Un second parc national en projet : « Une nouvelle mise sous cloche du territoire » selon le député Jean-Victor Castor
Un rapport de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable datant d’avril annonce un projet de création d’un second parc national en Guyane, seize ans après celle du Parc amazonien de Guyane en 2007. Ce nouveau périmètre protégé s’étendrait des marais de Kaw jusqu’à l’Oyapock. « Une nouvelle mise sous cloche du territoire » dénonce le député Jean-Victor Castor qui a organisé jeudi 28 décembre une conférence de presse sur le sujet afin « d’informer la population » de ce projet gouvernemental porté « sans concertation des élus locaux et des Guyanais ». Dans la masse des rapports produits par les services de l’Etat, certains…
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17 commentaires
Ah il y a un complot de l’État pour nous déposséder des ressources minières et nous empêcher d’aller et venir où bon nous semble.
Après les bagages en soute, JVC va nous dire qu’il n’emmènera plus de bagages en cabine parce que l’état veut sa peau en tant de Catayée 2.0.
Vaccination, mise sous cloche, assimilation, colonisation, diktat, enclavement forcé, etc…le mode opératoire de la politique de Castor est de s’opposer systématiquement à tout ce qui émane de l’État (normal il est indépendantiste, et pas autonomiste M. Reuge) par une rhétorique toujours complotiste, qui est la seule qui alimente les tisons de la base militante du MDES.
Le tout en étant rémunéré 7500€ par mois par… l’État Français.
Elle est pas belle la vie ?
Un député de la mouvance indépendantiste qui aurait donc de façon très récurrente, des griefs contre l’Etat. Quelle grande perspicacité Morvandiau. On en reste sur le cul… Reste tout de même un léger détail passé sous silence dans cette analyse de haut vol… Il a été élu localement, et représente donc officiellement beaucoup de citoyens, sur le territoire concerné. Dommage sur la forme, que la mission en charge de ce rapport ait jugé bon de l’ignorer, en tant qu’acteur du territoire concerné.
Sinon sur le fond, j’invite chacun à taper les mots « zan mise sous cloche » sur Google, pour constater que l’argument de la « mise sous cloche » est un grief contre l’Etat très largement partagé sur l’ensemble du territoire national, en particulier rural…Pas du tout un reproche spécifiquement indépendantiste donc.
« La mise sous cloche : cette expression n’est pas nouvelle dans la bouche de celles et ceux qui ont des craintes (légitimes selon leurs croyances) sur ce projet.
Les agriculteurs en ont toujours été particulièrement friands et les acteurs économiques l’ont déjà utilisée pour montrer leur mécontentement. En tirant cette cartouche, les représentants du monde cynégétique savent qu’ils font mouche. Pendant ce temps-là, les fans et défenseurs du Parc National sont cruellement absents du débat. Alors que leur avis serait fort utile pour que tous les points de vue se confrontent. Mais leurs propos restent, c’est une bien fâcheuse habitude, sous la cloche de leurs convictions profondes sans aucune communication publique. Franchement dommage, non ? »
*https://www.lechatillonnaisetlauxois.fr/actualite-5441-la-mise-sous-cloche.html
Quant à la dénonciation de l’opposition de Castor sur la vaccination, venant de Morvandiau l’anti-vax de service…Ton désormais député avait justement pris fait et cause (à tort selon moi) pour ta position et celle de la majorité des guyanais, contre l’Etat et l’essentiel de la population nationale consentant à se faire vacciner. On notera donc au moins, que toi tu n’es pas systématiquement en désaccord avec lui. Et il est donc aussi susceptible de fort bien te représenter sur certains sujets importants, ou autres poltronnades de la piquouzes… Et pourtant quelle détestation viscérale. Quel ingratitude…
« Le but est de nous empêcher d’aller et venir sur notre territoire et d’accéder à nos ressources dont l’exploitation est pourtant nécessaire si l’on veut développer une économie endogène. La zone envisagée est riche en minerais et stratégique avec la frontière brésilienne » – J.V.Castor
Non, le PAG n’a pas éradiqué l’orpaillage « légal » de son territoire : on peut constater dans le SDOM ou sur la base de données CAMINO (https://camino.beta.gouv.fr), il est (hélas?) toujours possible d’attribuer des titres miniers dans la zone de libre adhésion du Parc Amazonien de Guyane (ex : Yaou). Il y en a même certains qui entrent dans l’illégalité en s’affranchissant du respect de la loi (ex : https://www.guyaweb.com/activite-miniere-2/exploitation-miniere-illegale-portant-atteinte-a-lenvironnement-le-parquet-requiert-la-relaxe/).
Par ailleurs, J.V.C. a t’il demandé aux habitants de Camopi, Saül, Maripasoula et Papaïchton s’ils avaient l’impression d’être davantage « mis sous cloche » depuis la création du PAG ? La présence du PAG n’aurait-elle pas au contraire favorisé la présence des service publics (santé, eau, électricité, éducation, emplois locaux…) sur des territoires auparavant bien plus délaissés par Cayenne ?
J.V.C. a-t’il été demander aux habitants de Ouanary, Régina, Kaw, Roura, ce qu’ils en pensaient ? Les maires de Roura et Régina n’ont-ils pas signé eux-mêmes à l’époque du mandat de François Hollande, la lettre de candidature pour ce projet de nouveau parc national zones humides, et ainsi bénéficier de davantage de moyens, d’emplois locaux, etc. ? Ils ne semblent pas partager le constat d’échec du PAG, et souhaiteraient peut-être être au même niveau que les communes qui en font partie (à titre d’exemple, comparer les situations de Gran-Santi, hors PAG, et Papaïchton, dans le PAG).
Il est vrai cependant que l’État ne semble mettre en avant de l’avis de la population que lorsqu’il s’agit de défendre des lois racistes et xénophobes (loi immigration), et pas dans d’autres contextes (ex : réforme des retraites, suppression de l’ISF, etc…).
Si le PAG peine effectivement à assurer la protection la nature, peut-être est-ce en partie parce que les moyens pour le développement local (destinés à pallier les carences des autres services de la Collectivité et de l’État) sont largement piochés dans la bourse de la protection de l’environnement ?
Quant à la nécessaire exploitation de minerais pour le « développement endogène », quel exemple J.V.C peut-il donner de pays qui se serait développé par le secteur minier (hors pétrole) ?
Le rapport Deloitte rappelait justement que le secteur minier était un des moins pourvoyeurs d’emplois locaux, puisqu’aucune machine n’est produite localement et que tout doit être importé (cf. https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/developper-guyane-activite-miniere-c-est-possible-rapport-commande-wwf-france-648002.html – https://www2.deloitte.com/content/dam/Deloitte/fr/Documents/sustainability-services/deloitte_developpement-economique-durable-guyane_.pdf ).
Bien d’accord avec la plupart de vos commentaires Bello973. Une nuance cependant : « Chaque député, bien qu’élu dans un cadre géographique déterminé, est un représentant de la nation tout entière. Ainsi, à l’Assemblée nationale et dans sa circonscription, chaque député agit et parle au nom de l’intérêt général et non pas au nom d’un parti politique, d’un groupe d’intérêt ou d’une région et il n’a pas de mandat impératif » (site de l’Assemblee Nationale). Les députés eux-mêmes semblent l’oublier…alors les citoyens.
Bonne fin de journée !
« La zone envisagée est […] stratégique avec la frontière brésilienne » – J.V.Castor
En effet, que trouve t’on en face ? Le Parc national du Cabo Orange et les terras indígenas Juminã e Uaçá.
https://entreparquesbr.com.br/cabo-orange/
https://terrasindigenas.org.br/pt-br/terras-indigenas/3710
https://terrasindigenas.org.br/pt-br/terras-indigenas/3886
https://www.wikiparques.org/wiki/Parque_Nacional_do_Cabo_Orange
Ne serait-il pas alors tout à fait pertinent de créer une aire protégée dans la continuité de celles existant au Brésil ?
gmangier, oui en théorie, mais c’est aussi hypocrite. Un député LFI et un député macroniste défendent toujours plus ou moins une catégorie de citoyens, autrefois on aurait évoqué le terme de classe. En outre, Castor n’a jamais caché son idéologie indépendantiste, et il a notamment martelé son thème sur la restitution du foncier aux élections. Et il a été élu en connaissance de cause. Si ce député est persuadé que les maux de sa région sont liés à une hégémonie Étatique trop déterminée par le passé colonial (le territoire de l’Inini c’était hier) et qu’il est élu sur ces thèmes et postures… Il serait politiquement et socialement illogique (et hypocrite) qu’ils doivent subitement disparaitre. Et même si le point d’équilibre politique locale semble se recentrer d’avantage sur l’autonomie, plutôt que l’indépendance… Nombreux sont aussi les autonomistes qui voient un grand intérêt à cette voix indépendantiste qui détonne, en particulier lorsque l’épouvantail de la dérive xénophobe s’effrite à l’aune des discussions nationales.
Un parc national c’est pourtant bien, factuellement ,une mise sous cloche environnementaliste. Qui est d’ailleurs parfaitement légitime dans le cadre d’une indispensable politique de préservation de l’environnement. Le nier est absurde et confine à une forme d’hypocrisie intellectuelle inutile. Le projet minier Crique Limonade de Rexma du côté de Saul initialement validé par l’Etat, a fort heureusement été débouté, essentiellement parce que faisant partie du parc national. Donc oui, c’est une mise sous cloche bien réelle prévue pour exclure toutes les activités jugées néfastes pour l’environnement. Pourquoi donc s’en cacher?
Et au passage, Morvandiau englué dans ses angoisses identitaristes, aura beau nous vendre sa théorie du « complot créole extractiviste »… Pour le contredire, il suffit de chausser cinq seconde ses propres lunettes filtrantes, pour observer en passant les dix soutiens au projet Crique Limonade visibles sur la photo.
* https://la1ere.francetvinfo.fr/guyane/2015/09/02/coup-d-arret-au-projet-minier-de-rexma-saul-283741.html
On y constate que quatre « créoles » et six « métros » locaux, sont parfaitement main dans la main pour cette petite ruée vers l’or en plein parc national.
Ceci étant dit, Castor nous baratine effectivement en partie. Car si c’est bien une mise sous cloche effective, ce n’est certainement pas une mise sous cloche absolue, puisque toutes les activités éco-responsables y trouvent potentiellement leur place. Même l’agriculture et l’exploitation du bois qui sont plutôt facteur de déforestation. Même le minier… Demandez au WWF qui est ouvertement en relation avec l’ONG l’Alliance pour la Mine Responsable (ARM) basée en Colombie et travaillant exclusivement avec les opérateurs miniers artisanaux. Tout est donc question de bonnes pratiques écologiques,et de franche parcimonie, dans un honnête souci de régénération et donc de préservation. Et de fait les gros projets industriels basés sur le cyanure sont forcément proscrits. Et tant mieux vu qu’ils sont d’ordinaires portés par des intérêts privés sans grands égards pour le bien commun et sa protection.
Là où Castor à en revanche totalement raison, et il faut bien l’écouter lorsqu’il emploi indistinctement les expressions « mise sous cloche », « verrouillage du territoire » par l’Etat. C’est que c’est aussi indubitablement une mise sous cloche de la décision politique locale. Au sein du parc, les choix et interprétations sur l’éco-responsabilité des projets sont soumis à une législation nationale, mais surtout à l’autorisation d’un directeur nommé par le gouvernement. Là aussi, pourquoi donc l’occulter?
Dés l’or, pour Castor, mettre la moitié du territoire sous l’autorité décisionnelle factuelle d’un préfet ou d’un directeur de parc, c’est en quelque sorte un même remake revisité de l’époque de l’inini…en mettant de côté toute idée d’une gouvernance locale sur toute cette portion de la Guyane. Pourquoi faire mine de ne pas le comprendre? Proposez-lui que le directeur du parc soit nommé par la future collectivité autonome de Guyane, voir-même l’actuelle CTG, et vous allez vite voir que tout va alors se simplifier. Éluder et faire mine de ne pas entendre ce désir de décision politique locale, d’autant plus de la part d’un élu indépendantiste, mais aussi beaucoup d’autres plus modestement autonomistes. C’est adopter la posture paternaliste consistant à dire, ignorons les (et c’est bien ce que fait la mission) ils ne sont pas dignes de confiance, trop immature ou sournois pour la décision, ces élus locaux bien souvent trop «créoles» au goût de certains berçant dans l’étiquettage. On en revient donc toujours au même point. Toujours ce même remake revisité de l’époque coloniale et du territoire de l’Inini… Et encore, à l’époque Papa Vignon avait largement plus la côte que papa Macron, auprès des locaux. Normal puisque lui aussi à sa manière, était aussi un authentique autonomiste vis-à-vis du pouvoir de la métropole.
Le travers des anti-autonomistes, c’est donc bien un penchant systémique pour la mise sous cloche politique de la décision locale, bonne ou mauvaise. Et malheureusement elle encore assez souvent dictée par des considérations identitaristes (héritage du passé colonial) assez peu flatteuse pour l’intelligence collective locale. Or comme en face l’intelligence collective nationale (incarnée par l’Etat) c’est aussi le fiasco honteux de l’orpaillage illégal en plein cœur du parc national. Ça tourne fatalement assez vite au dialogue de cloches… Et normalement, dans ces cas là, c’est l’interlocuteur le plus sensé et le plus structuré, qui est censé y mettre un terme, en lâchant du lest le premier sur le terrain de la confiance et de la bienveillance. Hélas, vu ce que nous pond en ce moment l’esprit républicain national éclairé, qui fit jadis notre fierté. Je suis plutôt inquiet. Cela risque de durer.
En biologie de la conservation, une « mise sous cloche » correspond à une protection intégrale (catégorie « Ia » de l’UICN).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Aire_prot%C3%A9g%C3%A9e#Typologie_d'aires_prot%C3%A9g%C3%A9es_dans_le_monde
Le espace seul que nous ayons de ce type en Guyane est la Réserve Biologique Intégrale de Lucifer Dékou-Dékou : « les Réserves biologiques intégrales (RBI) principalement situées en milieu forestier, elles sont soustraites à la sylviculture et constituent de précieux témoins de la forêt en évolution naturelle. »
https://agriculture.gouv.fr/foret-quest-ce-quune-reserve-biologique
(et encore, on a envisagé un temps l’exploitation de la Montagne d’Or à proximité immédiate)
Selon l’Atlas des sites et espaces protégés de Guyane (DEAL, 2014), la zone de cœur (la plus protégée) du Parc Amazonien de Guyane est un « espace protégé à règlementation forte, mais adaptée, qui garantit notamment le maintien de la chasse, de la pêche et de la cueillette pour les communautés d’habitants qui tirent une bonne partie de leurs ressources du fleuve et de la forêt »…
donc toujours pas une mise sous cloche sensu stricto.
https://www.guyane.developpement-durable.gouv.fr/atlas-des-sites-et-espaces-proteges-de-guyane-a1045.html
@Remi973
« Ne serait-il pas alors tout à fait pertinent de créer une aire protégée dans la continuité de celles existant au Brésil ? »
Exactement, d’autant plus que toute la partie littoral nord est, de Régina à l’Oyapock en passant par les 3 pitons, est elle aussi historiquement le territoire de la nation autochtone Palikur.
La création d’un parc, pour préserver modes de vie et environnement, ne devrait vraiment pas susciter l’hystérie d’un député Guyanais qui dit (en fonction de l’auditoire qui lui fait face) défendre la forêt Guyanaise et les peuples autochtones.
En même temps si la préservation de l’environnement et des modes de vies est aussi inefficace que celle actuellement constatée au sein du PAG, au regard de la pollution du fleuve au mercure, de la déforestation et du pillage de la faune, en lien avec les activités d’orpaillage illégal…Pas certain que l’argument soit béton.
« Pour moi, il est important que [le Président de la République] sache où est Camopi, dans quelle situation sociale se trouve la commune en ce moment. C’est-à-dire : un taux de suicide plus élevé, l’absence totale d’accès aux droits fondamentaux. La population n’a pas accès à l’eau potable, n’a pas accès à l’électricité, mais aussi la pollution des criques où la population pêche et chasse de la nourriture. » (Laurent YAWALOU, maire de Camopi – Mayouri Info du 24/11/2022)
A lire le maire de Camopi, huit ans après son adhésion, pas encore d’effet « parc national » miraculeux, on dirait. Néanmoins, pour un maire la retombée potentielle évidente d’un parc, c’est bien la création d’emplois pour sa commune. Selon les docs officiels dispos sur son siteweb, le budget du PAG (environ 10-11M€, à peu près pareil que le parc national de la réunion 17 fois plus petit…) sert pour moitié à financer les salaires des 80-90 agents. Une trentaine sont d’ailleurs bien étrangement cantonnés sur Montjoly, en dehors et bien loin du parc…Tout un symbole. Les cadres préfèrent peut-être le confort du littoral. Car vue toute la place qu’il y a sur Maripasoula… on se demande bien pourquoi le siège du parc ne s’y trouve pas? Un vrai mystère. La soixantaine d’emplois restant se répartissent donc sur les communes isolées adhérentes. Si l’on cumule le personnel et les frais de fonctionnement (8M€) on atteint 80% du budget. Sur ces trois dernières années, le PAG dépense donc environ 2M€ par an, soit 20% de son budget annuel pour les interventions et investissements en son sein. C’est clairement pas dingo… L’équivalent avec un nouveau parc pourrait tout de même, en principe, séduire une commune comme Régina qui plafonne à environ 2,5M€ de budget annuel. Pour Roura et Saint-Georges c’est déjà moins évident (budget > 5M€). En résumé, seul intérrêt évident, les emplois… Et bien évidemment la mise sous cloche préservatrice, mais ça, comme déjà dit, l’argument est déjà beaucoup moins béton…
Il faudrait plutôt comparer la situation du territoire entre avant la création du PAG et maintenant.
C’est peut-être pas l’idéal, mais au moins maintenant, une administration se soucie un peu de la population qui s’y trouve (hélas en partie au détriment de la pure gestion de l’environnement).
L’époque où le conseil général envoyait du rhum et des prostituées à Trois-Saut avant les élection est plus difficilement possible aujourd’hui, même si ça peut perdurer sous d’autres formes. Les habitants apprennent à lutter et à réclamer ce qui leur est dû. On les entend davantage et c’est bon signe.
Si le siège du PAG était dans l’intérieur, la situation n’en serait certainement pas améliorée : il vaut mieux être proche des lieux de pouvoir pour peser, rencontrer les autres administrations et services de l’État. Imaginons le budget déplacements avec toutes les réunions tous les jours de la semaine, ça serait infernal, sans compter le temps perdu dans les transports en avion et pirogue. Et l’organisation logistique : comment suivre des commandes depuis Maripasoula ou Saül ? L’idée est absurde.
On peut trouver au contraire exceptionnel qu’il y ait autant d’agents sur le terrain. Quelle autre administration a 60% de ses agents dans l’intérieur ? l’armée ? la santé ? l’éducation nationale ?
Plutôt facile à comparer. Avant il y avait de la pollution au mercure et la déforestation sauvage liée à l’orpaillage illégal, et maintenant il y en a encore beaucoup plus, et en plein cœur du parc désormais, avec la pression cynégétique des garimpeiros en prime. Et « on les entend davantage » à un point tel, que maintenant les associations autochtones et environnementales portent carrément plainte contre l’Etat. On la cherche donc vraiment l’amélioration.
C’était surtout de l’ironie pour le siège… Tout le monde sait bien que c’est très compliqué de se rendre à Maripasoula. Juste histoire de mettre en exergue l’extrême décentralisation symbolique, symptomatique d’une gestion intérieure impossible, faute d’infrastructures dignes de ce nom… qui impacte de fait lourdement la vie des habitants de ces communes isolées. «…l’absence totale d’accès aux droits fondamentaux » (Maire de Camopi). …« C’est vraiment une souffrance pour la population du Haut-Maroni de ne pas pouvoir se déplacer comme sur le littoral » ( Sergina Telon – Première adjointe mairie de Papaïcton – Monews Août 2022). N’empêche qu’elle est bien là, la vraie raison de l’éloignement du siège, aussi loin de ses agents de terrain. Protéger le parc certes, se soucier un peu de ses habitants évidemment, mais bon, pas au point d’aller souffrir aux côtés des agents de terrain et des habitants. Pourquoi l’occulter en faisant mine d’ignorer qu’en 2007 n’importe quelle administration ou service de l’Etat avait un téléphone ou une boîte email? D’ailleurs les emails et les cadres s’envoient et s’envolent surtout vers Paris, là où sont les véritables lieux de pouvoir. Et au passage, 100% des agents municipaux des communes de l’intérieure sont bien sur le terrain…Le maires et quelques adjoints faisant seuls la navette. Fascinant non? On aurait donc au moins pu avoir 95% des agents sur le terrain, dans des structures plus sérieuses réparties dans chaque commune. Les 5% restant sur le littoral pour s’occuper des réunions… Et je suis même prêt à parier que si l’on mettait le nez dans le poste transport, du flux des agents de terrain vers le siège (formation, réunions), ou vice versa des agents du siège vers le terrain (supervision, observation)…Il y aurait aussi matière à déceler quelques vraies absurdités budgétaires. Mais bon, puisque les cadres de maintenant n’ont plus le cuir aussi épais que celui des Grenand ou Cognat de l’époque, pour s’immerger dans le contexte et le mode de vie qu’ils sont censés protéger. Va pour l’immeuble climatisé sur Montjoly, il faut bien s’adapter…Et on pourra toujours en effet prendre prétexte de réunions cayennaises, pour une trentaines d’agents hors terrain.
En outre, les agents de terrain n’on quant à eux certainement pas accès aux 100% du terrain. Car la quinzaine d’agents armés du PAG, n’a évidemment aucun moyen logistique et surtout pas l’avantage du nombre, pour aller se frotter aux garimpeiros qui saccagent les alentours de Maripasoula ou même le cœur du parc… Il leur faut donc rester près des bourgs et villages pour faire la police de l’environnement face aux seuls légaux, ou alors passer un appel d’offre pour bénéficier d’un survol en hélico et contempler le carnage d’en haut…
Et c’est bien ce qui choque un peu dans cette présentation un peu trop « vrp » du PN local (protéger les modes de vies et l’environnement). Une direction plan-plan et confortable sur le littoral en mode métropole, fatalement décalée des effets du lourd constat d’échec et donc de l’urgence des enjeux de protection de l’intérieur. Un peu comme les instances de santé publiques basées Cayenne, prenant bien tout leur temps pour réaliser au fil des années, la réalité d’un drame sanitaire liée à la contamination des fleuves. Or, aujourd’hui, des décennies après, vue cette intoxication au mercure, tout comme ces 600ha de déforestation annuelle, liés aux 3000-4000 orpailleurs illégaux. Avec tout le respect dû à ce travail de fourmi de ces agents du parc isolés et esseulés, on aurait donc quand même envie de dire à la puissance publique, fait d’abord ton vrai taf avant de nous pondre une deuxième coquille institutionnelle presque vide, sans réels pouvoirs et moyens, avec des cadres blottis dans le confort de la clim du littoral, n’ayant pas le vécu au jour le jour de la réalité et de la souffrance du terrain. L’idéal il me semble, pour continuer à détourner encore longtemps l’attention de l’inaction globale. Sans la moindre goutte de rhum il est vrai. Après, on est bien d’accord, quitte à laisser perdurer le fiasco, autant prendre le pognon et les emplois et entretenir l’illusion de protection sur le plan administratif. Après tout, les parcs nationaux sont aussi les vitrines politiques étatiques de la préservation… La notre est juste fêlée de partout et on s’y résigne tellement, à force de trente ans de communication et d’édulcoration de l’échec, que l’on s’apprête même à en poser une deuxième sans réellement faire quelque chose de sérieux, pour d’abord stopper les cailloux. Mais il y a sans doute dans tout cela une méthodologie politique trop subtile, qui m’échappe encore.
LeBonCoin: Rubrique protection environnementale du territoire.
Échange: projet de parc national. Siège de direction climatisé. Double vitrage. A deux pas du littoral. Neuf, encore dans son emballage de protection.
Contre: Régiment de 300 marsouins basé à Maripasoula. Étudie toute proposition de modèle d’occasion ayant déjà servi au Mali.
Non, 100% des agents municipaux des communes de l’intérieure ne sont pas sur le terrain : vous oubliez les annexes à Cayenne… ;o)
En effet, on est donc bien sur du 95% en commune / 5% sur le littoral. Ou 90% / 10% si vous voulez. Sur cette base le PAG pourrait donc faire beaucoup mieux. Ce serait symboliquement un atout de crédibilité et d’engagement, tout comme socialement et économiquement un plus pour les communes adhérentes. Mais bon, en l’état le PAG reste de toute façon plus ou moins un outil administratif sous-doté et inadapté par rapport à la problématique et l’enjeu de préservation vis-à-vis de la société garimpeira. Or on sait bien que cet échec tient en grande partie à l’absence de moyen. C’est donc un pur arbitrage financier. Dés lors, quitte à remonter un machin (deuxième parc) sans réelle efficacité à 10M€ annuel, il vaudrait bien mieux utiliser cet argent pour contribuer à financer la formation et l’emploi de 400 marsouins, principalement issus de ces populations du PAG largement touchées par le chômage. Une fois le fléau éradiqué, il sera toujours temps de les reconvertir ensuite en agents de terrain du parc amazonien, pour une gestion plan-plan style Mercantour ou Parc des Écrins. Simplement ce sera alors devenu un parc fort de 400 à 500 agents, parfaitement intégrés dans leur territoire non squatté à préserver. Avec des retombées indiscutables en terme d’emplois. Une sorte de filon du secteur de la préservation environnemental. Un truc un tantinet crédible suscitant une large adhésion quoi…
Harpie c’est au minimum 55M€ par an (source Sénat). JM Le Tourneau du CNRS parle lui de 75M€/an. En face de cela, 500 agents de terrain c’est 20M€/an. Je double à 40M€ pour les infrastructures et le fonctionnement. Bref dans en moins de 10ans de transition l’Etat aura basculé sur un modèle de préservation lui faisant économiser au minimum 15M€ par an… Mais avant toute chose il faut d’abord former 400 marsouins locaux en renforts permanents issus et intégrés à leurs bassin de vie (Grand-santi, Papaïchton, Maripasoula, Camopi). En plus Castor ne pourra pas crier au complot d’Etat, si ce sont bien des enfants du fleuve qui sont formés. Et il faut donc que Borne qui a l’air de s’y intéresser, nous renforce radicalement cette base-trou-paumé pour 50 pelés, qu’est le camp Lunier. Elle est ou l’erreur?
Comme je disais…Pas certain, que l’idée d’un deuxième parc national, au demeurant intéressante mais cependant totalement dilatoire vu le contexte actuel, puisse cette fois convaincre…
« Depuis la création du Parc Amazonien de Guyane il y a 20 ans, censé éradiquer l’orpaillage illégal, les échecs répétés des programmes militaires, économiques et sanitaires suscitent des préoccupations. Les conséquences de cette activité illicite, qui ravage l’Amazonie française et menace la santé des habitants du Haut-Maroni, sont qualifiées de violation grave des droits humains et de la nature. …Face à ces lacunes, plusieurs organisations, dont Wild Legal, l’Association Des Victimes du Mercure – Haut-Maroni, la COPAG, la JAG, Maiouri Nature Guyane, Solidarité Guyane, ainsi que Linia Opoya et Michel Aloike, chef coutumier du village de Taluen, annoncent un recours en carence fautive contre l’État français. Un premier recours gracieux déposé en octobre 2023 est resté sans réponse, donnant ainsi le feu vert à la saisie du tribunal administratif de Cayenne. » (FG – 03/01/24)
C’est ça de n’être qu’une colonie!