Le renouvellement des membres du Grand conseil coutumier des peuples amérindiens et bushinengués se tient les 12 et 13 avril. Pour rappel, cet organe consultatif a été créé en février 2017 par la loi Égalité réelle en Outre-mer (Érom) afin de représenter et défendre les intérêts juridiques, économiques, sociaux, culturels, éducatifs et environnementaux des peuples autochtones de Guyane.
La fin du premier mandat du Grand conseil coutumier (GCC) approche à grand pas. Sept ans après sa création par la loi Érom puis sa structuration en 2018, le GCC doit renouveler pour la première fois ses membres et élire un nouveau bureau. Ce changement aura lieu les 12 et 13 avril dans un hôtel de Macouria.
« Cet évènement prendra la forme d’un congrès des autorités coutumières et traditionnelles de Guyane » indique par communiqué le Grand conseil coutumier, et sera l’occasion pour l’ensemble des autorités coutumières et traditionnelles de Guyane et des associations représentatives de procéder à la désignation de leurs représentants appelés à siéger pour les six prochaines années, durée du prochain mandat.
Vendredi et samedi, six représentants des autorités coutumières et traditionnelles amérindiennes seront désignés par leurs pairs, ainsi que deux représentants désignés par les organismes et associations représentatifs des peuples amérindiens.
Par la suite, les autorités et représentants bushinengués « désigneront à leur tour et de la même manière leurs représentants« . Pour l’instant, le programme de la seconde partie du processus de renouvellement n’a pas encore été dévoilé et pourrait prendre du temps, le peuple bushinengé Aluku observant une période de deuil suite au décès le 22 mars du maître de l’art Tembé Antoine « Lamoraille » Aouegui, fondateur, entre autres, de l’association Mamabobi.
Cette période de deuil pourrait repousser la désignation des nouveaux membres bushinengués du GCC de « trois mois » indiquait France-Guyane dans sa dernière parution hebdomadaire.
Manque d’indépendance
Une fois les seize membres des deux collèges désignés, la ministre déléguée aux Outre-mer nommera deux personnalités qualifiées rattachées aux peuples amérindiens et aux peuples bushinengués pour compléter le renouvellement de l’organe. Enfin, les 18 membres désignés éliront pour trois ans leur bureau : président, vice-président représentant les peuples amérindiens, vice-président représentant les peuples bushinengués, secrétaire général.
Cette présence de l’État au sein du Grand conseil coutumier a été parfois vivement critiquée l’année dernière sur des sujets comme le projet de Commission vérité et réconciliation sur les homes ou la lutte contre la Centrale électrique de l’Ouest guyanais. Plusieurs leaders amérindiens fustigeaient notamment le manque d’indépendance du GCC que la tutelle financière de la préfecture génèrerait.
En 2023, de profondes divisions entre les collèges amérindien et bushinengué sont également apparues sur le projet d’évolution statutaire porté par l’exécutif de la Collectivité territoriale de Guyane.
Hasard ou non de calendrier, le renouvellement du Grand conseil coutumier intervient justement au même moment qu’un Congrès des élus sur l’évolution statutaire, prévu samedi 13 avril, devant voter une résolution relative aux peuples autochtones afin d’entériner leur représentativité au sein de la future collectivité territoriale. Un sujet épineux depuis la relance du processus d’autonomie en mars 2022.
Par ailleurs, le ou la prochain(e) président(e) du GCC sera issu(e) des nations amérindiennes, après deux ans de direction assurée par le capitaine bushinengué Bruno Apouyou. Les statuts du GCC prévoient en effet une présidence tournante entre les deux collèges, amérindien et bushinengué.
Photo de Une : l’actuel président du Grand conseil coutumier, Bruno Apouyou, ici au centre entouré du secrétaire général et du vice-président de l’instance, sera remplacé à la tête du GCC par un représentant des nations amérindiennes, présidence tournante oblige © GCC
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