Muet depuis le premier tour des législatives, le président s’est exprimé mardi 23 juillet lors d’une interview croisée sur le service public. Il a expliqué ses motivations à dissoudre l’Assemblée, reconnu la défaite de son camp aux législatives et affirmé qu’il n’avait pas l’intention de nommer de nouveau gouvernement avant la fin des Jeux olympiques, « mi-août« , décrétant « une trêve politique et sportive« .
Muet depuis le premier tour des élections législatives, hormis une lettre aux Français parue le 10 juillet dans la presse régionale, Emmanuel Macron s’est prêté au jeu des questions-réponses mardi lors d’une interview croisée de 40 min sur France 2 – Franceinfo – France Inter.
Le président est revenu sur l’échec de son camp aux législatives, reconnaissant « la défaite de l’ancienne majorité« , et l’instabilité générée par la dissolution de l’Assemblée nationale où aucune majorité n’est sortie des urnes malgré la courte victoire de l’alliance de gauche du Nouveau Front populaire.
Une heure avant l’interview du chef de l’Etat sur le service public, le NFP, divisé depuis qu’il est arrivé en tête aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet, est enfin parvenu à s’entendre sur un nom de Premier ministre. Celui de Lucie Castets, une haute fonctionnaire inconnue du grand public engagée dans la défense des services publics. Mais Emmanuel Macron a tout de suite rejeté cette proposition, arguant que la difficulté n’était pas la personnalité proposée par la gauche, mais le programme du Nouveau Front populaire.
« Il est faux de dire que le Nouveau Front populaire aurait une majorité, quelle qu’elle soit« , a-t-il expliqué. « La question n’est pas un nom. La question, c’est quelle majorité peut se dégager à l’Assemblée pour qu’un gouvernement de la France puisse passer des réformes, passer un budget et faire avancer le pays« , a-t-il ajouté.
« Le premier parti qui est arrivé en tête des élections, c’est le Rassemblement national. Une coalition a rassemblé plus de voix, mais elle est à 100 élus d’une majorité absolue » a justifié le locataire de l’Élysée. Parti de ce constat et de la réélection la semaine dernière de la candidate macroniste à la présidence de l’Assemblée nationale, « troisième tour » des législatives selon Emmanuel Macron, le chef de l’Etat a appelé les forces politiques qui se sont érigées durant l’entre-deux-tours en front républicain anti-RN à « faire des compromis » et bâtir une majorité au Palais-Bourbon.
« Trêve olympique et politique«
La séquence Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) devrait permettre à ces partis dits « républicains » de négocier des alliances alors que le chef de l’Etat a rappelé hier son intention de ne pas nommer de Premier ministre avant la « mi-août« , date de la fin des Jeux*. Emmanuel Macron a ainsi confirmé son intention de temporiser, le temps de cette « trêve olympique et politique » annoncée lundi.
« Jusqu’à la mi-août, on doit être concentré sur les Jeux« , car l’inverse « créerait un désordre« , a-t-il fait valoir. « Et puis à partir de là, en fonction de l’avancée de ces discussions, ce sera ma responsabilité de nommer un Premier ministre ou une Première ministre et lui confier la tâche de constituer un gouvernement et d’avoir le rassemblement le plus large qui lui permette d’agir et d’avoir la stabilité« , a-t-il dit.
Pour les macronistes, ce rassemblement irait de la gauche modérée à la droite républicaine, le nouveau nom des Républicains (LR) qui ont permis la réélection de Yaël Braun-Pivet au Perchoir – un scrutin contesté par la gauche – et ont d’ailleurs proposé lundi un « pacte législatif » pour faire adopter des textes « d’urgence » sans participer directement à une coalition gouvernementale. Néanmoins, ce pacte constituerait un embryon d’alliance avec le camp présidentiel.
« Jusqu’à la mi-août, nous ne sommes pas en situation de pouvoir changer les choses », a estimé le président de la République. De facto, la session actuelle de la XVIIe législature de l’Assemblée nationale, ouverte jusqu’au 2 août, ne devrait donc accoucher d’aucun travaux notables et ne devrait voter aucun texte avant la rentrée parlementaire prévue début octobre. D’autant que son ordre du jour, fixé d’ordinaire par le Premier ministre, devrait être vide, Gabriel Attal étant démissionnaire et cantonné à la gestion des affaires courantes. Ainsi, l’Assemblée nationale fonctionnera au ralenti d’ici la nomination d’un nouveau Premier ministre et d’un gouvernement.
Photo de Une : Emmanuel Macron s’est exprimé mardi durant une quarantaine de minutes sur la situation politique post-législatives anticipées © Capture d’écran France 2
*Petite parenthèse, le CIO vient d’attribuer ce mercredi l’organisation des JO d’hiver 2030 à la France. Ceux-ci seront organisés dans les Alpes.
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