En partenariat avec le Guide Guyane, bas les masques sur les sentiers de Guyane. Au détour du layon, sans masque ni gel, hors couvre-feu, le temps d’un instant de liberté ce samedi 1er août, retour aux sources sur le sentier de l’Habitation Mondélice situé sur la commune de Rémire-Montjoly.
Pour s’y rendre : de Cayenne ou Rémire, prendre la direction de Dégrad-des-Cannes. Au rond-point Adélaïde Tablon, poursuivre vers le lycée L.G. Damas. Rentrer à gauche, vers la salle omnisports. L’entrée du sentier se situe au fond du parking.
Durée : A l’aller, empruntez le sentier principal (2,3 km) et les variantes sur le retour. Envisagez 2h30 pour les 5 km A/R du parcours, lecture comprise.
Historique du site :
Jean Vidal acquit cette habitation en 1800. Elle était composée de terres hautes, que nous allons parcourir à pied ainsi que d’anciens polders de Macaye. 15 ans plus tard, la sucrerie était composée de chaudières et du moulin à mules que vous allez gravir. En 1821, ce fut l’achat de la 1ère machine à vapeur introduite en Guyane, qui permit à l’habitation de devenir la plus grande sucrerie de la colonie. Utilisant les ressources disponibles (bois & eau), cette machine, héritière de la technologie de Watt, est encore bien conservée. Elle est maintenue sous la végétation pour la préserver en attendant un traitement anti-corrosion très coûteux.
Mais c’est surtout une main-d’oeuvre corvéable à merci qui permit au colon de s’enrichir. 250 esclaves étaient contraints d’extraire sirop, rhum et mélasse d’une canne à sucre, cultivée aux abords, sur 70 ha. Si l’esclavage avait été rétabli en 1802, son commerce demeurait interdit. Mais Vidal, profitant que son habitation débouchait par un canal sur le Mahury, continua de faire débarquer une main-d’oeuvre servile, originaire du Brésil. Le Gouverneur Laussat tenta de mettre fin à ces pratiques illicites, mais face aux pressions des notables, ce fut Laussat qui fut chassé !
La concurrence de la betterave sucrière et l’abolition de l’esclavage en 1848, supprimant la main d’œuvre bon marché, eurent raison de ce scandale.
En 1864, le Père Guyodo fonda sur ce domaine une institution de bienfaisance, comprenant une école d’agriculture et un orphelinat. Son projet progressiste fut vite victime de discordes anticléricales.
Description du site :
Ce sentier est un lieu de mémoire dédié aux victimes de l’esclavage qui y ont souffert pendant près de 200 ans. Au total, de 30 à 50000 Africains ont été déportés en Guyane, où le premier navire négrier débarqua en 1664. Dix panneaux sont implantés sur le sentier. On y découvre la vie quotidienne des esclaves à Mondélice et le système de production sucrière. Par ailleurs, l’aménagement pédagogique du sentier a été réalisé par le service Environnement de la Collectivité Territoriale de Guyane.
Le massif forestier de Mondélice abrite aussi 3 parcours d’orientation à pratiquer avec carte et boussole. 70 bornes d’orientation alimentent 3 parcours : « Facile » de 1,5 km (45 mn) – « Difficile » de 3 km (1h30) et « Très difficile » de 7,5 km (3h30). Informations sur place par Flash Codes via un smartphone.
Note de Philippe Boré, auteur du Guide Guyane :
En cette période toute particulière, le sentier de Mondélice se prête très bien à la randonnée respectant les gestes barrières. En effet, les layons sont très larges et rectilignes et on n’est jamais surpris par l’approche rapide d’un coureur ou d’un groupe. On ne vous aurait donc pas proposé le sentier de Montabo qui est loin d’avoir cet atout. Pour ces mêmes caractéristiques, il est aussi possible d’envisager pour le sentier Mondélice un retour de nuit, munis de votre lampe frontale, mieux encore au clair de lune. Prévoyez toujours un anti-moustique car les bas-fonds marécageux entourent le secteur.
Au fil de la marche, et selon la saison, on peut déguster des fruits de mombins et d’awara tombés au sol, découvrir des bambous géants et des plantes médicinales comme le couachi (Quassia amara), petit arbuste tonique et amer, employé en infusion pour ses bienfaits divers. A l’issue du parcours, une vaste clairière dominée par un immense fromager, laissant parfois échapper ses boules de Kapok, invite à faire une pause.
Dans les environs : afin de rester dans le thème de la pharmacopée guyanaise, on vous recommande de visiter l’un des rares jardins de plantes médicinales du département. Il a élu domicile dans une petite parcelle de verdure, blottie derrière le Point Info Tourisme de Rémire. On y découvre des plantes locales aux noms vernaculaires évocateurs comme Doliprane, menthe Vicks, Boldo, Atoumo, 24 heures, Radié la fièvre… Quelques panneaux vous permettent de les identifier et de connaître leurs principales vertus traditionnelles. Un carbet avec banc vous invite à une halte rafraîchissante. A retrouver à l’entrée de la rue de Lattre de Tassigny et près de la salle d’exposition Pagaret.
Info utile : en raison de la pandémie, le Point Info Tourisme de Rémire est ouvert seulement de 8h à 13h, du lundi au vendredi. Pour les mêmes raisons, vous êtes priés d’appeler quelques minutes à l’avance au 0594 25 11 80 pour annoncer votre visite. Mel : pitrm [dot] accueil [at] orange [dot] fr
A lire aussi dans le Guide Guyane 2019-2020 des Editions des Curieux de Nature d’Amérique du Sud, des informations sur les balades, infos-nature et bonnes adresses pour découvrir la Guyane autrement !
1 commentaires
Un bon parours pour le footing, la balade familiale ou touristique !
Bravo au gestionnaire du site !
Seul bémol, les quelques gens qui s’y promènent ou courent avec leur (s) chien (s) sans laisse…