Chef du régime communiste depuis 2006, Raúl Castro âgé de 86 ans a transmis aujourd’hui l’essentiel de ses pouvoirs à Miguel Díaz-Canel, 58 ans, jusqu’alors vice-président. C’est un tournant historique pour Cuba, un changement de génération à la tête d’un pays gouverné soixante ans durant par les frères Castro.
Présent aux côtés de son aîné Fidel Castro dès les débuts du mouvement de guérilla parvenu au pouvoir à Cuba en 1959, Raúl a ensuite été le numéro deux du Líder Máximo qui a dirigé le régime révolutionnaire communiste d’une main de fer pendant près d’un demi-siècle.
Militaire de carrière et homme de l’ombre, Raúl Castro a joué un rôle essentiel en tant que chef de l’armée et chef des services de renseignements cubains, avant de prendre lui-même la tête du régime communiste en 2006 lorsque Fidel a dû se retirer pour raisons médicales – il est mort en 2016 à l’âge de 90 ans.
Président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres à partir de 2008 après un intérim de deux ans, puis également secrétaire général du Parti communiste cubain détenant le monopole du pouvoir, Raúl Castro a conduit une politique de réformes limitées visant à « actualiser » le système cubain en suivant les exemples chinois ou vietnamien.
Alors qu’en dépit d’un certain assouplissement le régime politique autoritaire a été maintenu, ces réformes ont conduit à une libéralisation progressive de l’économie et à une ouverture internationale marquée en particulier par le dégel des relations avec les Etats-Unis dirigés par Barack Obama jusqu’en 2016.
Après deux mandats de cinq ans – une limite qu’il lui-même instaurée – comme chef de l’Etat et du gouvernement, Raúl Castro a transmis cette double fonction ce jeudi 19 avril 2018 à Miguel Díaz-Canel (photo de Une), au terme d’une transition minutieusement préparée dans le but de maintenir la stabilité du régime cubain.
Raúl Castro va néanmoins conserver un rôle important car avant de le transmettre à son dauphin en 2021 il gardera le poste stratégique de premier secrétaire du Parti communiste, qui reste le seul autorisé et que la Constitution cubaine définit comme « l’instance suprême de direction de la société et de l’Etat ».
Raúl Castro devrait donc accompagner et soutenir les premiers pas à la tête du pays de Miguel Díaz-Canel, apparatchik de trente ans son cadet – il fêtera son 58e anniversaire demain – qui était jusqu’alors son numéro deux en tant que premier vice-président du Conseil d’Etat et du Conseil des ministres.
Ingénieur de formation, homme de l’ombre comme son mentor, Miguel Díaz-Canel est un pur produit de la nomenklatura castriste qui a gravi tous les échelons du système, à échelle régionale d’abord puis au sein du gouvernement où il s’est occupé de l’Education avant d’accéder à la vice-présidence du pays en 2013.
Toutefois, n’ayant pas la légitimité de la « génération historique » qui passe aujourd’hui le relais, le technocrate Miguel Díaz-Canel devra asseoir son autorité vis-à-vis de la vieille garde orthodoxe du Parti communiste cubain encore très influente, afin d’assurer la continuité des réformes engagées depuis une décennie.
Après avoir été investi ce matin dans ses nouvelles fonctions de chef de l’Etat et du gouvernement par l’Assemblée Nationale du Pouvoir Populaire avec 99,83 % des suffrages, Miguel Díaz-Canel a prononcé le premier discours officiel de son mandat de cinq ans renouvelable une fois.
Il a affirmé une double fidélité, à « l’héritage de Fidel Castro, leader historique de la Révolution cubaine », mais aussi « à l’exemple, au courage et aux enseignements de Raúl Castro, leader actuel du processus révolutionnaire », qui a-t-il ajouté « supervisera les décisions les plus importantes pour le présent et l’avenir de la nation ».
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