Affaire des migrants délogés du kiosque Damas à Cayenne : «une expulsion par intimidation», selon le journaliste Gaël Ho-A-Sim, «un mouvement extrêmement pacifique» pour le chef d’entreprise Jérémy Harrous
Que s’est-il passé lundi soir de 20h à 21 heures environ au kiosque Léon Gontran Damas où s’étaient installés, récemment, une trentaine de migrants syriens (en majorité) et cubains, arrivés du Suriname et en instance d’une demande d’asile. Après une journée chauffée à blanc, avec deux adjoints au maire de Cayenne, Christian Faubert et Laura Hidair Louis (déléguée à la lutte contre l’habitat indigne et informel), perdant notablement leur sang-froid sur place en tutoyant avec véhémence un ressortissant marocain s’exprimant en français et paraissant jouer le rôle de porte-parole des migrants fraîchement installés kiosque Damas, des particuliers auraient donc pris…
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7 commentaires
Suite au Facebook Live de Radio Péyi consacré aux migrants du kiosque Damas, et à l’opération de communication montée par quelques élus de la mairie de Cayenne, en réaction également aux propos xénophobes ou carrément racistes tenus par ces élus, j’ai écrit une tribune pour le site Internet de France-Guyane.
Celle-ci, comme la plupart du temps, n’ayant pas été publiée, je la livre aux bons soins de Guyaweb, où la liberté de penser existe encore.
Je m’interroge également sur le silence assourdissant des associations des droits de l’homme en Guyane, et des associations de lutte contre le racisme et la xénophobie. Dans d’autres départements, pour de tels propos, plusieurs associations auraient dans les heures qui suivent porté plainte et se seraient portées partie civile. Le racisme des élus n’est-il pas condamnable en Guyane ?
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La Guyane est-elle toujours un territoire français, dans lequel s’appliquent le droit français et les conventions internationales ?
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La question mérite d’être posée, si l’on se réfère à l’attitude et aux paroles de certains élus municipaux de Cayenne à l’occasion de la présence de récents réfugiés syriens au kiosque Léon-Gontran Damas, rue Schœlcher, déclarations relayées par le live Facebook de Radio Péyi le 15 juin à cette occasion.
Alors que le gros du contingent d’immigration illégale en Guyane est constitué par des migrants économiques haïtiens (90% de l’ensemble, fourchette basse), qui ne peuvent prétendre au statut de réfugiés, les élus locaux ont (sauf très récemment) concentré leurs actions et leurs propos ces derniers mois à l’encontre des « réels » demandeurs d’asile, qui peuvent tous juridiquement – selon les conventions internationales signées par la France – avoir le statut de réfugiés dans notre pays, département guyanais y compris.
Qui sont-ils ? Pour beaucoup des Syriens, qui ont fui un pays en guerre, la répression politique, ou des Cubains, qui viennent incongrument nous rappeler que dans le paradis castriste des Antilles, il ne fait pas bon avoir une sexualité différente de la norme, ou une pensée politique incorrecte. Et ce ne sont que quelques-uns des pays dictatoriaux pourvoyeurs de misère et de drame.
Oui, quoiqu’en pense Madame la Maire, son 1er adjoint et d’autres conseillers de la ville de Cayenne, quoiqu’en pense une grande partie de la population, ces personnes, ces êtres humains semblables à chacun de nous, sont de vrais réfugiés ; ils ont droit à l’asile en France, et nous leur devons tous un accueil digne dans notre pays, parce que notre pays s’y est engagé par des traités internationaux, et que c’est humainement la seule voie possible.
Le statut de demandeur d’asile en Guyane n’est d’ailleurs pas un « eldorado » pour les personnes concernées. En dehors des difficultés – voire des impossibilités – d’hébergement, il leur faut vivre dans la misère. Alors que le coût de la vie est très élevé (logement et alimentation), les réfugiés en Guyane touchent une ADA (allocation aux demandeurs d’asile) encore plus faible qu’en France métropolitaine, et ce grâce à l’intervention du député Gabriel Serville en 2016 pour en faire baisser le montant versé en Guyane par l’Etat. On a l’humanisme qu’on peut, et chacun fait avec sa conscience et son honneur, à proportion de ce qu’il en a été doté.
Nos élus cayennais, tout à la bouffissure de leur notabilité d’édiles, se permettent de considérer ces nouveaux réfugiés syriens comme une nuisance visuelle sur la voie publique – presqu’un problème de voirie – une gêne pour les bons habitants du centre-ville, et tiennent publiquement des propos xénophobes (Madame la Maire et son 1er adjoint) voire clairement racistes (une conseillère municipale s’adressant à un réfugié qu’elle insulte). Une telle xénophobie décomplexée, assumant son rejet d’autrui sans poursuite judiciaire, est à faire se pâmer d’aise tous les nationalistes de la Création, tous les pourvoyeurs de pensées extrémistes.
Mais passons outre ces fanfaronnades aussi gratuites que nauséabondes. Au lieu d’aller invectiver les demandeurs d’asile et de préparer leur délogement du kiosque, nos élus ne seraient-ils pas plus dans l’exercice de leur mandat en allant s’asseoir autour d’une table avec les représentants de la CTG, de l’Etat et des associations d’aide aux réfugiés, pour, dans les meilleurs délais, assurer un accueil, la subsistance quotidienne et un hébergement des personnes, la scolarisation des enfants dès la rentrée, en bref donner enfin des conditions de vie dignes à des gens qui sont venus se réfugier en France, sur le territoire guyanais, souvent au péril de leur vie, et après un périple de plusieurs mois.
Les élus doivent se conformer aux lois et aux valeurs de la République, qu’elles leur plaisent ou non. S’ils s’y refusent, qu’ils se démettent. Autant il est inadmissible que des réfugiés soient obligés de vivre et dormir sous un kiosque en pleine rue, au XXIe siècle, dans une ville soi-disant « capitale », autant il est indigne d’un élu de venir leur reprocher cette précarité pour flatter son électorat. La misère n’a pas de leçon à recevoir de celui qui ne manque de rien.
Les élus seraient mieux inspirés en se mettant réellement au travail ! Pour que les services municipaux, avec ceux de la CTG et de l’Etat, apportent très rapidement des solutions humaines, dignes et durables à cette situation d’urgence. Et que la municipalité ne nous refasse pas le coup, comme pour la Pointe Buzaré, du dossier « d’occupation illégale du domaine public », qui n’est que le faux-nez pitoyable du rejet et de l’exclusion.
Philippe, de Cayenne.
d’accord avec Maipouri! dans le meme genre la sénatrice, qui manifeste avec Trop Violans…ce serait marrant que de tels agissements de la « gauche guyanaise » passe sur Public Sénat…Le mandat de sénateur n’est vraiment pas donné en fonction des compétences…
Sans oublier notre député, Gabriel Séville, également devant la préfecture hier.
Pourquoi ? Parmi les multiples sujets de cette « manifestation », on ne sait plus qui vient pour quoi.
A-t-on les élus qu’on mérite ?
Sommes nous tombés aussi bas…
Merci pour ces mots Maipouri. Ils font du bien à l’âme. Et merci pour l’article
Merci Maipouri pour ces écrits tout à fait pertinents!
@PapaouT
On ne peut pas avoir les élus que l’on mérite quand c’est l’abstention qui remporte à chaque fois les élections. L’abstention chronique en Guyane illustre l’absence de leader politique capable de simplement donner envier d’aller voter. Cela fait le jeu de la médiocrité et des systèmes électoralistes qui gangrènent historiquement la Guyane. Et la xénophobie a pu y trouver la place qu’on lui a donc laissé…
Bravo pour ces mots Philippe, le droit d’asile n’est pas une option mais une obligation. Nos élu.es, responsables de l’ordre public et de l’application des valeurs de la République -liberté, égalité et surtout fraternité ici- doivent se remonter les manches plutôt que de se pincer le nez.
Belle journée