« La gouvernance démocratique face à la corruption » est le thème officiel de ce 8e Sommet des Amériques qui réunit durant deux jours à Lima au Pérou de hauts représentants de tous les Etats du continent.
Si 21 chefs d’Etat ont confirmé leur venue, c’est la première fois depuis son édition initiale en 1994 à Miami que cette rencontre internationale a lieu sans le président des Etats-Unis, la Maison Blanche ayant annoncé mardi que Donald Trump restera dans son pays « pour superviser la réponse américaine à la Syrie » contre laquelle il pourrait ordonner une action militaire (Guyaweb du 10/04/2018).
Les Etats-Unis sont représentés à Lima par le vice-président Mike Pence mais l’absence de Donald Trump est interprétée comme un signe de son peu d’intérêt voire de son mépris envers l’Amérique latine, contre laquelle il a multiplié les propos vexatoires dès avant son arrivée au pouvoir début 2017 et pris ensuite des mesures très critiquées, en particulier sur les questions migratoires.
L’autre grand absent de ce 8e Sommet des Amériques est le président vénézuélien Nicolás Maduro, déclaré persona non grata par le Pérou et une dizaine d’autres pays membres du Groupe de Lima en raison de la « dérive autoritaire » de son régime et de son refus d’organiser des « élections présidentielles démocratiques, transparentes et crédibles » (Guyaweb du 15/02/2018).
L’exclusion de Nicolás Maduro est une humiliation et un revers diplomatique pour le régime vénézuélien dont l’isolement est croissant sur le continent américain où il reste néanmoins soutenu par quelques pays comme Cuba, le Nicaragua et la Bolivie, ce qui montre les divisions politiques traversant la région et devrait compliquer l’élaboration d’un consensus à l’occasion de ce Sommet des Amériques.
Quant au thème officiel du Sommet centré sur la corruption, il est au cœur de l’actualité continentale et en particulier de celle des pays d’Amérique latine où les scandales en ce domaine se multiplient et fragilisent voire poussent à la démission de nombreux dirigeants, à commencer par ceux du pays-hôte de cette rencontre internationale de haut niveau.
Au Pérou en effet le président Martín Vizcarra n’est en poste que depuis trois semaines, son prédécesseur Pedro Pablo Kuzcinski élu en juin 2016 ayant dû quitter ses fonctions fin mars dernier en raison de ses liens avec la multinationale brésilienne Odebrecht au cœur d’un « réseau de corruption transnational » qui a « étendu ses tentacules » dans toute la région selon les mots du nouveau chef de l’Etat péruvien (Guyaweb du 26/03/2018).
De surcroît, tous les anciens présidents du Pérou encore en vie sont mis en cause par la justice pour des faits de corruption, les prédécesseurs immédiats de Pedro Pablo Kuzcinski étant l’un en prison (Ollanta Humala, 2011-2016), l’autre visé par une enquête (Alan García, 1985-1990 et 2006-2011), le troisième en fuite aux Etats-Unis (Alejandro Toledo, 2001-2006), tandis qu’Alberto Fujimori (1990–2000) a été condamné à 8 ans de prison pour détournement de fonds – et à 25 ans pour crimes contre l’humanité.
Le Brésil est un autre exemple emblématique des ravages de cette corruption généralisée et de l’impunité qui « sont les deux faces de la même monnaie », l’ancien président Lula venant d’être emprisonné pour ce motif tandis que l’actuel chef de l’Etat Michel Temer, gravement mis en cause et très impopulaire pour les mêmes raisons, reste protégé par l’immunité liée à sa fonction mais se rend à Lima en position de grande faiblesse (Guyaweb du 08/04/2018).
La « gouvernance démocratique » des pays de la région est donc confrontée à la « nouvelle menace » que représente la « corruption systémique » qui mine « la légitimité sociale des institutions publiques » et face à laquelle les mécanismes de contrôle et de sanction manquent encore d’efficacité, en dépit de certains progrès illustrés par des procédures judiciaires plus sévères et par le fait même qu’elle soit le thème central de ce 8e Sommet des Amériques.
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