A l’instar de la compagnie minière Auplata, la Compagnie Minière Montagne d’Or vient d’adhérer au Code International du Cyanure sous l’égide du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (UNEP), mais pour ses opposants “le fait d’adhérer à une charte ne garantit pas qu’on la respecte” et “n’élimine pas la problématique du cyanure.”
Par voie de presse, la compagnie minière a annoncé son adhésion officielle au Code International du Cyanure (Cyanide Code) depuis le 9 octobre 2018 et ainsi elle figure parmi les 46 compagnies signataires du Code international du Cyanure, comme sa consoeur Auplata signataire depuis le 11 juin 2014 pour les concessions Gold Room et Dieu Merci en Guyane.
Une adhésion qui se traduit par “la mise en place de procédures strictes de gestion du cyanure tout au long du processus de production” a déclaré Montagne d’Or.
“Le transport sécurisé du cyanure sera assuré par des transporteurs français expérimentés, certifiés et eux-mêmes adhérents au Code International du Cyanure ; le stockage du cyanure se fera uniquement sur le site industriel de la CMO, l’utilisation du cyanure se fera exclusivement à l’intérieur de l’usine, dans des cuves spéciales, elles-mêmes sécurisées par des dispositifs de
rétention, le cyanure sera détruit avant que les résidus ne quittent l’usine” argumente la compagnie minière Montagne d’Or qui se dit “ soucieuse de répondre aux préoccupations formulées par la population guyanaise dans le cadre du débat public.”
Les risques pointés de doigt
L’annonce de l’adhésion à cette charte fait bondir Michel Dubouillé, secrétaire général de Guyane Ecologie et membre de l’organisation Or de Question, le collectif opposé au projet de la Montagne d’Or.
“Le fait d’adhérer a une charte ne garantit pas que l’on la respecte” et selon l’écologiste “cela n’élimine pas la problématique du cyanure” comme celle de “la gestion des déchets cyanurés”.
Ainsi le militant écologiste pointe du doigt des risques, comme d’une part des “ruptures de digue, le mode de calcul en teneur du cyanure de sodium, de la pluviométrie amazonienne“ et d’autre part des “dégâts et des risques d’envahissement des nappes phréatiques”
Un moratoire sur l’utilisation du cyanure
C’est ce que souhaitent les opposants au projet Montagne d’Or: une demande de moratoire sur l’utilisation du cyanure a été remise par les militants écologistes de Or de Question à la commission ministérielle venue récemment en Guyane pour auditionner sur la mise en place d’une filière aurifère.
“Que ce soit Auplata ou Montagne d’Or et les autres à venir, qu’ils sachent que le Collectif Or de Question et ses associations vont se battre pour qu’une directive européenne interdise l’utilisation du cyanure dans les mines. C’est une contradiction avec le GIEC [Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, ndlr] et la politique sur le climat ” tempête Michel Dubouillé, militant écologiste membre de Or de Question.
Retrouvez tous nos articles sur le projet minier de la Montagne d’Or et notamment une interview de l’expert du BRGM sur la cyanuration publiée début mai 2018.
5 commentaires
Il ne faut pas réduire la perte à de la cyanure et d’éventuels « risques »: l’aire Caraîbes/Amérique du Sud a subi depuis 44 ans une perte de 89% de ses animaux sauvages. Il faut calculer combien seront perdu dans ce projet. A calculer la valeur de leur habitat détruite; à calculer la valeur de cet espace de retenu de carbone pour le ponde détruit – de certain! Après on parlera des risques;
mais y a plein d’entreprises malsaines qui adhèrent à toutes sortes de codes de « bonne conduite ». Un exemple typique est l’engagement RSPO pour produire de l’huile de palme de façon « responsable » – cela reste quand même le résultat d’une brutale déforestation. Vous voulez d’autres exemples ? les bois FSC, les poissons MSC, …. Le problème ici, c’est qu’on NE veut PAS de Montagne d’Or, de Nordgold, de pillages des terres autochtones, … Le sujet n’est pas certification-machin ou code d’éthique-boudin, le sujet est: « DEHORS ! »
Bien bien. Mais rappelons que Montagne d’Or prévoit d’utiliser près de 10 tonnes de cyanure par jour. Dégrad des Cannes va devenir le premier port en déchargement de cyanure en France !
Et du coup, quelque chose est prévu à ce sujet …?
Comment fera la compagnie minière pour stocker ses très nombreux containers de cyanure sur le port ? A l’air libre et à la pluie ?
Et en cas de fuite, ça fait quoi déjà le cyanure avec de l’eau …?
Et sur la route, être signataire d’un code international de bonne conduite, ça va aider les poids lourds à franchir les ponts de la RN1 interdits aux plus de 26 tonnes ?
Comment y fera l’auditeur ? Il va fermer les yeux quant il verra les entreprises certifiées franchir Saut Sabbat en surpoids ?!
Si c’est la compagnie Montagne d’Or qui s’engage à ne pas suivre la charte qu’elle a signé. Ben, elle en a pour 12 ans (d’exploitation). Les déchets eux resteront plus longtemps. Et la « joint-venture » russo-russe NordGold-Colombus, elle a signé la charte ?
bonjour Carvalho – je crois savoir que l’essentiel des substances chimiques (dont le cyanure, les explosifs) et les carburants du projet « Montagne d’or » seront débarqués dans un nouveau port près de Saint-Laurent du Maroni. A vérifier auprès des services de la Préfecture.