Révélés ce lundi par La Croix, les résultats de l’enquête canonique diligentée par le Vatican à l’encontre de l’ancien évêque de Guyane incriminent Mgr Emmanuel Lafont. Côté justice civile, l’homme d’Église est au cœur d’une enquête judiciaire préliminaire pour « traite d’être humain aggravée », « aide au séjour irrégulier » et « abus de confiance aggravé ». Des faits qui se seraient produits lorsqu’il était en poste en Guyane avant sa démission en 2020.
L’assignation « à résidence dans un monastère de métropole« . C’est l’une des sanctions prises par le Vatican à l’issue d’une enquête canonique menée contre l’ancien évêque de Guyane, Mgr Emmanuel Lafont.
Cette enquête a été lancée par le Vatican en avril 2021 « en raison de rumeurs et d’accusations portées à son égard évoquant des attitudes inappropriées envers des adultes » avait alors précisé la Conférence des évêques de France (CEF). Elle a débouché fin octobre 2022 sur plusieurs sanctions prononcées par le dicastère pour les évêques – l’un des neuf « ministères » du Vatican – à l’encontre de Mgr Emmanuel Lafont comme le révèle ce lundi 19 décembre La Croix.
En plus de l’assignation à résidence dans un monastère de Savoie, l’évêque est interdit de tout ministère : il a interdiction d’exercer toutes activités pastorales, de porter ses insignes d’évêque (la mitre, la crosse…), d’entrer en contact avec ses connaissances en Guyane ainsi qu’avec de jeunes migrants.
Evêque de Guyane de 2004 à 2020, Mgr Lafont est au cœur d’une enquête préliminaire diligentée par le parquet de Cayenne et menée par la police judiciaire pour « traite d’être humain aggravée », « aide au séjour irrégulier » et « abus de confiance aggravé ». Il lui est reproché d’avoir hébergé à l’évêché un jeune homme haïtien en échange de faveurs sexuelles. Des faits que l’évêque et ses avocats ont toujours contesté.
« La police doit encore faire des investigations »
En l’espèce au niveau judiciaire, deux plaintes ont été déposées auprès de la police de Cayenne. L’une pour abus de faiblesse, déposée par le jeune demandeur d’asile haïtien en 2020, et l’autre pour harcèlement moral, déposée par une ancienne salariée du diocèse il y a près de 10 ans et toujours en cours d’instruction.
Contacté par Guyaweb, le procureur de la République de Cayenne Yves Le Clair nous a confirmé l’existence d’une enquête préliminaire à l’encontre de Mgr Lafont. Une enquête qui n’a « pas évolué » selon Yves Le Clair. « Pour l’instant les faits reprochés restent les mêmes, il n’y a pas de nouvelle plainte ou victime à ma connaissance.«
Saisie, la police judiciaire de Cayenne « doit encore faire des investigations. Une fois l’enquête bouclée, Mgr Lafont recevra une convocation » par le parquet de Cayenne, lieu de commission supposée des faits. Il pourra alors être relaxé ou mis en examen.
En novembre, lors de l’assemblée plénière de la CEF, son président Eric de Moulins-Beaufort avait dénombré huit évêques émérites ayant affaire ou ayant eu affaire à la justice selon l’AFP. Il n’avait pas cité nommément Emmanuel Lafont mais avait souligné que certains cas étaient « connus » de la presse.
Photo de Une : atteint par la limite d’âge (75 ans), Mgr Emmanuel Lafont avait démissionné de l’évêché de Guyane en octobre 2020 © Guyaweb
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