Mercredi 27 Novembre

Affaire du marché public litigieux de la ville de Cayenne : les versions opposées du dirigeant de Sarvis qui a porté plainte et de l’ingénieur qui a orienté le choix de la mairie

Affaire du marché public litigieux de la ville de Cayenne : les versions opposées du dirigeant de Sarvis qui a porté plainte et de l’ingénieur qui a orienté le choix de la mairie
Enquête en accès libre

Mais pour en revenir au fameux marché d’extension du réseau en fibre optique de la ville de Cayenne, qu’est-ce qui a concrètement fait la différence et justifié l’octroi de ce marché à Vitrociset a-t-on demandé rétrospectivement à Dominique Avisse.

«Les deux sociétés, Sarvis et Vitrociset, avaient une bonne proposition technique mais le budget de Vitrociset était meilleur (…)  Ce qui a fait la différence c’est que Vitrociset possédait une grosse centrale d’achat car Vitrociset c’est une boîte guyanaise mais c’est d’abord une boîte mondiale dont le siège est à Rome. Et cette centrale d’achat lui permettait en quelque sorte de pratiquer des prix de métropole » avait argué l’ingénieur-conseil jeudi 28 avril.

On a beau acheter le matériel ailleurs, le gros du travail,dans ce marché, c’est la réalisation de la tranchée proprement dite, c’est cela qui coûte cher. Parce qu’il faut faire la tranchée dans les règles de l’art (Xavier Huchon, directeur de Sarvis)

Xavier Huchon, le dirigeant de Sarvis n’est pas convaincu par l’argument quand on le lui rapporte : « Il faut le prouver qu’ils ont acheté moins cher que moi. Et l’octroi de mer ? Et les transports ? Et puis acheter quoi ? Quand on fait des tranchées, on achète du câble, on achète du tube plastic. Et grosso modo sur une valeur moyenne d’une tranchée en ville qui représente de 40 à 70 euros le mètre selon les conditions, le tube et le câble représentent un ou deux euros. Donc on a beau acheter le matériel ailleurs, le gros du travail dans ce marché, c’est la réalisation de la tranchée proprement dite, ce sont les VRD (voiries et réseaux divers), c’est cela qui coûte cher. Parce qu’il faut faire la tranchée dans les règles de l’art. Pour une micro-tranchée, c’est à dire une tranchée inférieure à 3 centimètres il faut enlever le matériau et mettre du mortier maigre. Et cela a un coût. Si l’on veut respecter les normes ».

« Je n’ai pas été vérifié auprès de la centrale d’achats en Italie mais je suis plutôt d’accord avec l’argument de Xavier Huchon : le recours à la centrale d’achats n’a du que peu jouer pour le prix », répond à la réflexion Dominique Avisse interrogé de nouveau par nos soins, cette fois le 3 mai, sur ce contre-argument du dirigeant de Sarvis.

Avant de nuancer son propos: « mais faire une tranchée avec une belle trancheuse neuve à 400 000 euros comme le souhaitait Sarvis, c’est beaucoup plus cher que la solution qu’avait choisie Vitrociset qui avait utilisé une petite trancheuse de quelques dizaines de milliers d’euros accrochée à un tracteur. Vitrociset a fait des paris, des essais, des associations et je ne sais pas si Vitrociset s’y est effectivement retrouvé financièrement car ils ont eu du retard dans l’exécution du marché ».

Dominique  Avisse ajoutant cette précision au sujet des retards : « lors de la 1ère tranche de ce marché, Sarvis avait mis 7 mois et demi pour faire un marché prévu en 5 mois (deux mois et demi de retard donc selon Dominique Avisse, huit semaines pour Xavier Huchon, ndlr) soit 50% de retard par rapport au marché prévu. Vitrociset c’est vrai a eu du retard pour la 2ème tranche qui s’est chiffré à 70% du délai prévu pour le marché, cela fait 7 mois, c’est donc supérieur au retard de Sarvis. Toutefois, Vitrociset avait 20 km à faire pour installer de la fibre optique, Sarvis n’en avait que 5. Je ne suis pas sûr que si Sarvis avait eu à faire les 20 km que Vitrociset a réalisés, il aurait eu moins de retard. »

Là encore, Xavier Huchon remet la pierre dans l’autre jardin : « Travailler, surtout en centre ville, avec les problèmes de gestion de circulation, comme nous l’avons fait lors de la première tranche, ça n’a rien à voir avec le fait de travailler le long de la route de Montabo comme a fait Vitrociset. Sans compter qu’au mois de juillet, l’un des mois prévus pour nos travaux, l’assistant à maîtrise d’ouvrage n’était pas disponible »..

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