitien sans papiers, doivent toutes être vérifiées (dans la mesure du possible).
Je ne comprends pas. Avec quoi tu n’es pas d’accord ? En quoi le surnombre des délires alcooliques et des fakes intentionnels démentirait le fait que parmi les bruits qui courent – où que ce soit – il y a aussi des faits parfaitement véridiques ?
Mais bien sûr qu’il faut tout vérifier. C’est l’essence de ton boulot en temps complet, non ?
Parce que tes réponses précédentes sont ambiguës. C’est la loi des grands nombres. Si tu affirmes qu’il va pleuvoir un jour tu auras raison. Si tu rapproche l’ordre de grandeur de véracité des ragots de comptoir de celui du nombre d’écureuils aveugles trouvant des noisettes, on est moins en désaccord.
Je ne me voyais pas ambigu, mais si tu le perçois… Le pb est que tu as l’air de réserver d’emblée la qualif « ragots de comptoir » aux seuls fakes. Alors que…
Alors que si l’ordre de grandeur de véracité des ragots de comptoir était comparable au nombre d’écureuils aveugles trouvant des noisettes, tu serais réduit à commenter les seules décisions de justice.
Justement, il manque des histoires issues des ragots, un peu comme l’emprunt garanti – et payé – par le département, au bénéfice de l’intéressée. Che plus son nom.
Son histoire, tu l’a bien dénichée en tant que ragot, non ? Et combien succulante !
Pas du tout. En premier lieu, dans un rapport d’inspection de la Sofideg, fait par des inspecteurs généraux. Et ensuite tu vas encore plus loin car il y avait et il y a matière.
Il me semble que pour qu’un enfant puisse bénéficier de la nationalité de son parent il faut au préalable qu’il soit mentionné sur la demande or votre article indique que ce jeune homme n’a pas été déclaré aux autorités françaises d’autant plus qu’il est arrivé illégalement sur le territoire français en 2016. À moins que les textes relatifs à l’acquisition de la nationalité française aient changé. Il serait opportun d’approfondir Guyaweb
Il me serait tentant et facile à répondre que j’ai déjà vu tant de rapports d’inspection officiels que je considère comme des ragots devant le Chinois… mais si ton rapport sur Sofideg s’avéra juste sur ce point, eh ben tant mieux.
Je dirais que si tu veux dénicher des affaires de corruption et d’autres anomalies, alors n’attend pas les rapports d’inspection. Va devant les ragots et tu feras mouche disons une fois sur trois. Au minimum. Tranquille, tu es en Guyane.