Lors d’une allocution télévisée enregistrée à l’avance et diffusée ce lundi 17 avril aux JT des principales chaînes, le chef de l’Etat a reconnu l’impopularité de sa réforme des retraites tout en continuant à défendre son bien-fondé. Le reste du monologue présidentiel a été consacré à la feuille de route du gouvernement pour les prochains mois : travail, ordre démocratique et progrès social.
Rien de bien nouveau dans le discours présidentiel. Attendue par le pays et les opposants à la réforme des retraites, l’allocution du chef de l’Etat de ce lundi n’a rien dit de plus que les éléments déjà annoncés le 22 mars lors de la dernière prise de parole à la Nation du président. Seul le format a changé. Exit les journalistes et les questions-réponses, place à l’allocution aux Français, les yeux dans les yeux.
En préambule, actualité oblige, Emmanuel Macron est revenu sur la réforme des retraites que « le Conseil constitutionnel a validée et que j’ai logiquement promulguée« . Cette dernière entrera progressivement en vigueur « à partir de cet automne » a annoncé le chef de l’Etat qui estime toujours cette réforme « nécessaire » pour sauver le système de retraites par répartition et produire plus de richesse dans un pays qui vieillit. « Il n’était pas possible d’augmenter les cotisations ni de baisser les retraites » a justifié le président de la République, soulignant des efforts « pour les carrières longues, les petites retraites, les métiers les plus durs« .
Néanmoins, le président a reconnu l’impopularité de la réforme et a promis d’en tirer les enseignements. « Cette réforme est-elle acceptée ? À l’évidence non et je regrette qu’un consensus n’ait pas été trouvé malgré des mois de concertations« . Emmanuel Macron a assuré avoir entendu la colère sur le coût de la vie, le sentiment de déclassement et d’abandon de « ceux qui ont le sentiment de faire leur part sans être récompensés de leurs efforts en aides ou en services publics efficaces. Personne ne peut rester sourd à cette demande de progrès social, moi le premier ».
Mais face à la crise sociale, la réponse « ne peut être ni dans l’immobilisme ni dans l’extrémisme » a prévenu Emmanuel Macron. Sa solution se nomme « indépendance, française et européenne« , financée « par le travail« , pour retrouver « plus de justice« . « Nous avons besoin de reconstruire et retrouver l’élan de notre Nation » a lancé très solennellement Emmanuel Macron.
Les trois grands chantiers du quinquennat
Selon lui, cet élan passe par trois chantiers prioritaires, déjà évoqués le 22 mars, et qui correspondent « à la feuille de route du gouvernement que la Première ministre détaillera la semaine prochaine« .
En premier lieu : le travail. Tout en vantant son bilan sur la baisse du chômage dans le pays, « indéniable et indiscutable » avec « 1,6 million d’emplois créés en six ans« , Emmanuel Macron souhaite que le travail soit plus rémunérateur. « Réformer le lycée professionnel, améliorer les salaires, faire progresser les carrières, partager la richesse et améliorer les conditions de travail » sont les grands axes du « nouveau pack de la vie au travail » qui sera mené dans les prochains mois en co-construction avec les organisations patronales et syndicales « à qui la porte sera toujours ouverte« .
« C’est par la réindustrialisation que nous retrouverons notre force et créerons des emplois mieux payés » estime le président, qui a tout de suite nuancé son propos en parlant d’écologie et d’un nouveau modèle « économique et écologique dans les secteurs du bâtiment, des transport, de l’agriculture« . Modèle qui sera détaillé par la « planification écologique, dévoilée d’ici cet été« .
Le deuxième chantier du reste du quinquennat sera celui de la « justice et de l’ordre démocratique« . Au programme : « le recrutement de 10 000 magistrats« , la création de « 200 gendarmeries » ou encore le « renforcement du contrôle de l’immigration » et de l’accompagnement « de ceux qui rejoignent notre pays« . Des annonces fortes seront faites dès le mois de mai pour « lutter contre toutes les formes de délinquance et toutes les fraudes » a promis le chef de l’Etat.
« 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action »
Sur le volet démocratique, le président souhaite aussi lutter contre « le sentiment que voter n’est plus décider » et attend de la présidente de l’Assemblée nationale, de ceux du Sénat et du Conseil économique, social et environnemental des « propositions pour que nos institutions gagnent en participation citoyenne« .
Enfin, le troisième chantier qui attend le gouvernement se nomme le « progrès social« . Cette formule vague et volontairement fourre-tout inclus notamment l’éducation et la santé. Emmanuel Macron a appelé à renforcer l’Education nationale « qui doit renouer avec l’ambition d’être l’une des meilleures d’Europe« , à « rebâtir profondément le système de santé« .
Sans oublier « les dix millions de compatriotes qui vivent dans les quartiers défavorisés, les zones rurales en difficulté, les Outre-mer et qui attendent des solutions concrètes dans leur vie quotidienne, moins de bureaucratie et plus de pouvoir d’initiative« . Pour autant, Emmanuel Macron n’a pas explicité davantage ses projets pour les délaissés de la République mais a assuré qu’un point d’étape de ces annonces sera fait le 14 juillet.
D’ici là, « 100 jours d’apaisement, d’unité, d’ambition et d’action nous attendent« . Pas sûr que les mots, même présidentiels, suffisent à faire passer la pilule sur les retraites et surtout le passage en force du gouvernement.
Photo de Une : pour la seconde fois en un mois le président Emmanuel Macron s’est adressé aux Français pour tenter de réduire la fracture politique et sociale générée par sa réforme des retraites © Capture d’écran France 2
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