L’activité du Grand port maritime de Guyane a fortement augmenté en 2024. Une progression due en partie aux importations massives de pétrole pendant la saison sèche afin de produire de l’électricité. Au-delà de cette conjoncture, les marchandises progressent aussi, en lien avec le dynamisme du secteur de la construction. Une bonne année financière pour le port en somme, qui permet d’aborder sereinement 2025. L’année sera consacrée au lancement des principaux chantiers du projet stratégique 2024-2028 du GPMG.
Un niveau de trafic portuaire historique en Guyane. Pour la première fois depuis sa création en 2013, le Grand port maritime de Guyane (GPMG), qui rassemble les ports de Pariacabo et Dégrad-des-Cannes, a dépassé en flux la barre symbolique du million de tonnes en 2024, contre 932 000 tonnes en 2023. Cette hausse significative, qui concerne tous les secteurs excepté le trafic routier avec une baisse des importations de véhicules, est néanmoins pour partie conjoncturelle. Elle a été dopée par les importations massives de pétrole d’EDF pour produire de l’électricité pendant la saison sèche 2024 particulièrement longue et intense afin de compenser les baisses de performance du barrage hydroélectrique de Petit-Saut.
L’ouvrage fournit d’ordinaire 50% des besoins en électricité de la Guyane. EDF a dû le suppléer par des centrales thermiques, d’où les 325 000 tonnes de produits pétroliers importées en 2024. « D’ordinaire, une bonne année tourne autour de 255 000 tonnes », contextualise Stéphane Tant, le directeur du GPMG. « Cette hausse exceptionnelle est clairement due aux vracs liquides. Ce n’est pas sûr que l’on fasse le million de tonnes en 2025, mais le niveau de trafic sera soutenu, projette-t-il. Les besoins de la Guyane sont importants donc les flux seront là. »
En témoigne, selon lui, la progression continue des marchandises diverses, en forte hausse avec 565 000 tonnes en 2024 contre 487 000 t en 2023, dont les conteneurs qui représentent en volume 75 000 équivalent vingt pieds (EVP). « C’est une progression de 6 à 7% en tonnage et un peu plus en volume » se réjouit Stéphane Tant. « De plus, 42 000 conteneurs étaient pleins en 2024. Nous étions sur des statistiques inverses en 2023 avec de nombreuses boîtes vides à déstocker. »
Le GPMG table sur une nouvelle progression de 2% de ces marchandises diverses en 2025. Pour le directeur du port, ce dynamisme est le reflet d’une « économie guyanaise énergique, portée par le secteur de la construction ». Depuis le mouvement social de 2017, le territoire est engagé dans un rattrapage en infrastructures publiques. La construction du pont du Larivot (malgré les remous), de la centrale électrique éponyme et de nombreux établissements scolaires et logements a rythmé l’année 2024. 110 000 tonnes de clincker, un constituant du ciment, ont été importées l’année dernière. « Cette tendance va se poursuivre en 2025 avec le lancement des deux cités judiciaires de Cayenne et Saint-Laurent et de la nouvelle prison dans l’Ouest » explique Stéphane Tant. Les flux, sur lesquels le GPMG touche droits de port et redevances, seront donc stables.
Balance commerciale déséquilibrée
De quoi aborder « sereinement 2025″, après « un bon bilan financier en 2024″, assure M. Tant. « Nous n’avons pas eu de gros impairs, comme mon prédécesseur, avec l’accident des grues, qui avait ouvert une page d’incertitudes financières pour le port« , relève-t-il.
Cet environnement va permettre au grand port de lancer en 2025 les principaux chantiers de son projet stratégique 2024-2028 : la mise en service des deux grues au 2e semestre (avec trois ans de retard), le lancement des études pour la construction d’un nouveau quai roulier et d’un terre-plein attenant de 2ha, des extensions à hauteur de 4ha pour notamment développer la logistique. Un terrain de 3ha, acheté début février à la Collectivité territoriale de Guyane, sera aménagé pour qu’y soient créés des entrepôts sous douane, connectés au terminal du port.
« Ces travaux vont permettre de gagner de la place sur le terminal, qui doit être dédié à la gestion de flux, et de soutenir le développement de lignes de cabotage avec les pays de la région », détaille le directeur. Le GPMG souhaite en effet se développer pour améliorer sa « connectivité » avec les places portuaires voisines et offrir des perspectives d’exportation pour rééquilibrer la balance commerciale de la Guyane. Le territoire amazonien est importateur à 90% en raison d’une économie peu productrice. Seules 110 000 tonnes ont été exportées du port en 2024. Un chiffre stable par rapport à 2023. Ces exportations sont essentiellement des déchets, des déménagements et du fret divers, dont un peu de bois. « Mais aussi la tare des conteneurs vides car il s’agit d’un tonnage global et non d’un tonnage net de marchandises« , précise le GPMG.
Photo de Une : 50 000 conteneurs, soit 75 000 EVP, ont transité par le Grand port maritime de Guyane en 2024 © Guyaweb
Le bilan en chiffres :
Flux en tonnage : 1,015 million de tonnes en 2024 / 932 000 tonnes en 2023.
Vracs liquides (produits pétroliers) : 325 000 tonnes en 2024 / 260 000 t en 2023.
Vracs solides (clincker) : 115 000 tonnes en 2024 / 110 000 t en 2023.
Marchandises diverses dont les conteneurs : en forte hausse avec 565 000 tonnes en 2024 / 545 000 tonnes en 2023.
Équivalent vingt pieds (EVP) : 75 000 EVP en 2024 dont 42 000 pleins / 75 000 EVP en 2023 avec majorité de boîtes vides.
Balance commerciale : 90% importations / 10% exportations (110 000 tonnes en 2024).
1 commentaires
Le pétrole, un tiers du tonnage de nos importations…C’est laid. Et on atteint presque la moitié en y ajoutant le ciment…Dis-moi ce que tu importes je te dirai qui tu es. Très bon article clinique.