L’afflux massif de migrants vénézuéliens est source de fortes tensions au Brésil et en Colombie.
Face à la profonde crise politique, économique et sociale qui frappe leur pays depuis plusieurs années, plus de 4 millions de Vénézuéliens ont pris le chemin de l’exil dont une grande partie vers la Colombie et le Brésil voisins.
Colombie : être à la fois « sévères » et « solidaires »
En Colombie les autorités estiment qu’en 2017 plus de 500 000 ressortissants vénézuéliens sont entrés dans le pays sans visa ni papiers et des dizaines de milliers continuent d’arriver chaque semaine dans la ville frontalière de Cúcuta où beaucoup dorment dans la rue ou dans des abris de fortune faute d’infrastructures suffisantes pour les accueillir.
En déplacement la semaine dernière dans cette grande ville déjà peu prospère, le président de la République Juan Manuel Santos a annoncé une série de mesures visant à gérer l’afflux de migrants vénézuéliens « de manière contrôlée, ordonnée et légale ».
Il s’agit du déploiement de 3000 policiers et militaires supplémentaires le long des quelque 2200 kilomètres de la frontière avec le Venezuela et de la construction en partenariat avec les Nations Unies d’un centre d’accueil pour les migrants à Cúcuta, afin d’être à la fois « sévères dans les contrôles » et « solidaires avec les migrants ».
Alors que des réactions xénophobes commencent à apparaître en Colombie, Juan Manuel Santos a en effet rappelé que « le Venezuela a été très généreux avec la Colombie quand c’était les Colombiens qui allaient y chercher une vie meilleure » et il a appelé les Colombiens à être à leur tour « généreux avec le Venezuela dans ces moments de difficulté ».
Brésil : Boa Vista sous pression
Au Brésil c’est vers l’Etat amazonien du Roraima et en particulier dans sa capitale Boa Vista que se dirigent les flux de migrants fuyant la crise généralisée dans laquelle est plongé le Venezuela.
Au moins 40 000 Vénézuéliens sont arrivés à Boa Vista ces derniers mois et cet afflux place sous forte tension les infrastructures déjà souvent précaires de cette ville de 320 000 habitants, ce qui a conduit la gouverneure du Roraima à décréter « l’état d’urgence sociale » dans tout cet Etat frontalier du Venezuela.
Les autorités locales et régionales ont aussi sollicité l’aide du gouvernement fédéral et le président de la République Michel Temer, après avoir envoyé une mission d’évaluation dirigée par le ministre de la Défense, s’est rendu lui-même sur place ce lundi 12 février.
Comme en Colombie, les autorités brésiliennes affirment vouloir gérer cette crise migratoire dans une optique à la fois sécuritaire et humanitaire, en cherchant à ralentir et contrôler l’afflux des Vénézuéliens tout en s’efforçant de mieux accueillir ceux qui se trouvent déjà au Brésil.
Toutefois, face à l’absence d’éléments permettant d’espérer une amélioration rapide de la situation au Venezuela, les responsables brésiliens comme leurs homologues colombiens s’attendent à l’arrivée de dizaines de milliers de migrants vénézuéliens supplémentaires dans les prochains mois.
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