Ariel Henry, Premier ministre d’Haïti et président par intérim depuis l’assassinat de l’ancien président Jovenel Moïse en juillet 2021, a jeté l’éponge lundi 11 mars sous la pression internationale mais aussi de la rue, alors qu’une partie de la population haïtienne et les bandes criminelles qui ont resserré leur étau ces derniers jours sur la capitale, Port-au-Prince, réclamaient son départ.
L’annonce de la démission a été faite par le président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali, qui assure actuellement la présidence tournante de la Communauté des Caraïbes (Caricom), réunie en urgence en Jamaïque depuis lundi 11 mars avec des représentants de l’ONU, des Etats-Unis, de la France et du Canada pour tenter de trouver une solution à la violence des gangs et à la crise de gouvernance en Haïti.
Bloqué sur le territoire américain de Porto Rico après avoir été empêché de rentrer dans la capitale haïtienne, le Premier ministre Ariel Henry a échangé à distance avec les membres de la Caricom au cours de la réunion. « Le gouvernement que je dirige ne peut rester insensible à cette situation. Comme je l’ai toujours dit, aucun sacrifice n’est trop grand pour notre patrie, Haïti » a-t-il déclaré lundi soir dans un discours de démission mis en ligne, dans lequel il annonce que son gouvernement se retirera « après l’installation d’un conseil » de transition.
Ce conseil devrait être composé de sept membres représentant les principaux partis politiques, le secteur privé et la société civile a annoncé le chef d’Etat du Guyana, Mohamed Irfaan Ali, qui veut croire à l’ouverture d’une « transition pacifique du pouvoir » en Haïti. Ce dénouement devrait déboucher selon lui sur « un plan d’action à court terme en matière de sécurité » et « des élections libres et équitables« . En parallèle, le Conseil de sécurité de l’ONU a appelé lundi tous les acteurs politiques haïtiens à des « négociations sérieuses » pour « rétablir les institutions démocratiques » du pays.
Port-au-Prince toujours en état d’urgence
Censé quitter le pouvoir début février, Ariel Henry, qui n’a jamais été élu, avait repoussé fin février cette échéance à août 2025 et promis l’organisation d’un scrutin libre pour cette date alors qu’Haïti n’a pas connu d’élection depuis 2016. Déjà dépourvu de présidence et de Parlement, le pays se retrouve désormais sans Premier ministre avec cette démission réclamée notamment par des bandes criminelles qui ont accentué ces derniers jours la pression sur l’Etat haïtien en s’en prenant aux symboles régaliens lors d’attaques contre des prisons, des commissariats et même le palais présidentiel.
Depuis plus d’une semaine, la capitale Port-au-Prince vit sous les régimes de l’état d’urgence et du couvre-feu. Dans la nuit de samedi à dimanche, les Américains ont évacué par hélicoptère leur personnel diplomatique non-essentiel et lundi, c’est l’ensemble du personnel de l’Union européenne présent dans le pays qui a plié bagage.
Pour autant, les Etats-Unis, mais aussi le Canada, ont réaffirmé hier leur soutien envers Haïti et promis plusieurs dizaines de millions de dollars d’aide. 133 millions supplémentaires fournis par les Etats-Unis, dont 33 millions d’aide humanitaire et 100 millions consacrés à la force de sécurité internationale censée intervenir en Haïti mais qui jusqu’à présent peine à se mettre en place, notamment faute de financement suffisant. Le Canada offre de son côté 91 millions de dollars d’aide.
Photo de Une : Ariel Henry, ici en 2023, a démissionné de son poste de Premier ministre haïtien lundi 11 mars © ONU
3 commentaires
ben il faudrait dissoudre ce pays
A l’acide ? Bombe nucléaire ? Ou pire on le kolonise ?
Il était temps qu’il démissionne, en espérant que le Conseil de transition se constitue comme prévu avec toutes les forces vives du pays non impliquées de près ou de loin dans l’assassinat du Président.