Dans un bilan des pontes publié mardi 3 décembre, le Réseau tortues marines de Guyane alerte sur les chiffres alarmants de la saison 2024 car une « baisse de la fréquentation des femelles nidifiantes est constatée en Guyane« . Les tortues luths sont au bord de l’extinction dans l’Ouest, la présence des tortues vertes est en diminution sur l’ensemble du territoire, seules les tortues olivâtres résistent avec une légère augmentation par rapport à la précédente saison.
La saison de pontes des tortues marines en Guyane est « inquiétante » et la tortue luth, l’espèce la plus grande au monde, est menacée de disparition dans l’Ouest du territoire, selon le bilan 2024 du Réseau tortues marines de Guyane.
Le déclin de ces reptiles est très marqué depuis une quinzaine d’années en Guyane, hot-spot de reproduction des tortues luths, vertes et olivâtres.
« Une baisse de la fréquentation des femelles nidifiantes est constatée en Guyane. La saison a été particulièrement mauvaise pour les tortues luths de Yalimapo, avec un nombre de pontes historiquement bas, qui laisse craindre une extinction de cette population dans cette partie de la région » alerte le Réseau tortues marines de Guyane dans un communiqué rendu public mardi 3 décembre.
Seulement 39 nids ont été recensés sur ce site autrefois connu pour sa richesse, où jusqu’à 65 000 pontes avaient été recensées en 1992. En mai 2023, le secrétaire d’Etat chargé de la Mer avait inauguré sur la plage d’Awala-Yalimapo une écloserie, qui n’a pour l’instant pas suffi à enrayer la chute de la tortue luth qui figure sur la liste de l’UICN des espèces en voie de disparition. « L’effondrement de la population de l’Ouest va d’ailleurs induire une réévaluation de son statut régional » souligne le Réseau tortues marines.
Dans l’Est, le bilan fait état de 1320 pontes en 2024 (contre 1 609 en 2023). Des chiffres « peu enthousiasmants » juge également le Réseau. Ce constat global souligne l’échec patent du plan national d’action pour les tortues marines de Guyane mené depuis 2014 et visant, notamment, à enrayer le déclin des luths dans l’Ouest guyanais. Or, selon l’antenne locale du WWF, les pontes de luths ont chuté de 95% en 20 ans.
La pêche INN une nouvelle fois pointée du doigt
Le bilan des autres espèces de tortues est lui aussi peu reluisant. Pour les tortues vertes, « les chiffres de la saison se présentent inquiétants, leur présence étant en diminution sur l’ensemble de la région« . Cette baisse de fréquentation est de l’ordre de 50% dans l’Ouest de la Guyane avec 919 nids recensés à Awala- Yalimapo en 2024 contre 1945 l’année dernière, tandis qu’il y a eu 62 nids sur l’Île de Cayenne contre 186 en 2023.
Sur 2024, seules « les tortues olivâtres s’en sortent mieux, avec une légère augmentation par rapport à la saison précédente » selon le Réseau tortues marines, qui rassemble l’ensemble des acteurs (associations, ONG, organismes scientifiques…) concernés.
En effet, les sites de l’Est, qui concentrent 99% des pontes de la Guyane, ont accueilli 3710 nids sur l’Île de Cayenne (contre 3613 recensées l’an passé par les équipes de Kwata). Des résultats « encourageants pour l’espèce« , qui avait connu une baisse drastique de fréquentation il y a quelques années, « où seulement 1 293 nids avaient été comptabilisés en 2020 sur l’ensemble du territoire guyanais« .
À nouveau, le Réseau tortues marines dénonce « une multitude de pressions qui ne cessent de s’accumuler et de peser sur ces animaux menacés » avec comme résultante ce « bilan peu réjouissant« .
Le principal facteur de mortalité est la pêche illégale non déclarée et non réglementée (INN), particulièrement importante dans l’Ouest de la Guyane, qui favorise les captures accidentelles. Un rapport publié en septembre par plusieurs organismes, dont le WWF, estime que la pêche INN par des bateaux étrangers a doublé au cours de la dernière décennie.
Le réseau s’inquiète aussi de la pollution lumineuse, qui désoriente les tortues, et de l’impact du changement climatique sur les reptiles. « L’association Kwata a observé cette année des effets de l’élévation de la température sur le développement des oeufs, engendrant un faible taux de survie« , dit le communiqué.
En plus de modifier le sexe des tortues, la hausse de la température des nids est aussi responsable d’une mortalité importante pendant la période d’incubation des œufs, déjà soulignée en 2023 par Kwata après une saison sèche particulièrement intense.
Photo de Une : les tortues luths se font de plus en plus rares sur les plages guyanaises © Archives Guyaweb
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