Le président vénézuélien Nicolás Maduro a débuté jeudi 10 janvier 2019 un deuxième mandat de six ans mais l’opposition et beaucoup de pays étrangers ne reconnaissent pas sa légitimité.
Elu de justesse à la présidence du Venezuela pour la première fois en 2013 suite au décès de son mentor et prédécesseur Hugo Chavez (lui-même à la tête du pays depuis décembre 1998), Nicolás Maduro a été réélu en mai 2018 dans des conditions controversées (Guyaweb du 21/05/2018).
Son principal adversaire avait en effet contesté la régularité du scrutin tandis que le reste de l’opposition avait choisi de le boycotter après que ses principaux leaders en eurent été exclus par les autorités électorales et judiciaires toutes inféodées au régime en place accusé de dérive autoritaire.
L’Union Européenne, l’Organisation des Etats Américains, les Etats-Unis, le Canada et de nombreux Etats latino-américains avaient également indiqué ne pas reconnaître les résultats de cette élection présidentielle prévue en décembre 2018 mais anticipée à l’initiative de Nicolás Maduro afin de prendre de cours une opposition affaiblie et divisée.
Aucun représentant de ces pays et organisations n’a pris part à la cérémonie d’investiture marquant le début du deuxième mandat de Nicolás Maduro ce jeudi 10 janvier 2019, à laquelle ont assisté une cinquantaine de délégations étrangères et quelques présidents latino-américains parmi lesquels le Bolivien Evo Morales, le Nicaraguayen Daniel Ortega et le Cubain Miguel Díaz-Canel.
« Le monde est plus grand que l’impérialisme étatsunien et ses satellites. Ce monde est présent ici » a déclaré Nicolás Maduro, qui le 1er décembre dernier avait été invité à la cérémonie d’investiture d’Andrés Manuel López Obrador, nouveau président de gauche du Mexique, et qui peut effectivement compter sur des soutiens de poids comme ceux de l’Iran, de la Turquie et surtout de la Chine et de la Russie.
Nicolás Maduro a aussi réitéré ses diatribes habituelles contre l’Union Européenne, les Etats-Unis et leurs « satellites » au premier rang desquels il place la Colombie et le Brésil désormais dirigés par des dirigeants très à droite qui ont fait de la lutte contre le régime vénézuélien l’une de leurs priorités internationales.
C’est à une « guerre économique » fomentée par les dirigeants de ces pays en liaison avec son opposition interne que Nicolás Maduro continue par ailleurs d’attribuer la responsabilité de la profonde crise économique, sociale et humanitaire que traverse le Venezuela depuis plusieurs années en dépit de ses richesses pétrolières et qui se traduit par un exode massif de ses habitants vers les pays voisins.
La cérémonie d’investiture de jeudi dernier s’est tenue à Caracas devant la Cour Suprême et non devant l’Assemblée nationale comme le prévoit pourtant la Constitution vénézuélienne, ce Parlement unicaméral dominé par l’opposition depuis décembre 2015 ayant été privé de tous ses pouvoirs par une série de décisions des institutions judiciaires liées au régime chaviste en place.
Brièvement arrêté par les services secrets ce dimanche, Juan Guaidó, le nouveau président de cette Assemblée nationale qui est la seule institution opposée à Nicolás Maduro, avait refusé de reconnaître la légitimité du deuxième mandat de cet « usurpateur » et il avait considéré son investiture comme nulle et non avenue car résultant d’une « fraude ».
Juan Guaidó s’est dit prêt à assumer la présidence intérimaire du pays en application de la Constitution et il a demandé à l’armée de « faire son devoir » afin de garantir le retour à la légalité constitutionnelle, tout en appelant la population et la « communauté internationale » à soutenir l’opposition en vue d’obtenir le « rétablissement de la démocratie » au Venezuela.
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