Hier en début de soirée, l’ensemble des journalistes de Guyane recevait par courriel un communiqué intitulé « Urgent » émanant de la préfecture ayant pour objet le «report» du déjeuner-presse de mercredi 21 septembre 2016 auquel notre confrère Frédéric Farine n’était pas le bienvenu car pas «invité à la table du préfet»
En fonction depuis janvier 2016, Martin Jaeger, préfet de la région Guyane, – sous-préfet à Saint Laurent du Maroni (2001 à 2003), – s’est fendu du message suivant :
« Je constate que l’invitation que j’avais lancée à un certain nombre d’entre vous est sujet à polémique. Je ne fais, pour ma part, aucune discrimination lors des points presse ou des conférences de presse qui sont des moments professionnels entre vous et moi.
Je déteste les polémiques stériles sur qui mange avec qui surtout quand j’ai invité tout le monde et que certains m’ont fait connaître leur indisponibilité m’amenant à ajuster ma table.
J’ai donc le regret de vous indiquer que je reporte le déjeuner auquel je vous avais convié.
Je ne crois pas avoir jamais empêché qui que ce soit de faire son métier d’information. Mais faire votre métier, ce n’est pas ordonner une réponse à celui que vous interrogez. «
Martin JAEGER.»
Un « report » qui était prévisible mais qui pose la question de la liberté d’informer. En effet au cours du déjeuner-presse, notre confrère Frédéric Farine souhaitait obtenir des réponses sur la politique migratoire de la préfecture de Guyane.
Frédéric Farine, journaliste, persona non grata au déjeuner-presse du préfet (Guyaweb du 19/09/2016), retient que « le communiqué du préfet, truffé de dénégations guère convaincantes, indique de fait que le contact avec le (ou les) journaliste(s) qu’il n’a pas envie de voir peut se limiter aux conférences de presse qu’il organise. Mais le journaliste ne doit pas subir. La vérité c’est que depuis le 19 août, je cherchais à avoir un interlocuteur de la préfecture, pas forcément le préfet, simplement pour répondre aux questions que tout citoyen peut se poser sur des faits qui conditionnent la vie publique, en l’occurrence sur la gestion des migrants en Guyane et particulièrement des demandeurs d’asile. J’avais d’ailleurs initialement un rendez-vous téléphonique avec le secrétaire général de la préfecture le 26 août. La préfecture l’a brusquement annulé 10 minutes avant l’heure prévue via un SMS lapidaire m’annonçant simplement que la préfecture se ravisait et avait décidé de ne plus communiquer sur ce dossier jusqu’à nouvel ordre. Depuis c’est silence radio. Maintenant, Guyaweb désigne ses journalistes ès qualité pour un déjeuner-presse avec le préfet. La préfecture rétorque que tel journaliste n’est pas le bienvenu. Nous sommes davantage habitués à voir le Front national ou le président d’un club de football adopter ce genre de pratique. Le citoyen attend sans doute davantage de hauteur de la part d’un préfet. Il doit être en mesure de répondre sur le fond aux questions qu’il n’a pas envie d’entendre. »
Force est de constater que le « message » du préfet, écrit de manière précipitée, est inexact lorsqu’il affirme avoir « invité tout le monde ». En effet Frédéric Farine, journaliste à Guyaweb et correspondant de l’Agence France Presse (AFP) depuis 10 ans, a été évité et non invité … Allez, #noussommestousFF !
2 commentaires
Récemment Monsieur le préfet rappelait aux fonctionnaires leurs devoirs de réserve sur un ton de menaces à peine voilée.
Maintenant Monsieur le préfet annule un déjeuner avec la presse Sous prétexte de polémiques, et qu’il préférait que le journaliste soit aux ordres les siens en l’occurrence .
En gros si j’ai bien compris il faut fermer sa bouche, ne faire aucun commentaire, aucune analyse,sur ses actions,ses décisions.
Donc j’obéis, j’arrête de commenter, mais je ne pense pas moins….
Les bras m’en tombent….Là franchement autant j’ai été d’accord sur les mesures prises par le préfet, maintenant j’en arrive à croire qu’il nous a fait une séance d’enfumage bien dans l’état d’esprit d’un pas en avant un autre en arrière, menée tambour battant par nos dirigeants politiques du moment. Belle mentalité….