Avec l’arrivée au pouvoir de Lula, les espoirs de voir reculer la déforestation de l’Amazonie étaient nombreux. Mais après des années d’impunité pour ceux qui détruisent la forêt, le problème est trop enraciné pour être résolu rapidement. Le constat est simple : Jair Bolsonaro peut se targuer d’avoir été le président qui a le plus laissé détruire la forêt amazonienne brésilienne. Sous sa présidence, la déforestation annuelle moyenne a augmenté de 75% par rapport à la décennie précédente.
Une tendance à la coupe frénétique que les 100 premiers jours de mandat de Lula, revenu au pouvoir le 1er janvier après douze années d’absence, n’ont pas permis d’infléchir. Pire, le premier trimestre du leader de la gauche brésilienne à la tête du géant d’Amérique du Sud est l’un des plus mauvais jamais enregistrés sur le front de la déforestation d’après des chiffres publiés le 7 avril par l’Institut national de recherches spatiales (INPE) du Brésil et cités par l’AFP.
Le dispositif de surveillance par satellite de l’INPE, qui tous les trimestres divulgue les chiffres de la déforestation, a détecté 356 kilomètres carrés de couverture forestière détruits durant le seul mois de mars dans la partie brésilienne de la plus grande forêt tropicale du monde.
Soit une augmentation selon l’AFP de 14% par rapport à mars 2022, dernière année du gouvernement de Jair Bolsonaro (2019-2022) qui s’autoproclamait « capitaine tronçonneuse« . Sur la période de janvier à mars 2023, la destruction de l’Amazonie brésilienne est la deuxième plus importante de l’Histoire, avec 844 km2 détruits, juste derrière 2022 (941 km2). Signe que la courbe de la déforestation n’est pas prête de s’inverser malgré les nombreux espoirs placés dans le retour au pouvoir de Luiz Inácio Lula da Silva.
Après des années d’impunité pour ceux qui détruisent la forêt, le problème est trop enraciné pour être résolu rapidement. Pendant ses quatre ans de mandat, l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro a en effet promu des politiques favorisant l’agro-négoce et le secteur minier, entraînant une augmentation massive de la déforestation avec plus de 9500 km2 de végétation rayés de la carte en 2022.
La COP 30 organisée en Amazonie ?
« Les données montrent qu’il existe un scénario complexe face à l’affaiblissement du contrôle dans la région et au discours pro-illégalité de ces dernières années », explique Mariana Napolitano, responsable de la conservation pour l’ONG WWF-Brésil, citée par l’AFP. « Bien que le gouvernement actuel ait démontré son intention de lutter très sérieusement contre la déforestation, il faudra du temps pour changer le scénario », estime-t-elle.
Dès le premier jour de son mandat, Lula avait signé une foule de décrets, créant un groupe de travail interministériel sur la déforestation et réactivant le Fonds Amazonie, une initiative financée par des dons étrangers mais suspendue sous le gouvernement Bolsonaro. Or le gouvernement Lula est face à un dilemme : il a besoin de financements pour réduire la déforestation mais il doit avant tout réduire la déforestation pour donner des gages de confiance et attirer ces financements.
La candidature de Belém, porte d’entrée de l’Amazonie, pour accueillir la 30e conférence (COP) des Nations Unies sur le climat en 2025, formulée en janvier par le Brésil, est l’un de ces gages. Cette annonce s’inscrit dans le cadre des efforts de Lula pour donner au Brésil un rôle de leader mondial dans la protection de l’environnement, après des années de frictions avec la communauté internationale et notamment avec Paris.
Photo de Une : une forêt détruite en 2020 près de Manaus, la capitale de l’État d’Amazonas © Wikimedia commons
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour ajouter un commentaire.