Sérgio Moro a fait cette annonce ce vendredi matin en dénonçant les « ingérences » du président Jair Bolsonaro.
Poids lourd et l’un des ministres les plus populaires du gouvernement dirigé par le président d’extrême-droite Jair Bolsonaro en fonction depuis janvier 2019, Sérgio Moro est un ancien juge devenu célèbre en dirigeant la tentaculaire enquête anti-corruption Lava Jato (« Lavage Express ») ayant conduit notamment à l’incarcération de l’ancien président de gauche Lula, favori de l’élection présidentielle d’octobre 2018 – Sérgio Moro a été mis en cause pour sa présumée partialité dans la condamnation de Lula, écarté de ce fait de la course présidentielle.
Nommé à la tête d’un « super-ministère » de la Justice et de la Sécurité publique avec la garantie donnée par Jair Bolsonaro d’avoir « carte blanche » pour mener la lutte contre la corruption et le crime organisé, Sérgio Moro a néanmoins été rapidement confronté à la volonté du président d’imposer ses vues et les tensions entre les deux hommes se sont accrues dès l’an passé : « à partir du second semestre il y a eu une insistance du président pour changer la direction de la Police Fédérale » a déclaré le ministre démissionnaire ce vendredi 24 avril.
De fait, sa démission a été provoquée par la volonté du président de remplacer par l’un de ses propres affidés le directeur de la Police Fédérale, très proche de Sérgio Moro depuis l’époque de Lava Jato, ce que ce dernier a dénoncé comme une « ingérence » l’empêchant de « préserver l’autonomie de la Police fédérale » qui est « une valeur fondamentale qu’il convient de préserver dans un Etat de droit ».
Sérgio Moro a précisé qu’il n’était pas contre un changement à la tête de la Police Fédérale, placée sous son autorité, mais qu’il fallait pour cela que le président lui donne un motif valable, comme une « erreur grave ».
Or selon le ministre démissionnaire le président lui a dit « plus d’une fois, expressément, qu’il voulait avoir une personne avec laquelle il aurait un contact personnel, qu’il pourrait appeler pour obtenir des rapports d’enquête (…). Ce n’est vraiment pas le rôle de la Police fédérale de donner ce type d’informations ».
En effet, Jair Bolsonaro est très préoccupé par les enquêtes ouvertes contre plusieurs membres de son entourage et notamment l’un de ses trois fils engagés en politique et formant sa garde rapprochée, le sénateur fédéral Flávio Bolsonaro, soupçonné de malversations financières lorsqu’il était député de Rio de Janeiro, le sanctuaire politique du clan familial.
Une semaine après le limogeage du ministre de la Santé du fait de ses profondes divergences avec le président sur la lutte contre la pandémie de Covid-19 qui frappe le Brésil de plein fouet mais qui a été constamment minorée par Jair Bolsonaro, la démission de Sérgio Moro est un coup dur et assombrit l’horizon du chef de l’Etat brésilien, de plus en plus isolé politiquement même s’il conserve le soutien d’environ un tiers de la population.
2 commentaires
Le Brésil, ces Etats Unis des pauvres.
Le genocide des pauvres voulu par Bolsonaro risque de (va) nous impacter sérieusement .
A ce jour + de 50 000 cas ( à multiplier par 15)
Il faut la légion sur le fleuve.
Il faut expulser les Gariemperos ( la logistique ne cessera pas) qqs années en arrière, le risque sanitaire du à la recrudescence du palu était jugé « invocable » pour le faire.
Et bien profitons du Covid, c’est vital.