Line Létard, la candidate du parti Walwari fondé par Christiane Taubira, ancienne ministre de la Justice, brigue la députation pour la première fois dans la première circonscription aux élections législatives des 10 et 17 juin. Elle s’est prêtée au jeu de nos questions écrites envoyées à l’ensemble des 17 candidats* en lice aux législatives en Guyane.
Elle sera face à 9 autres candidats dans la première circonscription de Guyane: Michel Sabas (ancien militant du Parti Socialiste Guyanais), Claire Albanesi (La France Insoumise), Julien Deroche (sans étiquette), Gabriel Serville (Parti Socialiste Guyanais), maire de Matoury et député sortant, Jemetree Guard (sans étiquette), Sylvio Létard (sans étiquette), Armand Achille (anticolonialiste); Joelle Prévôt-Madère (La République En Marche !) et Michel Quammie (divers droite, soutenu par Les Républicains).
1/ Quel métier exercez-vous ?
J’exerce le magnifique métier d’enseignante, depuis 18 ans maintenant. Ma discipline est l’anglais cependant j’aurais pu tout aussi bien enseigner l’espagnol qui est une deuxième langue que j’ai longuement étudiée et que je pratique couramment. Ceci étant dit, j’aime à insister sur le fait que et ce et en toute modestie, j’enseigne également à travers les savoirs que je divulgue, des principes de vie à tous ces collégiens et lycéens dont j’ai eu la chance de croiser les chemins : la fierté d’être au monde et de vouloir être grand, bon et juste dans ce même monde. J’ai pratiqué en lycée, en collège ainsi que pour les BTS.
2/ Est-ce votre première campagne pour un mandat électoral ? Si non, quelles étaient les précédentes ?
Je n’en suis pas à ma première campagne : j’ai débuté en 2008, pour les municipales à Kourou. En 2010, les régionales où j’ai été élue dans l’opposition. Puis à nouveau à Kourou en 2014. En 2015, j’étais tête de liste « Guyane de toutes nos forces » pour les élections à la CTG. Les législatives sont donc ma 5ème campagne. Quand on fait de la politique, on ne s’en rend pas compte mais le temps passe vite : les batailles sont rudes mais nécessaires car il s’agit avant tout de sortir la Guyane de l’impasse dans laquelle elle se trouve depuis trop longtemps. Notre jeunesse et plus généralement, nos populations sont en souffrance à tous les niveaux.
3/Quelles sont les forces politiques qui vous soutiennent ?
Avec Guyane Ecologie depuis 2010 et Nouvelle Force de Guyane depuis 2014, nous sommes dans un partenariat politique qui se base sur une vision commune et partagée du développement du territoire. Des valeurs telles que la probité, l’authenticité, la proximité d’avec les populations nous animent. Walwari a deux élus qui siègent dans la majorité municipale de Cayenne dont le maire Marie-Laure Phinéra Horth, est aussi le secrétaire général de Nouvelle Force de Guyane.
4/Quels sont les sujets que vous comptez défendre en priorité devant le Parlement ?
L’accès à notre foncier et donc à la maîtrise de notre sol et de notre sous-sol qui regorgent de richesses inestimables, sera mon cheval de bataille au sein de cette assemblée. L’abrogation de cette ordonnance royale de 1825 qui confisque la quasi-totalité des terres de Guyane au bénéfice de la couronne et aujourd’hui de l’Etat, est d’une iniquité inacceptable et pénible. L’Etat est contraint par le pacte de stabilité européen : il faut que les Outremers et singulièrement la Guyane, trouvent donc les moyens de créer de nouvelles ressources. La terre est l’un de ceux-là.
5/Quelle sont les propositions de loi que vous comptez élaborer au cours de votre mandat ?
Au-delà de la proposition de loi visant à l’abrogation de cette ordonnance royale citée ci-dessus, il importe de se pencher avec acuité et urgence sur le problème et scandale sanitaires que connait la Guyane. La création d’un CHU s’impose bien évidemment et donc penser dès maintenant son contenu et son fonctionnement : sur 75 étudiants dans leur première année de PACES, 5 seulement compte tenu du numerus clausus appliqué aux Antilles-Guyane (158 places) pourront intégrer la faculté de médecine. Il conviendra donc là-aussi de se battre, pour augmenter ce nombre et former dès maintenant nos médecins et futurs spécialistes.
6/La loi de moralisation de la vie publique sera présentée avant le deuxième tour des élections législatives: quelle est votre position sur ce sujet ?
Je suis pour bien évidement, en y mettant quelques nuances notamment sur l’intitulé : moraliser la vie publique signifie que celle-ci soit immorale. Alors que c’est la loi qui fait et défait le contenu des possibilités offertes aux élus. C’est donc la loi qui doit exiger dans son contenu que les élus et leurs pratiques soient conformes aux exigences des populations qu’ils représentent. La transparence s’impose, c’est l’un des cris du cœur entendu lors de la marche du 28 mars 2017. J’y souscris totalement.
7/Comment comptez-vous faire appliquer concrètement l’Accord de Guyane ?
Dire la vérité à la population : ce ne sera pas évident tant ce document rédigé dans l’urgence et la précipitation demeure malgré les bonnes intentions des uns et des autres, peu sécurisé juridiquement. L’accord de Guyane dans ses premières phases, concerne du rattrapage et donc essentiellement des moyens budgétaires supplémentaires. Le combat devra donc être mené lors de l’examen de la loi de finances. Avec des alliés. Je pense aux autres députés et sénateurs ultra marins dont nous partageons pour beaucoup, les problématiques liées à l’éloignement de nos territoires d’avec l’Hexagone. Il y a une rupture d’égalité manifeste. La suite du combat devra être menée au sein de la loi égalité réelle votée en janvier 2017, le plan de convergence est d’une importance capitale. L’implication de l’ensemble des collectivités territoriales sera également indispensable.
8/En cas d’élection, comment comptez-vous couvrir votre circonscription ?
Je revendique d‘embrasser complètement mon territoire : s’il est vrai que j’aurais une attention particulière pour la première circonscription, je serai la députée de l’ensemble de la Guyane où je me rendrai de façon constante et dès que possible. Ma suppléante Farah Khan, est quelqu’un de dynamique et qui a su montrer à travers ses mandats, sa disponibilité et son sens de l’intérêt collectif. Mon choix s’est porté sur elle car je sais qu’elle saura relayer dans les deux sens les demandes, les attentes de tous. Je suis extrêmement accessible par ailleurs, sur les réseaux sociaux, par mail…
9 /Quels sont vos principaux arguments pour convaincre les électeurs ?
J’ai pris le temps de la réflexion et de la maturation politique. Les combats vous apprennent beaucoup à la fois sur vous-même mais également sur votre capacité à gérer les crises et les situations complexes. Par ailleurs et à travers mes différents mandats antérieurs dans des collectivités dites majeures ou mineures, j’ai appris les différentes problématiques guyanaises. Il importe de prendre le temps d’apprendre, de comprendre pour mieux défendre, avec efficacité. Les problèmes de la Guyane nécessitent un député qui soit d’emblée opérationnel sur leur résolution et c’est mon cas.
Quels sont vos outils numériques de campagne ?
Les mêmes que j’utiliserai quand je serai députée. Je suis très active sur Facebook et j’aime la possibilité du dialogue immédiat avec tout le monde, débarrassé des lourdeurs administratives et liées à la fonction ; à n’importe quelle heure, quel que soit l’endroit du monde où l’on se trouve. Je pense néanmoins aux populations des communes enclavées, sans couverture numérique. C’est pour cela que même si j’affectionne les réseaux sociaux, je sais que la rencontre en chair, en os, en voix et en regard, demeurera toujours, le must et le plus fiable en matière de relations humaines. Twitter a ses limites : les 140 caractères me gênent même si le point positif demeure la mine d’informations que l’on peut y trouver avec un accès plutôt immédiat et intéressant parce que diversifié, au niveau du contenu de ce qui fait l’actualité. Whatsap évidemment, mais toutes proportions gardées eu égard aux dérives et aux fausses informations qui y circulent trop souvent et à la vitesse de l’éclair.
A quoi sert un député ?
Elus au suffrage universel direct, les 577 députés – 539 de l’Hexagone, 27 des Outre-mer et 11 des Français de l’Etranger – composent avec les sénateurs le Parlement qui se réunit notamment tous les mardis et mercredis pour les questions d’actualité. Un député est élu pour cinq ans et a pour mission de discuter et éventuellement de voter les projets de loi du gouvernement mais il peut aussi déposer des propositions de loi. En plus du vote des lois, le député a pour mission de contrôler l’action du gouvernement en posant des questions écrites ou en posant des questions orales en séances publiques.
Comment est-il élu ?
Les candidats qui recueilleront la majorité absolue des suffrages exprimés, représentant au moins 25% des électeurs inscrits, seront élus dès le premier tour. Si un second tour est nécessaire, pourront se présenter les candidats ayant obtenu un nombre de voix au moins égal à 12,5% des électeurs inscrits. Si aucun candidat ne remplit cette condition, pourront se présenter les deux candidats ayant obtenu le plus de voix au premier tour.
Au second tour, le candidat qui aura recueilli le meilleur résultat sera élu, même à la majorité relative. Et en cas d’égalité entre deux candidats, c’est le candidat le plus âgé qui sera élu au bénéfice de l’âge.
Particularité des prochains députés
Ils ne pourront plus cumuler de mandats. La loi du 14 février 2014 interdit en effet le cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député ou de sénateur. Député sortant de la 1ère circonscription de Guyane, Gabriel Serville le député-maire de Matoury qui se présente à nouveau aux élections législatives est ainsi directement concerné.Retrouvez nos articles sur lesLégislatives 2017
2 commentaires
Elle vraiment donneuse de leçons ce qui est peut être normal lorsque on est professeure !!
Sur le reste, propos sans intérêts en dehors du sujet et de la mission qui pourrait lui être confié en cas d’élection.
Il est vrai que cette candidate est plus convaincante lorsqu’elle s’exprime verbalement. Volubile, un tantinet arrogante, dotée d’une vrai personnalité, elle est concrète dans son argumentation et dotée d’un charisme certain qui n’est pas sans rappeler la fondatrice de Walwari. En tout cas une personnalité clairement au dessus de la moyenne des candidats à cette élection.