Une décision que le président équatorien Lenín Moreno justifie par le manque d’efficacité et la politisation de l’organisme d’intégration régionale.
« Les conditions ne sont pas réunies pour que l’UNASUR puisse à nouveau travailler pour l’intégration régionale » a déclaré le chef d’Etat équatorien mercredi 13 mars dernier, dénonçant « la politique politicienne perverse » et « les vices du socialisme du XXIe siècle » qui se seraient emparés de l’organisme régional.
L’Equateur va entamer les démarches pour rendre effectif son retrait de l’UNASUR et il entend également récupérer le bâtiment abritant le siège de l’organisme dans la capitale équatorienne Quito, dont la construction a été qualifiée de « gaspillage » par Lenín Moreno.
L’Equateur emboîte ainsi le pas de la Colombie qui a annoncé fin août 2018 son départ de l’UNASUR (Guyaweb du 29/08/2018), tandis qu’en avril cinq autres pays dirigés par des gouvernements de droite – Argentine, Brésil, Chili, Pérou, Paraguay – avaient déjà suspendu leur participation (Guyaweb du 21/04/2018).
Créée en 2008 à l’initiative de l’ancien président vénézuélien Hugo Chávez afin de « construire une identité et une citoyenneté sud-américaines et de développer un espace régional intégré » entre les douze Etats d’Amérique du Sud, l’UNASUR avait aussi été conçue par les gouvernements de gauche alors majoritaires dans la région – en particulier ceux se réclamant du « socialisme du XXIe siècle » – comme un moyen de contrer l’influence des Etats-Unis.
Le retour de la droite au pouvoir dans la plupart des pays d’Amérique du Sud et le réchauffement de leurs relations avec les Etats-Unis ont toutefois miné la cohésion de l’UNASUR, le retrait de la Colombie puis de l’Equateur soulignant l’affaiblissement de cet organisme qui pâtit des profonds clivages politiques et idéologiques traversant une région déstabilisée par la crise vénézuélienne.
L’Equateur s’est déjà retiré en 2018 d’une autre organisation régionale, « l’Alliance bolivarienne pour les peuples de notre Amérique » (ALBA), lancée en 2004 par Hugo Chávez et son homologue cubain Fidel Castro et regroupant une dizaine de pays dirigés par des gouvernements de gauche en froid avec les Etats-Unis et adeptes du « socialisme du XXIe siècle » (Guyaweb du 26/08/2018).
Vice-président puis successeur de Rafael Correa (2007-2017) qui avait fait de l’Equateur l’un des piliers de l’UNASUR et de l’ALBA, Lenín Moreno opère donc un virage géopolitique à 180° et ouvre la voie à de nouvelles dynamiques d’intégration régionale qui pourraient se concrétiser par la création de PROSUR, organisme destiné à remplacer une UNASUR moribonde réduite désormais à cinq membres – Bolivie, Guyana, Suriname, Uruguay, Venezuela.
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