La première édition du concours pédagogique national La Flamme de l’Égalité a décerné à un groupe de collégiens de Cayenne le premier prix pour un travail mené avec leur enseignant d’histoire-géographie Jean-Michel Arthaud. Leur production qui porte sur les résistances à l’esclavage dans la Guyane des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècle a été retenu parmi 48 projets déposés dans la catégorie collège.
Organisé par les ministères de l’Éducation nationale, des Outre-mer et le CNMHE (Comité National pour la Mémoire et l’Histoire de l’Esclavage), ce concours pédagogique scolaire, qui n’est pas sans rappeler le concours national de la Résistance fondé en 1961, a pour objectif de contribuer à la construction d’une mémoire collective autour de l’esclavage. Plus de 2000 élèves de l’école élémentaire au lycée ont participé à la première édition. Sur les 82 candidatures, les académies les plus représentées étaient celle de Nantes avec 13 dossiers et celle de Versailles avec 12 dossiers. Cinq dossiers émanaient des Outre-mer. En Guyane, outre les collégiens lauréats de Paul Kapel, une classe de 6e du collège Paule Berthelot à Javouhey avait tenté l’aventure en soumettant au jury une bande dessinée sur les résistances à l’esclavage. Deux classes guadeloupéennes et un petit groupe d’élèves de Nouvelle-Calédonie se sont aussi saisis de ce sujet d’histoire. Myriam Cottias, présidente du CNMHE, déplore l’absence de participants martiniquais et réunionnais, mais se déclare par ailleurs « très satisfaite » de cette première édition. Elle souligne des conditions particulières cette année : la publication de la circulaire annonçant le concours en octobre a laissé peu de temps aux enseignants et aux élèves pour rendre leurs dossiers au 10 février. De plus, « l’information a peut-être mal circulé. Nous avons besoin de relais locaux, par le biais des Académies » explique-t-elle.
Vies d’esclaves
Selon elle, « ce concours répondait à une attente des professeurs, des parents, des élèves ». Les élèves devaient réaliser collectivement une production au format libre sur le thème « Récits de vie : restituer la voix des acteurs et des témoins de la traite, de l’esclavage et de leurs abolitions ». Les dossiers ont d’abord été examinés par des jurys académiques, avant d’être départagés par un jury national composé entre autre de l’historienne Catherine Coquery-Vidrovitch, de la sociologue Dominique Schnapper, de la présidente du CNMHE Myriam Cottias.
Cette dernière explique à Guyaweb avoir trouvé le travail des collégiens de classe de 4e de Paul Kapel « extrêmement touchant. Ce sont de très courts films, tournés en plan fixe en noir et blanc où les élèves racontent des vies d’esclaves. » Elle souligne « une grande sincérité » et « sur le plan esthétique, le parti pris de la sobriété ».
Les lauréats du concours sont invités pour la remise des prix qui aura lieu lors de la cérémonie nationale de commémoration de l’abolition de l’esclavage à Paris le 10 mai. Quatre élèves guyanais devraient s’y rendre accompagnés par leur enseignant. Si le CNHME avait prévu le logement et la prise en charge des lauréats à Paris, il était « prévu de demander des soutiens locaux pour que les élèves puissent venir ». La Collectivité territoriale de la Guyane vient d’être sollicitée pour débloquer des fonds afin de financer le transport des lauréats. Cette demande est en cours de validation. Les autres classes lauréates niveau élémentaire, lycée et le prix du jury sont des académies de Créteil, Paris et Dijon.
Jeune historien guyanais
Le travail des collégiens de Paul Kapel avait déjà été primé l’an dernier au Concours du jeune historien guyanais organisé par l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie de la Guyane (APHG-G). Ce concours régional propose aux élèves de Guyane de travailler sur un thème de l’histoire guyanaise qui change chaque année. Comme le cru 2014-2015 était dédié à l’histoire des résistances à l’esclavage en Guyane du XVIIe au XIXe siècle, le Rectorat de la Guyane avait convenu avec le CNHME « que les classes qui avaient participé l’année dernière au « Concours du Jeune historien de Guyane » pourraient présenter leurs productions au concours « La flamme de l’Égalité » » expliquait le Rectorat en décembre 2015. Le travail primé par La Flamme de l’Égalité a donc été réalisé l’an dernier par des élèves de 4e dans le cadre du concours du Jeune historien guyanais.
« Dans un premier temps, le travail consiste en une étude documentaire et des recherches sur le sujet. Puis la deuxième étape est une mise en scène » décrit la présidente de l’APHG-G Jacqueline Zonzon. Cette étude documentaire est facilitée par la publication chez Ibis Rouge d’un ouvrage pédagogique réunissant documents d’archives et explications.
Cette année, le concours du Jeune historien guyanais porte sur « Les mutations de la société coloniale guyanaise, de l’abolition à la départementalisation, 1848-1946 ». Les récompenses seront remises le 7 juin. Pour la première fois, les étudiants de l’université peuvent aussi y participer, aux côtés des élèves du primaire, du collège et du lycée.
La Réunion dispose également d’un concours pédagogique régional intitulé « Traites, esclavage et abolitions ». Pour 2015-2016, le concours invite les élèves de quatrième et de seconde à produire un récit fictif sur la vie d’un ou une esclave de l’abolition de 1848 à l’entrée dans la citoyenneté.
Le thème du concours de La Flamme de l’Égalité reste inchangé pour l’an prochain.
Pour aller plus loin sur l’histoire de l’esclavage en Guyane
Traces et mémoires de l’esclavage à Cayenne, Guyaweb du 10 juin 2015
Les derniers jours de l’esclavage en Guyane, Guyaweb du 10 juin 2015
Des sources historiques pour entendre les voix des esclaves, Guyaweb du 10 octobre 2015
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