Un rapport de la délégation sénatoriale aux Outre-mer tire la sonnette d’alarme sur la gestion des déchets en Guyane et à Mayotte. Pour ces deux territoires, les plus en difficulté, la délégation propose un plan Marshall des déchets à hauteur de 250 millions d’euros sur cinq ans.
« La cote d’alerte est atteinte voire dépassée dans certains territoires : Mayotte et la Guyane sont en urgence absolue. » Pour la sénatrice de la Réunion Viviane Malet (Les Républicains), auteure d’un rapport sur la gestion des déchets en Outre-mer, le constat pour ces deux territoires est alarmant. Mayotte et Guyane seraient « en situation d’urgence environnementale et sanitaire« .
Avec la sénatrice de l’Aude Gisèle Jourda (groupe socialistes, écologistes et républicains), elle a procédé concernant plusieurs territoires ultramarins à 160 auditions pour le compte de la délégation sénatoriale aux Outre-mer afin de réaliser ce rapport, rendu public ce vendredi 9 décembre et présenté à la presse la veille.
« En métropole, 15% des déchets vont dans des centres d’enfouissement, 85% sont valorisés. Outre-mer le rapport est inversé« , a rappelé Viviane Malet. C’est même « 100% à Mayotte où il n’y a pas de déchetterie« . Dans les territoires ultramarins, le coût de gestion des déchets est globalement 1,7 fois supérieur à celui de l’Hexagone, conséquence notamment de « recettes qui rentrent mal » dans les caisses des organismes de collecte et de tri.
« De manière générale, les Outre-mer souffrent d’un retard massif d’équipements. Hormis à La Réunion, dans les quatre autres DROM [départements et régions d’Outre-mer], le nombre de déchetteries par habitant est 2 à 9 fois plus faible que dans l’Hexagone » rappellent les rapporteuses.
« Par exemple, la Guyane ne compte que deux déchetteries pour un territoire grand comme le Portugal » ont-elles illustré. Le sujet y est brûlant alors que la décharge des Maringouins à Cayenne, saturée, doit fermer en 2024 et que son projet de substitution, qui devra absorber 80 000 à 100 000 tonnes de déchets par an, est en difficulté.
« Un plan Marshall des déchets »
Autre point saillant du rapport, la part importante des flux qui « échappent à la collecte, comme en Guyane et à Mayotte où les quartiers informels peuvent représenter jusqu’à 41% de la population. Le service de collecte n’y va pas« . Avec pour conséquence de « nombreux dépôts sauvages« .
Or ces dépôts alimentent une prolifération des rats, avec des conséquences sanitaires graves. « En Guyane, souligne Viviane Malet, la prévalence de la leptospirose, maladie bactérienne grave, est 70 fois supérieure à la France hexagonale. » Les déchetteries sauvages seraient également responsables d’un empoisonnement des sols.
Un constat qui nécessite selon les sénatrices la mise en place d’un grand plan de rattrapage pour la Guyane et d’un « plan Marshall XXL des déchets pour Mayotte« . Ce plan serait financé à hauteur de 250 millions d’euros sur cinq ans dans ces deux territoires, « en plus des fonds existants« , a insisté la sénatrice Gisèle Jourda. Mayotte et Guyane, « en grande difficulté, ont besoin d’un vrai réseau de centres de tri, de déchetteries, d’unités de valorisation énergétique et de mise aux normes des centres d’enfouissement« .
Cette proposition est la principale des 26 composant le rapport de la délégation sénatoriale aux Outre-mer, qui a également appelé à revoir complètement l’exportation des déchets dangereux vers l’Hexagone et à développer urgemment les filières locales.
Photo de Une : en Guyane, la gestion des déchets est une question brûlante et le projet de remplacement de la décharge des Maringouins (notre photo) un vieux serpent de mer © Archives Guyaweb
2 commentaires
Bizzare depuis des decennies meme pas un fremissement mediatique de la part des pseudos ONG_ECOLO sur cette polution extreme. Eux meme qui aboyent des que les milieux economiques prives doivent casser une branche pour developper le territoire…. mais bon… mordre la main qui les nourrie, avec des subventions bien grasses, ca ferait mauvais genre…..
Quelle main nourrit quelle ONG écolo ???? ce sont les intercommunalités qui ont en charge la gestion des déchets, laquelle accorde de « grasses subventions » à quelle ONG pour la museler? des noms !!! ou sinon, c’est une accusation sans fondement, voire du complotisme …