Ce jeudi 18 juillet, en ouverture de la XVIIe législature de l’Assemblée nationale, les 577 député(e)s ont voté pour la présidence de la chambre basse du Parlement. La présidente sortante, Yaël Braun-Pivet, candidate du bloc macroniste, a été réélue (220 voix) – grâce au report de voix de La Droite républicaine (ex LR) et d’Horizons qui se sont désistés à l’issue du premier tour – pour un nouveau mandat au terme de trois tours de scrutin. Elle devance de 13 voix le communiste André Chassaigne (207 voix), candidat unique du Nouveau Front populaire arrivé en tête des élections législatives anticipées.
Alors qu’une majorité de Français est partie en vacances, les députés ont effectué à contretemps leur rentrée parlementaire ce jeudi 18 juillet, près de deux semaines après des élections législatives anticipées remportées d’une courte tête par l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire (NFP). L’enjeu de cette session inaugurale de la XVIIe législature de l’Assemblée nationale était l’élection à la présidence de la chambre.
C’est le camp présidentiel qui sort renforcé de cette séquence, véritable premier test post-législatives des nouveaux rapports de force politiques dans le pays. En effet, la candidate d' »Ensemble pour la République », le nouveau nom du parti présidentiel, Yaël Braun-Pivet, a été réélue. Trois tours de scrutin serrés ont été nécessaires pour départager les six candidats au perchoir, les deux premiers tours à la majorité absolue n’ayant pas permis de déterminer la présidence de l’Assemblée.
C’est donc au troisième tour, cette fois-ci à la majorité relative, que la présidente sortante de l’Assemblée nationale a devancé avec 220 voix le candidat de l’alliance de gauche du Nouveau Front Populaire, André Chassaigne, arrivé deuxième avec 207 voix. Sébastien Chenu, le candidat du Rassemblement national, est arrivé en troisième position avec 141 voix.
Avant ce dénouement, Naïma Moutchou, candidate du parti Horizons allié du camp présidentiel, et Philippe Juvin, candidat de la Droite républicaine (ex-LR), s’étaient désistés à l’issue du premier tour, suivis au deuxième tour par Charles de Courson du groupe centriste Liot.
« Nous avons aujourd’hui une immense responsabilité. L’Assemblée nationale n’a jamais été aussi représentative des Français, mais n’a jamais aussi été aussi fragmentée » a déclaré Yaël Braun-Pivet à l’issue du vote par bulletin secret. « Nous devons être capables de nous entendre, de coopérer, de nous écouter et d’avancer.«
13 voix d’écart
À gauche, cette élection ne passe pas. À l’issue du scrutin, Mathilde Panot, chef de file de La France insoumise (LFI) à l’Assemblée, a regretté « un signal terrible pour la démocratie. Les magouilles d’aujourd’hui ont primé sur les résultats des législatives qui ont placé en tête le Nouveau Front Populaire. Nous demandons à Emmanuel Macron de revenir à la démocratie.«
Par « magouilles« , Mathilde Panot dénonce les 13 voix d’écart qui séparent à l’arrivée Yaël Braun-Pivet d’André Chassaigne. En effet les 17 ministres du gouvernement démissionnaire – la démission du gouvernement a été acceptée mardi 16 juillet – ont pu participer à l’élection pour la présidence de l’Assemblée nationale du fait de leur statut de ministres démissionnaire. Donc 17 ministres ont pu élire la présidente d’un organe législatif, ce qui pose la question de la séparation des pouvoirs.
Mais c’est surtout grâce aux voix de la droite classique que Yaël Braun-Pivet a été réélue au perchoir du palais Bourbon. En effet, 48 voix se sont portées sur la candidature de Philippe Juvin (ex-LR) au premier tour, et 38 voix sur le parti de centre-droit Horizons. Toutes ces voix se sont reportées par la suite sur la candidature de Yaël Braun-Pivet, privant la gauche de la présidence de l’Assemblée alors qu’André Chassaigne était arrivé largement en tête du premier tour avec 200 voix contre 124 pour Yaël Braun-Pivet.
« Le vote des Français a été volé par une alliance contre-nature » a déclaré le député communiste, président du groupe GDR à l’Assemblée. Malgré le résultat de ce jeudi pour l’élection au perchoir de l’Assemblée nationale, la gauche continue d’appeler Emmanuel Macron à nommer un Premier ministre issu du Nouveau Front Populaire qui a remporté les élections législatives anticipées.
Retour vers le passé
Le chef de l’Etat avait annoncé au lendemain des législatives attendre la « structuration » de l’Assemblée nationale avant de prendre une décision pour la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un gouvernement et il indiquait faire de ce vote à la présidence de l’Assemblée un rendez-vous pour clarifier une situation politique instable alors que les élections législatives, remportées par la gauche, n’ont pas permis de dessiner de majorité absolue au palais Bourbon.
Avec cette réélection de Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale se posera alors la question pour le chef de l’Etat de nommer un Premier ministre et un gouvernement de gauche alors qu’elle n’a pas remporté la présidence du palais Bourbon. Mais en même temps, le camp présidentiel ne disposant même pas de majorité relative devra user de compromis voire de compromissions pour piloter une assemblée plus que jamais morcelée.
Néanmoins, ce vote pour la présidence de l’Assemblée nationale a permis d’éclaircir quels sont les groupes politiques dans la majorité et ceux dans l’opposition. Des données essentielles pour les nominations aux postes clef de l’Assemblée (vice-présidence, questeur, présidence de commissions) qui auront lieu ce vendredi 19 et ce samedi 20 juillet. La publication au Journal officiel des déclarations politiques et de la composition des groupes politiques à l’Assemblée s’effectuera demain comme indiqué par le calendrier de la XVIIe législature.
D’ores et déjà, nous savons que les deux députés guyanais siégeront à nouveau au sein du groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR). Ils briguent également les mêmes commissions. À savoir la commission des lois pur Davy Rimane et la commission du développement durable et de l’aménagement du territoire pour Jean-Victor Castor.
Photo de Une : ce jeudi, les député(e)s ont réélu sur le fil Yaël Braun-Pivet à la tête de l’Assemblée nationale © Capture d’écran LCP
5 commentaires
Une alliance contre nature entre Renaissance et les LR, il faut le dire vite… La droite avec la droite, pas de quoi s’émouvoir.
Et au moins Morvandiau et Frog doivent être rassurés…Chassaigne, le grand pote de nos deux députés qui se sont compromis avec le sulfureux panafricaniste, ne mettra donc pas en danger la République, compte tenu de ses odieuses fréquentations.
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développement durable et aménagement du territoire pour castor !? cela m’avait échappé !
« Le vote des Français a été volé par une alliance contre-nature »; la remarque ne manque pas de piquant sachant qu’une partie des députés aussi bien de gauche, d' »ensemble » que de droite ont été élus suite aux désistements d’entre deux tours !
Cette remarque de Chassaigne est surtout des plus niaises… Il a l’air de découvrir la tambouille politicienne… en appartenant pourtant à une alliance qui réunit Hollande et Mélenchon. Et il y a probablement plus d’écart entre le PS et LFI qu’entre la macronie et LR.