Retranché durant deux jours au siège du Syndicat des métallurgistes à São Paulo, l’ancien président a finalement rejoint ce samedi soir le siège de la Police Fédérale dans la ville de Curitiba où il a commencé à purger sa peine de douze ans d’emprisonnement.
Lourdement condamné pour corruption et blanchiment d’argent, privé d’habeas corpus, Lula aurait dû rejoindre le siège de la Police Fédérale à Curitiba dans l’Etat du Paraná au Sud du Brésil avant ce vendredi à 17h selon une décision annoncée la veille par le juge Sergio Moro qui pilote l’enquête anti-corruption Lava Jato (« Lavage express ») (Guyaweb du 04/04/2018).
Mais l’ancien président brésilien n’a pas respecté ce délai et il est resté confiné au siège du Syndicat des métallurgistes à São Bernardo do Campo dans la grande banlieue de São Paulo, berceau de son engagement public et de sa carrière politique entamés il y a plus de 40 ans.
C’est de là, entouré de sa famille, de ses avocats, des dirigeants du Parti des Travailleurs dont il est le leader historique et de plusieurs centaines de militants et sympathisants, que l’icône de la gauche brésilienne et latino-américaine a négocié les conditions de sa reddition avec les autorités brésiliennes.
Celles-ci souhaitaient éviter tout débordement lors de l’arrestation de Lula et elles avaient fait savoir dès vendredi qu’il ne serait pas considéré comme étant en fuite et qu’il ne lui serait pas tenu rigueur de ne pas avoir respecté le délai fixé par le juge anti-corruption Sergio Moro.
Après avoir participé samedi matin à une messe célébrée à la mémoire de sa défunte épouse Marisa Letícia devant le siège du Syndicat des métallurgistes, l’ancien président de la République fédérative du Brésil (2003-2010) a fait un discours de près d’une heure au ton très combatif.
Lula a clamé une nouvelle fois son innocence et il a dénoncé le caractère abusif des sept procédures judiciaires lancées à son encontre, attaquant durement les grands organes de presse brésiliens, ses adversaires politiques ainsi que les juges qui l’ont condamné, tous qualifiés de « menteurs ».
L’ancien président âgé de 72 ans, jusqu’alors grand favori de l’élection présidentielle d’octobre prochain, a également réaffirmé que le « complot » politique dont il serait victime est la seconde étape du « coup d’Etat » ayant conduit en 2016 à la destitution de sa dauphine Dilma Rousseff qui lui avait succédé à la tête de l’Etat.
Même si en dépit de son emprisonnement il peut encore théoriquement déposer sa candidature, Lula se trouve désormais écarté de la campagne électorale en vue du scrutin présidentiel qui dans six mois devra trouver un successeur à l’actuel chef de l’Etat, Michel Temer.
Comme beaucoup de ses ministres et alliés de droite au Parlement Michel Temer est gravement mis en cause par l’enquête Lava Jato mais ils bénéficient de l’immunité liée à leurs fonctions, les partisans de Lula contestant quant à eux la légalité de la décision d’emprisonnement immédiat prise par le juge Moro et la célérité inhabituelle avec laquelle la procédure contre l’ancien président a été menée.
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